On aime à opposer les deux côtés de ce choix binaire : défendre l’économie mondiale ou la vie humaine – or c’est une absurdité… dangereuse.
« Restez chez vous, sauvez des vies ! » – tel est le mantra répété par la classe politique, les médias et les réseaux sociaux. La peur du coronavirus a amené les citoyens à une justification d’un pouvoir accru donné à l’Etat, et provoqué une méfiance généralisée entre les personnes.
La police pénalise ceux qui se déplacent pour « des raisons non-essentielles » et des voisins appellent la police pour dénoncer ceux qui font du sport. Les dégâts sur notre tissu social seront eux aussi un sujet à discuter après cette crise.
Une des idées les plus répandues est celle de protéger des vies au lieu de protéger l’économie (les investisseurs ou les entreprises). Il ne manque plus que le sempiternel « vous ne pouvez pas manger votre argent » comme conclusion philosophique de la pensée du moment.
Au Royaume-Uni, le chroniqueur Toby Young a analysé les données de l’économie locale pour mesurer le véritable impact sur les « vies perdues » lors de cette crise (et celle à venir).
Vies perdues, vies sauvées
Lorsque l’économie se contracte, l’espérance de vie diminue en raison d’une augmentation de la pauvreté, des crimes violents et des suicides. Lors de la crise financière mondiale de 2007-2009, le taux de suicide avait augmenté de 4,8% aux Etats-Unis selon le Centre de contrôle des maladies (CDC), et de 6,5% en Europe selon l’Organisation mondiale de la santé.
Philip Thomas, professeur de gestion des risques à l’université de Bristol, a calculé que si le PIB du Royaume-Uni chute de plus de 6,4% par personne à la suite du confinement obligatoire, il y aura plus d’années de vie perdues que d’années de vie sauvées, en se basant sur les estimations du Dr Ferguson.
Le professeur Thomas souligne que le PIB par habitant a chuté de 6% au Royaume-Uni lors du krach financier de 2007-2009 – or de nombreux économistes prédisent que l’impact négatif du confinement obligatoire sera au moins deux fois plus important.
Il conclut :
« Le défi pour le gouvernement britannique sera de gérer ses interventions de manière à ce que l’inévitable récession imminente ne soit pas aussi grave que le krach financier de 2007-2009. »
Il convient donc de s’assurer que le remède ne soit pas pire que le virus.
Mauvaises conclusions
Cependant, cette réflexion est actuellement politiquement incorrecte. On nous demande de mettre nos vies en suspens et de pousser l’économie mondiale dans une récession mortelle sous peine d’être coupable de collaboration avec le virus. Ceux qui s’opposent au confinement obligatoire seront décrits comme des brutes sans cœur.
Pire encore sont ceux qui utilisent cette crise pour argumenter en faveur des pires politiques totalitaires, dont le socialiste Thomas Porcher, qui propose un large programme de nationalisation de grandes entreprises, comme si les fondamentaux économiques n’avaient plus cours en cette période.
Pour les ONG d’extrême-gauche comme les Amis de la Terre, c’est un renouveau complet de l’économie qui est désirable. Ils accusent même le système économique mondialisé d’être à l’origine de la crise sanitaire.
Assez ironiquement, on peut considérer que c’est l’inverse : cette crise a débuté par le manque de transparence d’une régime communiste totalitaire et la surrèglementation du secteur de la médecine. Les industries prêtes à aider le personnel médical sont confrontées aux normes étatiques les empêchant de produire du matériel d’urgence.
Au niveau des traitements, nous voyons que les pays possédant une mixité importante entre hôpitaux privés et publics se débrouillent mieux que ceux qui ont tout misé sur la suppression du secteur privé.
Les victimes du krach seront-elles ignorées ? Oui.
Pire encore, les Etats en tireront les mauvaises conclusions. Suite à la crise du Covid-19, nous allons nous retrouver avec moins de libertés individuelles, moins d’argent et un contrôle accru de la part de l’Etat.