L’apparition de faillites en série pourrait faire passer la dévaluation de toutes les grandes devises à la vitesse supérieure.
Malgré la chute des cours des actions et des obligations, nous ne voyons jusqu’à présent ni faillites, ni banqueroutes.
Pourtant, quand vous coupez brutalement la plus grande région exportatrice du monde d’un système financier hyper-endetté, hyper-connecté et d’une économie hyper-financiarisée – ce qui se produit aujourd’hui avec la Russie – cela provoque des faillites. Et probablement une contagion de tout le système financier.
Certes, en gelant les réserves de la banque centrale russe et en coupant la Russie du système de règlement SWIFT, l’Occident pourrait provoquer un défaut technique [NDLR : ce qui s’est produit ce matin] ; mais, économiquement, la Russie – exportatrice et qui n’est endettée qu’à hauteur de 20% de son PIB – n’est pas en défaut. Nous pensons plutôt à des défauts dans le secteur privé.
Où sont les pertes ?
Pour le moment, à l’exception de Tsingshan, le méga producteur de nickel chinois qui, selon le Wall Street Journal, a perdu 8 Mds$ sur le London Metal Exchange, la Bourse des métaux de Londres, nous n’avons eu communication d’aucune perte sur les marchés financiers depuis les sanctions contre la Russie.
Le gestionnaire de fonds BlackRock – qui gère plus de 10 000 Mds$ – a investi 17 Mds$ en Russie. Leur fonds indiciel qui était valorisé 600 M$ fin 2021 vaut aujourd’hui moins de 1 M$. Son cours a chuté de 99,8% cette année.
Selon une estimation (diffusée par Reuters), l’Occident détient 400 Mds$ d’actifs qui parient sur entreprises ou le gouvernement russes. C’est une estimation que notre expert Tom Dyson juge faible ; mais notre système financier fragile peut-il déjà absorber un choc de 400 Mds$ sans faillites ?
Nous ne le pensons pas. Nous pensons que faillites et banqueroutes sont à venir. Nous pensons que nous sommes à l’orée d’un grand marché baissier et d’une récession. Ajoutons que nous estimons que ce marché baissier sera bien pire que ce à quoi la plupart des investisseurs s’attendent. Ce sera plus qu’un simple recul regagné en une année ou presque.
Rappelons-nous que notre système économique ne marche que lorsque les marchés financiers sont calmes et qu’une bulle se gonfle. Dès que quelque chose commence à se dégonfler – ce qui nous arrive en ce moment – l’économie implose. « C’est l’inflation ou la mort », comme le résume régulièrement Bill Bonner.
Dès que quelque chose commence à se dégonfler, les traders commencent à paniquer. Les rumeurs circulent. Les appels de marge sont réclamés à ceux qui achètent des titres financiers à crédit. Les banques commencent à accumuler des dollars et à refuser de prêter.
Assez vite, un wagon déraille et nous assistons à ce qu’on appelle une contagion. Le système financier se gèle et cesse de fonctionner.
La Russie, par la voix de Poutine, a proposé à l’Europe de régler ses factures de pétrole et gaz en euro en juin 2021 :
« Nous sommes prêts à envisager la possibilité de règlements en monnaies nationales […]. L’euro est tout à fait acceptable pour nous pour les paiements de gaz. »
L’Europe a refusé pour ne pas déplaire à son allié américain, car cela aurait fragilisé le statut de monnaie de réserve du dollar.
C’est ainsi qu’aujourd’hui les Européens subissent une double punition : le gaz et le pétrole plus chers, mais encore plus, car l’euro s’est affaibli contre le dollar.
Le besoin de monnaie neutre et le rôle de l’or
Un système financier a besoin d’une monnaie neutre pour commercer entre les nations. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le monde a utilisé le dollar comme une monnaie neutre, même si ce n’en est pas réellement une puisque les Etats-Unis peuvent l’imprimer.
En confisquant les réserves souveraines de la Russie, l’Occident a dit « non seulement nous avons le privilège d’être capable de créer la monnaie que vous détenez en épargne, mais nous pouvons confisquer votre épargne si nous le voulons ».
Nous pensons que la dévaluation mondiale synchronisée commence, tandis que les cours de l’or explosent à la hausse dans presque toutes les devises. Il y a seulement trois endroits de la planète où l’or n’est pas à son plus haut historique : les Etats-Unis (et les pays qui ont rattaché leur monnaie au dollar), Israël et Taïwan.
La Réserve fédérale est attendue sur le front de l’inflation, pas pour empêcher des faillites.
Ici, en France, le pays attend toujours de rattraper les faillites qui n’ont pas eu lieu en 2020, et en 2021. Durant ces deux années, le nombre de faillites a été inférieur de moitié à la normale.
L’apparition de ces faillites pourrait faire passer cette dévaluation de toutes les grandes devises à la vitesse supérieure.
[NDLR : Retrouvez plus d’analyses sans concession – et des recommandations concrètes qui vous aideront à protéger votre épargne et votre niveau de vie : cliquez ici pour en savoir plus.]