La Chronique Agora

Le déluge arrive

Que va-t-il se passer pour le dollar américain ?

« Après nous, le déluge. » – Louis XIV à Madame de Pompadour

Quelle averse !

« Je n’ai jamais vu autant de pluie », nous dit Pat, notre voisin en Irlande.

Nous l’avons appelé, totalement désespérés. L’eau avait dévalé la colline – des torrents d’eau, même. Elle s’est engouffrée dans notre maison d’hôtes. Le bois de chauffage, qui avait été soigneusement empilé à côté de la porte, flottait sur un pied d’eau lorsque nous sommes entrés.

« La rue principale de Midleton est sous l’eau, poursuit Pat. Toute la ville est fermée à la circulation. »

Le ciel s’est ouvert

Nous avons renfloué la maison du mieux que nous pouvions, en ramassant l’eau à l’aide d’un seau et d’une pelle, puis en épongeant le reste. Cela nous a pris toute la journée de samedi. Heureusement, le sol est en pierre et il y a peu de meubles, pas de tapisserie, ni de tapis. Personne n’y vit.

Mais nous devions creuser un fossé qui détournerait l’inondation vers le bas de la colline sans passer par notre cottage. Pat a une pelleteuse.

On pourrait penser qu’un pays comme l’Irlande serait mieux préparé à la pluie. Mais les routes ont été emportées… les maisons inondées… et les affaires ont été interrompues.

« Nous sommes habitués à une pluie fine. Il a plu presque tous les jours cet été, observe Pat. Mais nous ne sommes pas habitués à des pluies aussi fortes. Le sol était saturé en septembre. Maintenant, l’eau s’écoule et cause beaucoup de dégâts. »

Le dimanche, la situation était sous contrôle, du moins nous le pensions. Puis, le lundi, le ciel s’est ouvert et il s’est mis à pleuvoir des trombes d’eau.

(Après avoir passé la serpillière. Photo : Bill Bonner.)

Le climat financier

L’eau est revenue. Nous n’étions que partiellement préparés. Nous avions installé une pompe de puisard dans une zone basse, mais l’eau entrait maintenant dans la maison par une nouvelle direction.

« C’est le réchauffement de la planète, explique Pat dans son analyse scientifique. La mer se réchauffe et émet plus de vapeur. Elle nous tombe dessus. »

Peut-être. Peut-être pas.

En attendant, revenons sur ce moment critique, il y a trois ans. En juillet, alors que la grande panique de 2020 battait son plein, les rendements obligataires ont atteint leur niveau le plus bas. Le climat financier a alors commencé à changer. Il s’est mis à pleuvoir.

Plus l’illusion est grande, plus la débâcle qui s’ensuit est importante.

Dans le cas présent, les autorités semblaient penser qu’en prêtant de l’argent factice à des taux d’intérêt factices, elles pourraient provoquer un véritable boom.

Tout d’abord, Alan Greenspan a mené son fameux « Greenspan Put », qui garantissait pratiquement une baisse des taux d’intérêt, si jamais la valeur des actions était menacée.

Puis, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, la Fed a fait son devoir patriotique en réduisant de 500 points de base (5%) son taux directeur. C’était une erreur… mais pas aussi grave que celle que la Fed allait commettre en réponse à la crise du crédit hypothécaire de 2008. Ben Bernanke a de nouveau baissé les taux, bien sûr… Mais cette fois-ci, la Fed les a ramenés à zéro, pour de vrai. Et là, avec un taux d’intérêt débiteur inférieur à l’inflation, elle les a maintenus à ce niveau pendant la majeure partie des 14 années suivantes.

Une décennie perdue pour les obligations

A l’automne 2020, il semblait que nous assistions à un retournement de situation. Finalement, la Fed continuant à prêter en dessous du taux d’inflation, les obligations ont commencé à s’effondrer (avec des rendements en hausse). Après la chute des rendements obligataires la plus importante et la plus longue jamais enregistrée, la phase suivante ne pouvait être qu’une rude bataille.

Et c’est ce qui s’est passé. Les prix des obligations ont chuté comme la pluie sur Noé. Les trois années suivantes se sont révélées être la pire inondation du marché baissier, dans l’histoire des obligations. Voici ce que nous dit Charlie Bilello :

« Les détenteurs d’obligations à long terme (ETF $TLT) ont connu une décennie perdue, avec une baisse de 1% au cours des dix dernières années.

L’obligation du Trésor à 10 ans a baissé de 5% cette année, en passe de connaître sa troisième baisse annuelle consécutive. Selon des données remontant à 1928, cela ne s’est jamais produit auparavant. La pire période pour les obligations avait été celle de 1978-1980, avec une perte de 3% pour les obligations à 10 ans en trois ans. La baisse cumulée pour la période 2021-2023, est de -26%. »

C’est ce que produit un changement dans la tendance primaire. Il transforme les paris faits au cours du cycle précédent en mauvais paris. Acheter la baisse ? Cela ne marche pas. Avoir un « portefeuille équilibré d’actions et d’obligations » ? Bonne chance.

Prenons l’exemple du marché boursier. Après avoir dépassé les 36 000 à la fin de l’année 2021, il peine aujourd’hui à se maintenir au-dessus de 33 000, alors que l’inflation continue de ronger les valeurs réelles. Cette année, le S&P a perdu 2%. Les petites capitalisations ont perdu environ deux fois plus.

Que se passera-t-il ensuite ? Nous ne le savons pas… mais nous garderons nos bottes de pluie à portée de main.

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