La Chronique Agora

Le Deep State a déjà gagné

Donald Trump s’est révélé être un atout pour le Deep State – mais il semblerait que les choses se gâtent, ces derniers temps…

Nous avons vu ces derniers jours que l’épique bataille pour l’âme et l’avenir des Etats-Unis est terminée. Le Deep State a gagné.

Il n’y a pas eu de défilé triomphal. La Constitution n’a pas été abrogée ou réécrite. Mais le Deep State contrôle désormais la Maison Blanche, le Congrès, les tribunaux (plus ou moins), les universités (plus ou moins), le Pentagone, la bureaucratie, le dollar, le budget et la presse.

Le Donald ne s’est rendu compte de rien du tout. Il n’a apparemment jamais compris ce qui se passait… n’avait aucune intention sérieuse de s’y opposer… et n’avait pas le moindre plan cohérent pour le faire.

Ce n’est le cas d’aucun autre politicien sur la scène nationale.

La semaine dernière, après un débat entre les candidats démocrates à la présidentielle, un reportage s’est proposé d’établir « ce que les candidats pensent des différents problèmes ».

« Oh là », avons-nous pensé, « on passe aux choses sérieuses ». Mais il n’y avait rien de sérieux là-dedans. A la place, on a eu droit à du blabla sur la santé, le changement climatique, le contrôle des armes à feu, l’éducation et l’immigration.

Alliance tacite

Ni les candidats, ni la presse… ni le public… ne semblent vouloir affronter les deux choses qui comptent le plus – l’argent et la guerre.

Le déficit budgétaire de 1 000 Mds$… qui pourrait atteindre bientôt les 2 000 Mds$… n’est même pas considéré comme un problème. Idem pour les 1 000 Mds$ que les Etats-Unis dépensent pour gérer leur empire tentaculaire. Cela signifie qu’aucun des candidats démocrates n’est une menace pour le Deep State – et c’est pareil côté républicain.

Ils ressemblent à des poissons qui ne savent pas qu’ils sont dans l’eau. Tous suivent allègrement le programme du Deep State. Quiconque a assez d’esprit pour comprendre ce qui se passe… ou de cran pour tenter d’y remédier… est rapidement dévoré par les requins.

Le Deep State n’est pas une organisation homogène ; il n’a pas non plus de contrôle central. Ce n’est pas une conspiration d’espions qui se réunissent en secret et complotent pour prendre le contrôle d’un pays. Il comprend plutôt des centaines de milliers de gens qui gèrent déjà la nation.

C’est une alliance souple et tacite entre compères, politiciens, bureaucrates, consultants, experts, économistes, lobbyistes, journalistes, professeurs, tout le complexe des soins de santé ainsi que l’armée et ses sous-traitants.

Il y a tant de demeures dans cette maison que les murs enflent et les clous sautent. Les gens qui y vivent ont de nombreux intérêts qui se font concurrence… mais ils ont un programme commun qui l’emporte sur tout cela : transférer le pouvoir, le statut et la richesse du public vers eux-mêmes.

C’est ce qui les différencie de vous et moi : ils ne peuvent s’enrichir qu’en nous appauvrissant. C’est là la seule et unique raison pour laquelle les dépenses fédérales, la dette et la fausse monnaie ne vont que dans une direction – le haut.

Un tabouret à trois pieds

Le tabouret du Deep State compte trois pieds. L’un contrôle les armes. L’autre cherche à contrôler les électeurs. Le troisième contrôle l’argent.

Le plus puissant et le plus dangereux de ces trois pieds est celui dont nous avait averti Dwight Eisenhower : le complexe militaro-industriel. Il est devenu bien plus complexe… et bien plus puissant… depuis qu’Eisenhower l’a dénoncé en 1961.

Le deuxième c’est l’élite non-déplorable, politiquement correcte et principalement progressiste qui domine les universités, les médias et le complexe de la santé, de l’éducation et de la protection sociale.

