A quoi s’attendre pour l’économie américaine dans les mois qui viennent, suite à une année agitée et alors que l’épidémie de coronavirus continue d’y faire des ravages ?
La croissance ou le déclin de l’économie résultent de facteurs plus vastes qu’un gouvernement ou qu’un train de mesures, quels qu’ils soient.
Certes, des mesures spécifiques telles que des changements de fiscalité ou des initiatives réglementaires peuvent favoriser ou pénaliser l’économie, en fonction de la manière dont ils sont conçus mais, en général, cela ne change pas la dynamique macro-économique.
Une augmentation des impôts peut représenter un obstacle à la croissance, mais elle ne va pas stopper net une économie robuste. De même, une baisse des impôts, ou des indemnités de chômage relevées, peuvent relancer une économie qui est en difficulté, mais elles ne peuvent stopper, à elles seules, une récession.
La croissance et la récession sont motivées par des événements plus vastes tels que la démographie, la mondialisation, la guerre, l’inflation, la déflation et, certes, les pandémies.
Les grands changements en matière fiscale ou monétaire sont les seules politiques pouvant avoir ou non un impact significatif. En conservant cela à l’esprit, examinons vers où s’oriente l’économie, à l’heure actuelle, et si toute proposition de changement de politique fiscale ou monétaire pourrait modifier cette tendance.
Voyons cela…
La récession est terminée mais…
La récession qui a débuté en février 2020 aux Etats-Unis s’est très probablement achevée en juillet.
Il n’y a pas eu de déclaration officielle dans ce sens émanant du National Bureau of Economic Research (NBER), institution privée mais généralement considérée comme l’arbitre des cycles économiques. Cependant, considérant que la croissance du PIB du 3ème trimestre est estimée à 33,1%, il est presque certain que la récession est terminée.
Or cette dernière est peut-être terminée, mais pas la nouvelle dépression. En fait, l’économie devrait s’orienter vers une nouvelle récession technique, en ce moment ; ce serait donc la première récession en double creux enregistrée depuis 1980-1981, période où une deuxième récession s’est amorcée (en juillet 1981) presque un an, exactement, après la fin de la précédente (en juillet 1980).
Voici la liste des taux affichés en 2020 :
- Au 1er trimestre 2020, le taux de croissance annualisée a été de -5%.
- Au 2ème trimestre 2020, il a été de -31,4%.
- Au 3ème trimestre 2020, la croissance a été de 33,1%.
Nous n’aurons pas les chiffres officiels concernant la croissance du 4ème trimestre 2020 avant fin janvier 2021, mais les meilleures estimations tablent désormais sur une croissance d’environ 7%.
Les chiffres de croissance négative et positive des 2ème et 3ème trimestres sont les plus élevés, en termes de déclin et de croissance, jamais enregistrés au cours de l’histoire des Etats-Unis. Et il y a un problème : même si la croissance du 3ème trimestre a été impressionnante, elle partait d’un niveau très bas, à la suite de la chute du 2ème trimestre.
Les pires chiffres depuis 1946
Cette hausse de 31,1% doit s’appliquer à une base qui ne se situait qu’à 65% du niveau de rendement de 2019, en raison des chutes enregistrées aux 1er et 2ème trimestres.
Cette hausse du 3ème trimestre ramènerait le rendement à 87% de ce niveau, et une hausse supplémentaire de 5% au 4ème trimestre ramènerait la croissance du PIB à 93% de son niveau de 2019.
Sur la totalité de l’année 2020, cela donne tout de même une baisse de 7% du PIB, la pire jamais enregistré depuis 1946, période où la croissance avait chuté de 11,6% en raison de la démobilisation suivant la Deuxième guerre mondiale. Au cours de la pire année de la Grande dépression (1932), la croissance a chuté de 12,9%.
L’année 2020 marquera une chute historique et traumatisante de la croissance, d’un genre uniquement constaté dans le contexte d’une dépression ou d’une guerre. C’est une nouvelle Grande dépression.
Quelles sont les perspectives pour 2021 ?
Comme indiqué ci-dessus, une nouvelle récession devrait surgir au 1er trimestre 2021, aux Etats-Unis.
Pourquoi ? Parce que les gouverneurs des plus grands Etats vont instaurer de nouvelles obligations de confinement.
Les investisseurs sont peut-être réconfortés par les nouveaux plus hauts enregistrés sur le marché actions, mais les indices boursiers sont pondérés des capitalisations ou formatés en faveur d’un petit nombre d’entreprises technologiques ou du numérique : Amazon, Apple, Netflix, Microsoft, Facebook, Alphabet (Google) et quelques autres.
Ces sociétés ont été les moins touchées par la pandémie et ne sont pas représentatives de l’ensemble de l’économie américaine.
Plus de 45% du PIB et 50% des emplois sont générés par les PME. Il s’agit notamment des restaurants, bars, salons de coiffure et de beauté, salles de sport, pressings, petites boutiques et petits producteurs, parmi tant d’autres. Et c’est le secteur de l’économie qui est le plus frappé par les confinements et en train d’être détruit.
Beaucoup de fermetures ne sont plus temporaires mais permanentes, dans un contexte où les entreprises font faillite, les équipements sont bradés, les emplois perdus ne seront pas recréés, les contrats de location sont résiliés, et les vitrines vides deviennent un signe des temps.
On le constate partout, de la 5ème avenue de New York à n’importe quelle petite ville du Midwest.
A suivre…