La Chronique Agora

Les effets de la démondialisation (2/2)

mondialisation, profit, inflation

La question du profit revient très vite au centre des préoccupations, quand il n’est plus possible d’importer des produits à bas coût des pays du Sud…

Vendredi, nous avons commencé à parler de démondialisation.

La mondialisation et ses délocalisations ont été encouragées pour réduire les coûts et singulièrement les coûts de main-d’œuvre par le biais de l’arbitrage international du travail.

La mondialisation a permis l’échange inégal avec transfert de valeur non payée des pays du sud vers les pays du nord, et une exploitation moyenne des salariés accrue. La démondialisation produit l’effet inverse, ce qui explique le nouvel état du marché du travail en Occident, l’arbitrage international du travail qui faisait baisser sa valeur ne produit plus ses effets. Les profits ne sont plus suffisamment boostés par l’exploitation des pays du Sud.

Vous remarquerez que le besoin de guerre du système se retrouve ici sous une autre forme. La réduction des effets de la mondialisation qui est en cours, en aggravant la lutte pour le profit, attise les antagonismes internes et externes et rend la guerre de plus en plus salutaire.

Ce que l’on réalisait par les échanges pacifiques va être réalisé par la violence et le pillage des pays du Sud. Ou par les destructions dans les pays du Nord comme l’Allemagne. D’où la guerre de l’Occident pour mettre la main sur les richesses de la Russie, en tuant l’Allemagne au passage.

Retour en arrière

Dans une étude publiée en avril dernier, Bill Jefferies soutient que, contrairement à la plupart des autres études sur le taux de profit américain, ce taux a augmenté depuis au moins les années 1990 et en particulier après l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce en 2002.

La mondialisation a été l’un des moyens pour le néolibéralisme de tenter de s’opposer à la tendance, à la chute des ratios de profit du capital. On a mis en exploitation capitaliste des régions qui jusqu’alors étaient en exploitation précapitaliste. C’est l’extension du système, le déplacement de sa frontière, qui a permis de contrecarrer la chute de la profitabilité.

Le retour en arrière, les freins aux échanges, le frottement économique, les barrières, tout cela réduit l’efficacité et produit la hausse des coûts.

En somme, une pensée économique efficace, non idéologique devrait s’attacher à évaluer le vrai coût des phénomènes en cours, ce vrai coût étant la baisse de profitabilité du capital mondial. Baisse qui conduit à l’exaspération des tensions et à la guerre.

Revenons sur les déclarations de la directrice du FMI. Celle-ci veut nous faire croire que le système mondial est socialiste, c’est-à-dire que c’est un système de production pour la satisfaction des besoins, alors que c’est un système de production pour le profit.

Cependant, dans son intervention, pas un mot sur l’essentiel, la question du profit :

« ‘Ce que j’espère voir, ce sont des inversions dans les blocages politiques envers la Chine et le monde’, a déclaré Kristalina Georgieva à Stephen Engle de Bloomberg Television dans une interview à Bangkok samedi. ‘Le monde va perdre 1,5% de son produit intérieur brut simplement à cause d’une division qui pourrait nous diviser en deux blocs commerciaux. C’est 1 400 Mds$.’

Pour l’Asie, la perte potentielle pourrait être deux fois plus importante, soit plus de 3% du PIB, car la région est plus intégrée dans la chaîne de valeur mondiale, a déclaré Georgieva en marge de la réunion des dirigeants économiques de la Coopération économique Asie-Pacifique cette semaine.

Bien que cela constituerait un préjudice important pour l’économie mondiale, le principal facteur qui nuit à la croissance mondiale reste la guerre en Ukraine, a déclaré Georgieva. ‘Le facteur le plus dommageable pour l’économie mondiale est la guerre’, a-t-elle déclaré. ‘Plus tôt la guerre se terminera, mieux ce sera.’

Le FMI a également averti que l’inflation frappe le plus durement les pays en développement, exhortant les banquiers centraux à poursuivre leur lutte pour freiner la croissance des prix et apporter un certain soulagement, en particulier au niveau des prix des denrées alimentaires.

L’appréciation du dollar à deux chiffres jusqu’à présent cette année continue de causer des maux de tête dans les marchés émergents alors que les investisseurs affluent vers des valeurs refuges au milieu de signes indiquant qu’une grande partie de l’économie mondiale pourrait se diriger vers la récession.

Georgieva a déclaré que les pays asiatiques doivent travailler ensemble pour surmonter la fragmentation afin de soutenir la croissance, en particulier à la lumière de la multitude d’autres chocs économiques de Covid-19, de la guerre en Ukraine et de la hausse du coût de la vie. »

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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