La Chronique Agora

La déroute bancaire

CDS

La dette totale des Etats-Unis s’élève désormais à 33 513 milliards de dollars… Jusqu’où peut-elle aller ?

La situation financière américaine, la situation du marché des actifs financiers, la situation des banques, et la situation du shadow banking sont insupportables… et il n’y aura pas d’amélioration si les taux longs continuent de monter et ne rebaissent pas rapidement.

4 octobre – Bloomberg :

« Les pertes sur les bons du Trésor à plus long terme commencent à rivaliser avec certains des effondrements de marché les plus notoires de l’histoire des Etats-Unis. Les obligations à échéance dans 10 ans ou plus ont chuté de 46% depuis leur sommet de mars 2020… C’est juste en dessous de la chute de 49% des actions américaines à la suite de l’effondrement des sociétés Internet au tournant du siècle. La déroute des obligations à 30 ans a été encore pire, avec une chute de 53%, se rapprochant de la chute de 57% des actions au plus profond de la crise financière. »

La crise souterraine se répand, elle est contagieuse sectoriellement et géographiquement.

4 octobre – Financial Times :

« La banque centrale du Japon a procédé mercredi à des achats imprévus de dette publique alors que les rendements des obligations de référence atteignaient leur plus haut niveau depuis une décennie, tandis que la liquidation des marchés mondiaux se poursuivait également, pour conduire les rendements du Trésor américain à leur plus haut niveau depuis 16 ans. La Banque du Japon a proposé d’acheter pour 675 milliards de yens d’obligations d’État japonaises… L’offre de la BoJ faisait partie d’un total de 1,9 milliard de yens (12,7 milliards de dollars) d’achats de JGB sur diverses échéances mercredi. La partie non programmée de l’offre a largement dépassé les attentes du marché, ont déclaré les commerçants. »

Les indicateurs de stress sur le secteur bancaire mondial se multiplient, on flashe au rouge sur les CDS, les credit default swaps.

Les prix des CDS bancaires mondiaux confirment également une « aversion au risque » croissante : les CDS de Goldman Sachs ont bondi de 10 points de base pour atteindre un plus haut de cinq mois à 104 points de base, Bank of America de huit à un plus haut de quatre mois de 104 points de base, Citigroup de cinq points de base à un plus haut de cinq mois de 92 points de base, et JPMorgan de quatre à un plus haut de quatre mois de 69 points de base…

Les banques européennes sont en tête du classement mondial de la semaine. Les CDS du Credit Suisse ont bondi de 11 points de base (83 points de base), Dexia CDS 10 (110 points de base) et Banco Santander 10 CDS (110 points de base). L’indice CDS de la dette bancaire (subordonnée) européenne s’est échangé jusqu’à un plus haut de cinq mois à 196 points de base vendredi, avant de s’inverser brusquement pour clôturer la semaine à 182 points de base.

La baisse des taux, un impératif systémique

La Fed doit rapidement provoquer un arrêt de la hausse des taux longs et « fabriquer » une baisse des taux, afin de tenter de recapitaliser le système dévasté par les pertes sur les valeurs des actifs et des collatéraux ; c’est un impératif pour le Trésor, également.

Hélas, cet impératif entre en collision avec la lutte contre la hausse des prix et des salaires.

Dans les phases finales du cycle du crédit, tout s’emballe et c’est normal, car les besoins de crédit font boule de neige ; c’est le « toujours plus ». Il faut du crédit pour payer toujours plus de crédit, et surtout faire tenir la bicyclette qui menace de chuter à chaque ralentissement. L’engrenage n’est même plus économique ; il est financier, voire comptable.

La Fed cherche à freiner la production de crédit du système américain pour éviter de catalyser la hausse des prix, mais cette production est indispensable ; donc, il faut bien qu’un agent économique l’assume, et ici c’est le gouvernement.

La dette totale des Etats-Unis a bondi de 500 milliards de dollars en seulement 18 jours, après avoir atteint 33 000 milliards de dollars, selon ZeroHedge.

Pour être exact, la dette totale des Etats-Unis s’élève désormais à 33 513 milliards de dollars.

Cela signifie que les Etats-Unis ont ajouté 28,5 milliards de dollars de dette par jour pendant 18 jours consécutifs.

Cela représente 1,2 milliard de dollars par heure, et place les Etats-Unis sur la bonne voie pour ajouter 1 000 milliards de dollars de dette supplémentaire en seulement 1,5 mois.

En vertu du projet de loi sur le plafond de la dette, la limite de la dette américaine est en vigueur non plafonnée jusqu’en 2025.

The sky is the limit ! 

Jusqu’où peut-elle aller ?

Le coût de la dette n’est pas une limite. Toute discipline est sous cet aspect abandonnée, car en pratique, nous sommes en régime de MMT qui ne dit pas son nom – ou qui ne veut pas se nommer. La hausse des rendements du Trésor américain constatée sur les marchés ces dernières semaines pourrait bien se poursuivre.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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