Alors que Wall Street et les démocrates tentent de se rassurer avec des signes de stabilisation, la situation au Proche-Orient s’envenime dangereusement.
Wall Street a tenté de se rassurer vendredi avec la remontée de +1% du S&P 500 et du NASDAQ, tout comme les démocrates tentent de se rassurer avec la remontée de Kamala Harris dans les sondages en l’espace de quatre jours.
Il est vrai que l’écart avec Donald Trump se resserre depuis son investiture officielle et le soutien unanime reçu de la part de son camp – y compris de celles et ceux que les médias présentaient comme des rivaux potentiels lors de la convention démocrate qui débute dans trois semaines, le 18 août pour être précis.
Mais les jeux sont-ils faits, parce que les démocrates n’ont pas réellement de têtes d’affiche qui fassent le poids ?
Est-ce que le double argument de la jeunesse – et son penchant pour le progressisme à la sauce « woke » – et ses origines indiennes, un gage d’inclusivité adressé aux personnes « racisées », qui sont censées détester un Trump obsédé par la fermeture des frontières, va suffire à convaincre l’électorat indécis ?
La dette américaine va passer le cap des 35 000 Mds$ avant le 5 novembre : comment Kamala va-t-elle rassurer les créanciers de l’Amérique ? Peut-être en augmentant les taxes et impôts, comme cela est désormais exigé de la France (la procédure pour déficit excessif est officiellement déclenchée) ?
Une guerre totale se dessine avec le Liban. La standing ovation reçue par Netanyahu au Congrès US le 25 juillet a valeur de carte blanche pour déclencher les hostilités avec toute la puissance de feu disponible au cours des jours qui viennent.
Tsahal pensait tenir le bon prétexte avec le « tir d’une roquette du Hezbollah », qui aurait tué une douzaine d’enfants israéliens ce samedi 24 juillet. Mais très vite, il s’est avéré qu’il s’agissait d’enfant Druzes – ce qui ne retire rien à cette tragédie – d’un village du Golan, Madjal Shams, une zone située à la frontière syrienne, occupée par Israël.
Puis de petits doutes sur l’origine du projectile meurtrier ont commencé à émerger : ils devraient être rapidement dissipés par l’étude des débris et la nature des explosifs qu’ils contenaient.
S’il s’avère que c’est un missile d’interception du Dôme de Fer qui aurait raté sa cible (réalité ou contre-propagande ?), l’affaire sera embarrassante, car la plupart des médias israéliens et occidentaux ont déjà condamné « un acte de barbarie épouvantable du Hezbollah, qui appelle une riposte massive et impitoyable ».
Si la responsabilité du Hezbollah est confirmée, les opinions publiques occidentales – et notamment américaine – étant chauffées à blanc, il y aura bien une riposte massive et impitoyable : l’inverse serait jugé incompréhensible.
Ce sera donc le début d’une nouvelle guerre entre Israël et le Liban, sur fond de menaces de Téhéran de s’impliquer dans ce conflit, ce qui amènerait une riposte conjointe de Tel-Aviv et Washington, synonyme d’une escalade internationale, l’Iran étant des principaux fournisseurs de pétrole de Pékin.
Certes, Joe Biden occupe toujours officiellement le bureau ovale, mais les médias ne manqueront pas de demander à Kamala Harris si elle compte soutenir sans réserve des frappes contre l’Iran, s’alignant ainsi sur la position de Donald Trump qui ne fait pas mystère depuis son premier mandat de sa volonté d’éradiquer le régime des Mollah, les Gardiens de la Révolution, et bien sûr l’organisation terroriste dénommée Hezbollah.
Et c’est là une des faiblesses de Kamala Harris : elle n’a jamais eu l’occasion de s’impliquer dans un dossier géopolitique complexe et se réjouissait tout récemment « que les Etats-Unis ne sont en guerre contre personne depuis quatre ans ».
