Les taux montent au plus mauvais moment, car le besoin d’emprunt des Etats-Unis augmente. Comme prévu, les baisses d’impôt ne s’auto-financent pas.
Les marchés souffrent ; ils grimpent, ils baissent, le tout dans la même journée. Que se passe-t-il ? Pourquoi autant de volatilité ? Que va-t-il arriver ensuite ?
Les gens ont besoin d’une explication. Le travail des médias, c’est de leur en donner une — et plus elle est simple, mieux c’est.
Les présentateurs ont donc cherché une cause aux turbulences boursières. Trop de barrières commerciales, a dit l’un d’entre eux. La violence aux Etats-Unis, a dit un autre. Trump, a affirmé un analyste. La Fed, a rétorqué un économiste.
Aucune de ces explications n’est terriblement exigeante. En fait, toutes permettent au téléspectateur de blâmer d’autres qu’eux, ce qui est le but de tous les médias modernes et discussions politiques.
Les commentateurs auraient aussi bien pu offrir cette explication :
« Parce que vous vous êtes conduits comme des idiots… à trop dépenser… trop emprunter… et croire toutes ces sottises ridicules que nous vous servons depuis 30 ans ».
Notre travail, à la Chronique, n’est pas de blâmer qui que ce soit mais simplement de tenter de comprendre ce qui se passe. Jour après jour, les médias nous apportent plus de sottises. Nous avons du mal à suivre le rythme !
Mais nous persistons…
Des devins autoproclamés en taux d’intérêt
Parmi les propositions les plus tapageuses qu’on nous ait faites ces 30 dernières années (et plus), il y a l’idée que la bande disparate d’universitaires, de banquiers et de politicards qui composent le FOMC sont plus aptes à sélectionner le taux court approprié que les acheteurs et les vendeurs de crédit eux-mêmes.
Pour autant que nous en sachions, les membres du FOMC ne marchent pas sur l’eau. Et aucun d’entre eux n’a accompli de miracle.
On pense pourtant qu’ils sont capables de deviner le taux d’intérêt exact — à la deuxième décimale près — nécessaire à la plus grande économie au monde.
Si c’était une question purement théorique, personne n’ayant toute sa tête n’y croirait. Et toutes les expériences en matière de fixation des prix (au lieu de laisser le marché les découvrir librement) se sont soldées par des échecs.
Mais cela ne semble pas empêcher qui que ce soit — y compris le président des Etats-Unis — d’avoir un avis et de conseiller à la Fed de « resserrer » ou « assouplir », selon les circonstances.
Personne n’a d’objection contre l’argent facile, de sorte que la Fed a généralement assoupli sa politique — permettant aux taux de rester trop bas pendant trop longtemps (Erreur n°1) — ces trois dernières décennies.
Ensuite, craignant que les choses n’échappent à tout contrôle, elle resserre — augmentant les taux (Erreur n°2) pour tenter de revenir à la normale.
Cela provoque une baisse des marchés et une récession — tout comme en 1990, 2001 et 2007 –, menant à une panique (Erreur n°3) suite à laquelle les taux sont à nouveau baissés, ce qui se transforme inévitablement en Erreur n°1… puis Erreur n°2… et ainsi de suite.
Pour vous tenir au courant, la Fed commet désormais l’Erreur n°2… mais si timidement qu’on s’en rendrait à peine compte.
Tout de même, à mesure que les taux grimpent, petit à petit, on peut voir que le marché boursier se prépare à s’effondrer… l’économie à rendre l’âme… et les gouverneurs de la Fed parcourent désormais leurs dossiers pour retrouver leurs notes sur comment faire une nouvelle fois l’Erreur n°3.
Des déficits galopants
Cette semaine a été publié un rapport qui est passé relativement inaperçu, dans lequel le Trésor US admettait que le déficit budgétaire avait pris le mors aux dents. Les autorités américaines empruntent désormais au rythme de 1 600 Mds$ par an et prévoient un déficit de 1 300 Mds$ l’an prochain — à peu près le double du déficit dont a hérité l’équipe Trump de la précédente administration.
Vous pouvez relier les points vous-même : le déficit ira en s’approfondissant, non l’inverse.
D’abord, la population vieillit. Les budgets de Medicare, Medicaid, de la Sécurité sociale et autres éléments « non-discrétionnaires » augmentent. Ces dépenses proviennent d’avantages accordés par les autorités, et qui sont illimités.
Les dépenses militaires augmentent elles aussi. C’est un élément discrétionnaire, pour le coup, mais sur lequel le Congrès n’a en réalité aucun contrôle puisque c’est l’aile militaire/sécurité/surveillance du Deep State qui tient les rênes.
[NDLR : C’est le Deep State qui est aux commandes… mais c’est vous qui pourriez en profiter, grâce à un initié du système : pour recevoir ses conseils, cliquez ici.]
Défendre la nation pourrait être très bon marché, puisque les Etats-Unis n’ont pas d’ennemis compétents ou motivés ; cela pourrait être fait pour, disons, un quart du budget actuel de 700 Mds$.
La Russie, l’ennemi juré des Etats-Unis, ne dépense que 60 Mds$ par an pour son armée, par exemple. Apparemment, cela suffit à empêcher les Chinois ou les Polonais d’envahir le pays.
Mais si la défense nationale est bon marché, un empire coûte cher — environ 1 000 Mds$ par an, dans l’ensemble.
Et qu’obtiennent les États-Unis en l’échange ? Eh bien, si un passereau tombe à terre quelque part dans l’univers connu, ce seront leurs guerriers qui l’auront abattu !
Une politique monétaire extraordinaire
Après près de 10 ans de politique monétaire extraordinaire — et 36 ans de chute des taux d’intérêt — le cycle du crédit a semblé se retourner en juillet 2016.
Depuis, les rendements grimpent. La Fed ne rachète plus de dette ; elle en vend. Les taux d’intérêt montent depuis juillet 2016, les taux immobiliers dépassent désormais les 5% — et vont probablement continuer à grimper.
Cette hausse des taux d’intérêts survient à un moment très inopportun — alors même que les besoins de crédit explosent.
La baisse d’impôts de M. Trump n’a pas fait ce qu’on attendait d’elle — ou du moins pas encore. Au lieu de « s’auto-financer », les finances de la nation se détériorent… et les déficits grimpent en flèche.
En fin de compte, c’est le secteur privé qui doit financer toutes les dépenses gouvernementales, y compris les déficits. Mais la production réelle actuelle du secteur privé — déduction faite des stocks et des phénomènes commerciaux ponctuels — est en fait en baisse.
Quant au marché haussier des actions et à l’expansion économique, ils battent des records.
Les marchés et les économies suivent des cycles — d’abord la hausse, puis la baisse. Même si les conditions étaient parfaites, nous nous attendrions à un cycle de baisse.
Voilà les points que nous observons. Qu’en déduisons-nous ? Voyez-vous la même chose que nous ?