Alors que l’actualité internationale reste dominée par les retombées possibles du « one to one » entre Trump et Zelensky ce week-end (dans le décor grandiose de la Basilique St Pierre de Rome), à l’occasion des obsèques du pape François, un « fait divers » nous avait interpellé le 23 avril.
Il devrait nous donner à réfléchir sur la solidarité politique, technologique et industrielle au sein du Vieux Continent, sur la cohésion de la future « défense européenne » et la volonté affichée par Bruxelles de s’affranchir de la tutelle de Washington et du Pentagone.
A trois jours des cérémonies de Rome, marquées par le 1er déplacement de Donald Trump sur le continent européen, le premier ministre belge, Bart De Wever, a confirmé l’achat de nouveaux appareils F-35 pour renforcer sa flotte de 34 avions de combat fabriqués par Lockheed Martin.
Ils viendront en remplacement de la flotte d’appareils F-16 vieillissants (produits par Lockheed Martin également).
Trois semaines auparavant, le ministre danois de La Défense, Troels Lund, avait fait savoir que son pays – en plein conflit diplomatique au sujet du Groenland avec les Etats-Unis (Trump assume sa volonté d’annexer ce territoire autonome – envisageait d’acheter de nouveaux d’avions de combat américains F-35, en complément des 27 dont le pays a déjà reçu livraison… au nom de leurs 75 ans de coopération militaire.
Le coût unitaire d’un de ces appareils est de 150 à 160 M$ (le tarif chuterait à « seulement » 100 M$ prix de gros, mais des frais de « mise à jour » s’additionnent au fil des ans)… et les Etats-Unis se gardent la possibilité de ne pas fournir les « upgrade » et de désactiver certaines fonctionnalités de ces appareils hors de prix, les rendant potentiellement inutilisables.
De plus, c’est un souci récurrent depuis plus de 10 ans, le F-35, d’abord qualifié de merveille, puis rapidement de cauchemar technologique, n’est clairement pas au point pour effectuer toutes ses missions opérationnelles ; les Suisses en font l’amère expérience (trop de polyvalence tue l’efficacité).
Les propres évaluations du Pentagone confirment que ces avions ne sont pas prêts au combat, faute notamment de systèmes radars opérationnels (et ce n’est que l’un des nombreux problèmes non résolus à ce jour, ils se comptent par centaines), contrairement au Rafale.
Ce dernier coûte entre 80 et 100 M$ selon les versions, certaines permettant d’opérer depuis un porte-avions, et tous les clients potentiels n’en possèdent pas.
C’est le cas de l’Allemagne : au lendemain de l’annonce de Bart De Wever, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, enfonce le clou de l’acquisition en masse de F-35 de Lockheed Martin, au détriment du Rafale.
En 2024, Olaf Scholz avait le choix des systèmes de défense américains (radars et missiles), au détriment de Thalès ; comme d’habitude, pourrait-on dire.
Qui nous fera croire dans ces conditions que le projet de défense européen a quelques chances d’aboutir ?
A moins qu’Emmanuel Macron se moque totalement de l’avenir de notre industrie de l’armement…
Comme du reste d’ailleurs. Il a passé la majeure partie de son temps – comme le Secrétaire Général de l’Elysée – à orchestrer la braderie de nos fleurons industriels, à céder notre souveraineté nucléaire aux Etats-Unis, à laisser couler EDF, avant de s’en servir pour faire rentrer plus de recettes de TVA en faisant exploser les factures d’électricité.
Et il serait aujourd’hui question de partager notre siège à l’ONU avec l’Allemagne – qui ne cesse de nous infliger de mauvais coups – et notre dissuasion nucléaire avec d’autres pays qui la réclament avec insistance, comme la Pologne.
Aucune humiliation et aucun abandon de souveraineté ne nous sera épargné ; même pas besoin de tarifs douaniers pour ça!!