Il semblerait qu’elle n’ait pas bien saisi que le conflit russo-ukrainienne est une guerre par procuration entre Washington et Moscou, qui met l’Europe à genoux côté coûts énergétiques, et fait la fortune des producteurs de GNL américains, ainsi que du complexe-militaro industriel US.
Or Kamala Harris – elle n’en fait pas mystère – n’aime ni les producteurs d’énergie carbonée, ni les marchands d’armes, de petit ou de gros calibre.
Il va falloir qu’elle clarifie ses positions et mette de l’eau dans son vin, pour ne pas s’aliéner ces puissants lobbies. Elle risque de devoir faire un sacré grand écart par rapport à ses déclarations en tant que vice-présidente, et aura du mal à apparaître « cohérente », ce qui constitue un problème récurrent au fil des ans et des décennies.
En effet, elle s’est déjà vu reprocher sa gestion, en tant que procureur général, des primo-délinquants, via une réinsertion par le travail, ce qui semble une excellente idée (sur le fond, pas de problème). Mais sur la forme, l’efficacité du programme dans la durée n’a pas été mesurée. Des délinquants ayant commis des délits mineurs ont été maintenus en détention plus longtemps qu’il ne paraissait nécessaire, selon nombre de spécialistes du droit. Ne s’agissait-il pas de fournir une main d’œuvre quasi gratuite à des entreprises et des collectivités locales californiennes (qui deviendront de fervents supporters) ?
Ses détracteurs lui reprochent également l’abandon jugé cette fois prématuré (dès 2011) des poursuites engagées pour fraude hypothécaire contre les banques mouillées jusqu’au cou lors du scandale des subprime.
Elle passera des accords jugés plutôt favorables aux banques Wells Fargo, JPMorgan Chase et Bank of America, dans une procédure d’effacement de dettes et d’annulation des procédures de saisies (foreclosures) des propriétaires particuliers de l’Etat de Californie.
Mais surtout, elle renoncera à poursuivre Steven Mnuchin, ex-directeur général de la banque OneWest pour fraude, ce qui lui permettra de devenir le secrétaire au Trésor des Etats-Unis au sein de l’administration Trump.
L’électorat conservateur sera attentif à la résurgence d’un passé plus lointain, qui remonte aux années 1994/1996 : il s’agit de sa liaison avec Willie Brown, considéré comme un « faiseur de rois » en Californie et futur maire de San Francisco (en 1996).
Il reconnaît une liaison de deux ans avec Kamala, de 30 ans sa cadette, et reconnaît volontiers avoir aidé au décollage de sa carrière politique… tout comme celles de Nancy Pelosi (ex-patronne du groupe démocrate au Congrès) et Gavin Newsom (l’actuel gouverneur de Californie).
En France, les coucheries entre les politiques, puis avec les journalistes, n’émeuvent personne. Mais aux Etats-Unis, les conflits d’intérêt et les « promotions canapé » sont mal vues.
En revanche, les guerres impériales – si elles sont bien vendues par les médias – passent bien auprès de l’opinion américaine dans un premier temps… avant d’être contestées quand elle réalise que c’était militairement sans issue (mais juste très bon pour les services de renseignement, les fournisseurs de mercenaires et les marchands de canons).
Kamala Harris va-t-elle s’improviser « chef de guerre », et convaincre les électeurs en expliquant que, comme pour l’Irak et l’Afghanistan, elle mènera la « démocratie à la victoire » ?
Tandis que les arsenaux se remplissent, que le renseignement électronique fait chauffer à blanc les serveurs, les jeux olympiques occultent complètement l’intensification des hostilités le long de la frontière libanaise. Quelques pays invitent leurs ressortissants à quitter le Liban immédiatement (USA, Canada, Suède, Norvège, Suède, Belgique, Arabie Saoudite…).
Et le Quai d’Orsay appelle les Français à quitter non seulement le Liban, mais également Israël et la Palestine.
Nos pensées à tous les civils de tous pays et de toutes origines qui risquent d’être impactés tout prochainement dans la région.