L’industrie financière constitue le troisième pied. Elle ne s’intéresse pas à la politique. Elle s’intéresse à l’argent lui-même. Elle sait cependant que la fausse monnaie actuelle provient de la politique – elle fait donc sa part, avec le reste du Deep State, pour s’assurer que l’argent facile continue de couler.

Donald Trump contre le Deep State

L’industrie financière était clairement opposée à M. Trump en 2016 ; les financiers avaient déjà acheté et payé Mme Clinton. Ils ne doutaient pas d’elle car elle était la parfaite championne du Deep State, que toutes les factions pouvaient soutenir – une va-t’en-guerre… une progressiste… et une servante de Wall Street, tout ça en un.

Les marchés ont commencé par chuter sévèrement lorsqu’ils ont vu qu’ils avaient parié sur le mauvais cheval. Mais ils ont ensuite réalisé en quelques minutes que M. Trump – un spéculateur immobilier faisant jouer l’effet de levier et qui s’appelait lui-même le « roi de la dette » – n’était pas près de fermer les robinets de l’argent facile.

La faction militaro-industrielle, elle aussi, avait des doutes sur Trump en 2016. Il promettait d’arrêter les guerres sans fin. Mais là aussi, ils ont réalisé qu’on pouvait facilement dompter le sauvage. Les généraux Mattis, Flynn, McMaster et Kelly furent introduits à la Maison Blanche… et la partie la plus profonde du Deep State ne tarda pas à se creuser plus encore.

Puis, au fil du temps, les généraux ont abandonné… ont été renvoyés… ou ont trahi la confiance du président crétin. Dans le dernier affrontement autour de la Syrie, Trump a montré une inquiétante capacité à leur mettre des bâtons dans les roues. Selon Lobelog.com :

« Le 23 octobre, 40 amiraux et généraux en retraite ont appelé Trump à se conduire en accord avec les valeurs des forces armées. Cette extraordinaire missive faisait suite à l’appel de McRaven, dans un éditorial du New York Times du 17 octobre ; selon lui, si Trump n’est pas prêt à défendre les principes sacro-saints de la république et de ses institutions, il est temps qu’une ‘nouvelle personne’ vienne occuper le Bureau ovale. »

Comme le disait le lieutenant-colonel Vindman, Trump « défendait […] un récit en contradiction avec le consensus des opinions inter-agences. »

En d’autres termes, les généraux, les experts en politique étrangère, les politiciens et les bureaucrates à vie (tous aidés et encouragés par les capitalistes compères, les donateurs électoraux) ont leurs propres plans pour aller jouer les gros bras dans le reste du monde ; ils ne veulent pas que la Maison Blanche s’en mêle.

La faction « progressiste », de son côté, déteste Donald Trump depuis le début ; elle a inventé des fantasmes sur des interventions russes pour expliquer sa victoire. Elle s’est désormais alliée à des éléments de la faction du Pentagone pour se débarrasser de lui. Elle pense avoir trouvé dans la collusion de Trump avec l’Ukraine assez d’éléments pour qu’il soit destitué… ou simplement affaibli pour l’élection de 2020.

Une formule classique

Lors du vote de la Chambre des représentants la semaine dernière, aucun des républicains n’a voté pour la poursuite du processus de destitution. Cela signifie-t-il que le président, de l’avis de 196 hommes et femmes intelligents, est innocent ?

Ou est-ce un nouveau signe que le système est pourri et que ses « lois » – dans le cas présent, la Constitution américaine – ne comptent plus ? N’est-ce qu’un combat interne entre les factions du Deep State, où les membres du parti agissent moins en intendants honnêtes du bien public qu’en hommes de main défendant un chef mafieux ?

Nous aborderons cette question demain. Nous verrons que les Etats-Unis ne seront pas le premier pays à être abattu par une combinaison de Deep State, de dépenses galopantes et d’une armée trop puissante. La formule est classique. De la Rome antique au Venezuela moderne, la route de la ruine est clairement indiquée, bien éclairée et largement parcourue.

A suivre… dans le final de cette mini-série : des barbares aux portes de la cité… des empires qui s’effondrent… une inflation à 10 millions de pourcents… et plus encore !

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