La Chronique Agora

La dernière intervention de la Fed rappelle les événements de 2008 (1/2)

Les similitudes entre l’année 2007 – début de la crise des subprime – et l’année 2019 sont nombreuses. Les choses sont-elles vraiment différentes, comme le répètent certains ?

Je me trompe, ou l’année 2019 commence à ressembler de façon troublante à 2007 ?

Vous rappelez-vous lorsque le président de la Fed, Ben Bernanke, avait déclaré que la « crise » des subprime était endiguée ?

Les actions avaient établi un nouveau record historique au mois de juillet – mais la croissance avait déjà commencé à ralentir. La Fed a réduit ses taux d’intérêt au mois de septembre 2007. Le marché a ensuite atteint un nouveau plus haut au mois d’octobre. Il était alors trop tard. La tendance haussière était arrivée à sa fin.

Les premiers signes ont commencé à se manifester plus tôt au cours de l’été, malgré le fait que le marché atteignait de nouveaux records.

Au même moment, Bear Stearns, l’une des plus importantes banques d’investissement au monde, rencontrait des difficultés avec deux de ses fonds d’investissement liés au marché des dettes hypothécaires. Une crise de la dette était en train de débuter et de se dérouler au ralenti sous nos yeux…

Une crise d’une telle ampleur que les banques allaient arrêter de se prêter entre elles, et qui se solderait par la faillite de Lehman Brothers un an plus tard, en 2008.

Maintenant, regardez attentivement le graphique ci-dessous.

Le taux de refinancement interbancaire explose, la Fed a perdu le contrôle

L’importance du repo

L’effondrement de Lehman Brothers n’est pas arrivé sans raison. Cela s’est produit car les banques ont arrêté de se faire confiance entre elles et ont donc refusé de continuer à se prêter de l’argent sur le marché « repo » d’un jour sur l’autre.

Soit dit en passant, le mot « repo », également utilisé en français, correspond à la contraction du terme qui signifie en anglais « accord de rachat ». Il s’agit d’une opération par laquelle un emprunteur vend des bons du Trésor en échange de liquidités et s’engage à les racheter le jour suivant – en rendant ces liquidités.

Une explication technique détaillée des raisons pour lesquelles les banques ont besoin de se procurer des liquidités au cours de la nuit va bien au-delà du sujet de l’article d’aujourd’hui.

Il est important de retenir que le taux auquel les banques se prêtent entre elles (lorsqu’elles le font) dépend en principe du taux de refinancement de la banque centrale américaine.

En d’autres termes, la Fed fixe le prix auquel l’argent circule d’un jour sur l’autre dans les entrailles – ou la « tuyauterie » – du système bancaire.

Le graphique ci-dessus montre que le taux auquel les banques se prêtent réellement entre elles d’une journée sur l’autre a atteint un niveau beaucoup plus élevé le mois dernier.

La Fed a perdu le contrôle des taux d’intérêt sur le marché interbancaire. Et personne ne semble comprendre pourquoi.

Les banques ont-elles dû faire face à un manque de liquidités ? Ont-elles cessé de faire confiance à la qualité des actifs proposés en collatéral par les autres banques (comme en 2008, lorsque plus personne n’avait confiance dans la valeur des dettes hypothécaires) ? Ou est-ce quelque chose d’autre cette fois-ci ?

Voyons cela…

Une crise sans commune mesure avec celle de 2008 ?

En l’an 2000, la Fed a réagi à l’explosion de la bulle technologique en assouplissant sa politique monétaire, ce qui a entraîné par la suite le gonflement de la bulle immobilière jusqu’à son éclatement en 2007. Cela s’est suivi de la mise en place de politiques monétaires encore plus accommodantes via les programmes d’assouplissement quantitatif.

Cette décision est à son tour à l’origine de « la bulle du tout » actuelle. Le risque systémique engendré par le système de monnaie fiduciaire est maintenant concentré dans la dette publique américaine.

Les médias grand public vont chercher à vous convaincre que cette histoire n’a pas d’importance, que la situation est différente qu’en 2008, que la Fed a toujours le contrôle de la situation et dispose encore de marges de manœuvre pour agir en cas de nécessité.

N’en croyez pas un mot – nous verrons pourquoi demain.

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