Les fumerolles de l’ivresse de l’argent gratuit commenceraient-elles à se dissiper ? M. le Marché semble subitement perméable à la hausse des taux et au poids de la dette.
Les indices actions américains ont chuté, valeurs technologiques en tête.
Les obligations d’entreprises ont chuté également car là aussi, les taux se sont tendus, que ce soit les grandes entreprises bien notées (en rose sur ce graphique) ou les plus risquées (en bleu).
Le bon du Trésor à 10 ans a trouvé des acheteurs et le taux est passé de 3,25% à 3,15%.
Le bon du Trésor est toujours considéré comme une valeur refuge, même si les Etats-Unis sont criblés de dettes. Les Etats-Unis sont « trop gros pour faire faillite ».
Les matières premières se sont pris une claque sur le museau, pétrole et cuivre en tête.
Les cryptomonnaies restent encore abandonnées.
Mais l’or a repassé la barre des 1 200 $ l’once…
Politiques contracycliques à contrepied du bon sens
Dans l’économie d’autrefois – celle d’avant les banquiers centraux, les politiques monétaires, les politiques de relance, etc. – le marché de la dette fonctionnait de la façon suivante :
Chaque prêteur jaugeait l’emprunteur qui le sollicitait. Plus le prêteur estimait le risque élevé, plus il demandait un taux d’intérêt élevé. L’ensemble de ces informations donnait une indication sur le contexte général.
Lorsque les taux montaient à l’unisson, cela voulait dire que les risques de faillite augmentaient. Les entrepreneurs y regardaient alors à deux fois avant de se lancer, surtout qu’obtenir de l’argent devenait difficile. L’économie ralentissait jusqu’au moment où la perception du risque redevenait favorable et les affaires reprenaient.
Dans cette économie on considérait que la production rentable précédait la richesse et non pas que la consommation créait la richesse.
Mais au XXème siècle, tout a changé. Désormais, les économies sont pilotées par des grands planificateurs omniscients et les gouvernements appliquent des politiques dites contracycliques au vu d’agrégats économiques. L’économie cale ? On subventionne la consommation.
L’avènement du créditisme
Lorsque les risques montent, pour contrer le ralentissement de l’activité, les banquiers centraux baissent les taux directeurs – le prix de la création de crédit. Rappelons que depuis l’avènement du créditisme, l’argent d’un prêt est créé « à partir de rien » par les banques commerciales. Ensuite, les banquiers centraux essaient de monter à nouveau les taux lorsqu’ils pensent, au vu des agrégats économiques, que tout est rentré dans l’ordre. Ce faisant, ils déclenchent une crise boursière, financière et bancaire.
De baisse de taux en baisse de taux, de relance en relance, une montagne de dette s’est formée ; les zombies qui survivent en raison de taux d’intérêt falsifiés pompent le sang de l’économie saine.
Mais il y a deux choses qu’un banquier central ou un gouvernement ne peut créer :
- Des contribuables solvables
- Du temps
Bill Bonner proposait un calcul des dettes en temps. Ceci permet d’envisager les choses en gommant le maquillage économique obtenu par des taux d’intérêt factices.
Combien de temps allez-vous être esclaves de la dette ?
Prenons la dette publique, par exemple.
Supposons qu’il faille la rembourser.
La charge du remboursement est évidemment du ressort des contribuables solvables, ceux qui travaillent. Laissons les enfants et les vieillards de côté.
Aujourd’hui, en France, nous devrions consacrer 2,2 années de travail à temps plein pour rembourser la dette. Autrement dit 26 mois d’esclavage durant lesquels nous serions totalement dépouillés des fruits de notre travail.
En fait, c’est bien plus. Car nous travaillons déjà pour l’Etat jusqu’au mois de juillet de chaque année — le fameux mois de libération fiscale (n’oubliez pas au passage que vos impôts aussi servent à rembourser les engagements de l’Etat — la charge de la dette, c’est-à-dire les intérêts). Il ne nous reste donc que moins de six mois par an de libre.
Voici quelle est la situation des esclaves de la dette de quelques pays d’Europe :
Institut Molinari pour le jour de libération fiscale
Les Allemands ne doivent qu’un an d’esclavage. Nous ne sommes pas très loin des Espagnols. Les Italiens et les Portugais ont des durées d’esclavage presque équivalentes. En revanche, on voit combien les discours selon lesquels les Grecs sont sortis d’affaires sont ineptes.
Evidemment, les esclaves de la dette se révolteront un jour et il faudra bien affranchir tout le monde. Ce serra le jour J du jubilé. Ce jour là, les débiteurs, ceux qui doivent quelque chose, seront gagnants mais les créditeurs, ceux qui ont quelque chose, seront perdants.
Ce n’est pas parce que le crédit est fabriqué à partir de rien et que les banquiers centraux décrètent les taux que l’argent est gratuit…