La Chronique Agora

De l’Europe aux Etats-Unis, pas de fin en vue pour la crise

▪ Les lecteurs qui s’attendent à une fin rapide de la Grande Correction vont être déçus. Elle ne donne pas signe de vouloir atteindre sa conclusion de sitôt. Bien au contraire… on n’aperçoit même pas le bout du tunnel.

La Grande Correction semble se dérouler comme on pourrait s’y attendre. Ou plutôt comme nous nous y attendions.

Voici ce que dit Reuters :

« Les prix des maisons [aux Etats-Unis] ont chuté plus que prévu en novembre, et les consommateurs sont devenus moins enthousiastes en janvier, soulignant les obstacles qui attendent encore cette reprise économique cahoteuse ».

« […] Les prix de l’immobilier américain ont plongé d’environ un tiers par rapport à leur sommet d’avant la crise financière, et une combinaison de chômage élevé, de prêts hypothécaires serrés et de nouvelles saisies à venir freine la reprise ». « 

« Un rapport publié lundi montrait que les dépenses ont stagné en décembre, les Américains se concentrant sur l’épargne ».

« Autrefois le pilier de l’économie US, les Américains ont pris un cap plus frugal, nombre d’entre eux luttant avec des dettes considérables ».

▪ Et pendant ce temps, en Europe…
Devinez quoi ? La Grande Correction a le même effet en Europe. Dans le Wall Street Journal :

« Les ménages britanniques ont enregistré des remboursements record de prêts personnels et de factures de cartes de crédit en décembre, selon des données de la Banque d’Angleterre publiées mardi, soulignant l’appétit limité des ménages pour les dépenses et augmentant les craintes de voir le Royaume-Uni retomber dans la récession ».

Par certains aspects, la situation en Europe est pire qu’aux Etats-Unis, selon où l’on se trouve. Le chômage des jeunes atteint jusqu’à 50% dans certaines régions. Même dans les économies censées être fortes, il tourne autour des 20%.

Et… vous voulez du rendement ? Que pensez-vous d’un bon à 10 ans portugais ? Il offre un rendement de 17%.

L’économie portugaise recule de 5% en taux annualisé. L’Italie, l’Espagne, la Grèce et l’Irlande ne sont pas en meilleur état.

Alors que font les eurocrates ? La même chose que les Etats-Unis-crates. Ils donnent de l’argent aux banques, en espérant que les gentils banquiers le redistribueront.

Le mois dernier, la Banque centrale européenne a fourni pour 489 milliards d’euros de prêts à trois ans. « Super Mario Draghi » — autrefois à la tête de la Banque d’Italie, désormais à la tête de la BCE — empêche les banques de faire faillite… et les supplie d’empêcher les gouvernements de faire faillite.

Les banques avaient besoin d’environ 230 milliards pour refinancer des prêts arrivant à échéance au premier trimestre de cette année. Elles ont obtenu l’argent de la BCE.

The show must go on…
Quel spectacle ! Draghi, Monti, Papadémos et tous les autres « technocrates » qui gèrent actuellement la crise sont ceux-là même qui l’ont créée de toutes pièces. Ils travaillaient pour Goldman Sachs, géraient des banques centrales et aidaient des organisations comme le FMI et la Banque mondiale à faire un véritable gâchis du système financier mondial.

A présent, ils résolvent la crise exactement comme ils l’ont causée — en créant plus de dette. Les banques ne peuvent payer leurs factures, si bien que la banque centrale leur prête de l’argent. Les gouvernements ne peuvent pas payer leurs factures non plus, si bien que la banque centrale prête de l’argent aux banques pour qu’elles puissent le prêter au gouvernement.

La BCE déclare qu’elle distribuera plus d’argent le 28 février. Goldman Sachs conseille à d’autres banques de prendre le butin. On pourrait distribuer jusqu’à 1 000 milliards de dollars.

Voyons voir, comment est-ce que ça marche ? Vous êtes profondément endetté. Les banquiers vous prêtent donc de l’argent pour que vous puissiez assurer vos paiements. Vous vous endettez plus encore… et les banquiers vous prêtent encore plus d’argent pour que vous puissiez continuer à assurer vos paiements…

… et ainsi de suite…

Où est-ce que tout ça finira ? Nous n’en savons rien.

Youpi !

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