La Chronique Agora

Dollar fort : un mauvais signe pour le système

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Quand la Fed intervient pour réduire l’inflation avec des hausses de taux, elle provoque une cascade de conséquences, dont la hausse du dollar et de nombreux dysfonctionnements sur les marchés.

Cette année, le dollar américain est redevenu la devise la plus forte du monde. Il atteint des records contre le yen, l’euro, la livre et atteint des sommets plus vus depuis 2007 contre le renminbi.

Pourquoi le dollar est-il si fort, alors que l’économie américaine entre en récession, que les marchés actions chutent, et que le gouvernement a accumulé 31 000 Mds$ de dettes ?

La clé de l’énigme est la hausse des taux pratiquée par la Réserve fédérale, qui est bien plus élevée que ce qu’anticipaient les investisseurs il y a quelques mois. C’est une vraie surprise. La Fed a mis en place une nouvelle hausse de 75 points de base à sa dernière réunion, portant les taux d’intérêt à plus de 3%, et d’autres hausses sont probables, dès la semaine prochaine, à la mi-décembre, puis début 2023.

Il en découle une cascade de conséquences pour les actions, les ressources naturelles, les marchés des changes et les marchés obligataires. Tout est lié.

Un marché obligataire dysfonctionnel

Il y a un mois, vous pouviez lire dans le Financial Times :

« La facilité avec laquelle les traders peuvent mener leurs transactions sur le marché des bons du Trésor a diminué, et a atteint le niveau du début de la pandémie, en mars 2020. […] Les écarts de prix entre les ordres d’achat et de vente se sont creusés, et de gros mouvements de prix – d’une ampleur inimaginable il y a seulement un an – sont devenus monnaie courante. »

Le marché des bons du Trésor américains représente 24 000 Mds$. C’est le socle du système financier mondial. Les bons du Trésor sont considérés comme l’actif le plus liquide et le plus sûr du monde. C’est aussi la principale source de financement des déficits américains. Ce marché doit être bien huilé. Dans le cas contraire, tout le système financier craque de façon chaotique.

La seule autre fois où nous avons constaté un craquement sur le marché des bons du Trésor, c’était aux premiers jours de la pandémie. A cette occasion, la Réserve fédérale a été capable de rétablir l’ordre. Mais cela a requis l’intervention d’une banque centrale la plus importante et la plus rapide de l’Histoire.

Aujourd’hui, ce dysfonctionnement est réapparu.

Le marché des obligations d’entreprises montre également des signaux de détresse. Voici ce qu’en disait le Wall Street Journal en septembre :

« Les défauts sur ce qu’on appelle les prêts à effet de levier ont atteint 6 Mds$ en août, leur plus haut niveau depuis octobre 2020 […] Ce chiffre représente une fraction du marché tentaculaire des prêts qui a doublé en dix ans pour atteindre 1 500 Mds$. D’autres défauts vont survenir, indiquent les analystes… »

Dysfonctionnements et absence de liquidité sur le marché obligataire : c’est exactement ce que nos spécialistes s’attendent à voir, aux premières étapes d’une crise financière, et quelque chose que nous observons attentivement.

Un ouragan financier se rapproche de jour en jour. Pas encore de glissement de terrain, mais la pluie et les bourrasques deviennent de plus en plus fortes.

Le boulet de canon de la Fed

Nous pensons que la Réserve fédérale a tiré un boulet de canon sur la bulle des marchés d’actions qu’elle avait suscitée.

Pour broyer l’inflation des prix de la vie courante, la Fed souhaite augmenter les taux d’intérêt, ralentir l’économie, créer du chômage et dégonfler la plus grande bulle de tous les temps.

Nous imaginions difficilement voir la Fed augmenter ses taux et réduire son bilan. Mais, maintenant que nous y sommes, nous pensons que des centaines de milliers d’entreprises surendettées sont sur le point de disparaître. Des millions d’employés vont perdre leur travail, rien qu’aux Etats-Unis.

Notre théorie concernant les marchés d’actions se résume par « l’inflation ou la mort ».

Par inflation, nous ne parlons pas des prix mais du gonflement de la masse monétaire. L’économie est saturée de tant de mauvais investissements et de dettes improductives que – sauf si la Fed continue à gonfler la masse monétaire – tout le système implose.

Il va y avoir une panique à Wall Street. De nombreuses banques et prêteurs vont s’effondrer. Le chaos se répandra en dehors des Etats-Unis vers les marchés des changes et des devises.

Si on ne sent pas encore le vent de panique à Wall Street, on constate déjà des premières secousses du côté du Credit Suisse ou de la Deutsche Bank, ainsi que des fonds de pension britanniques… Les difficultés rencontrées par ces organismes proviennent de la hausse des taux de la Fed qui essaime vers l’ensemble du marché du crédit. Ceci provoque des interventions des banques centrales et une baisse des devises concernées, ce qui contribue à renforcer le dollar et aggraver le problème.


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