La Chronique Agora

Croissance du PIB, décroissance du pays

Et si la croissance que l’on vous vendait n’était qu’un mirage statistique ?

Comme prévu, le shutdown américain a pris fin de la manière habituelle : les deux partis se sont mis d’accord de continuer à dépenser l’argent des autres. CBS News rapporte :

« L’accord final comprendra une résolution continue de 31 pages qui prolonge les niveaux actuels de financement du gouvernement jusqu’en janvier 2026 afin de donner aux législateurs plus de temps pour finaliser les projets de loi de dépenses pour l’ensemble de l’année. »

Mais reprenons le thème que nous avons abordé hier et examinons-le à la lumière du jour. Les dirigeants politiques savent-ils réellement ce qu’ils font ? Et dans quelle mesure ce qu’ils pensent savoir n’est-il qu’un discours intéressé ?

La conclusion à laquelle nous sommes arrivés, est que les décideurs politiques ont créé une sorte de fantasme à partir de statistiques incompréhensibles et d’équations absurdes. A l’aide de ces mesures biaisées, ils prétendent quantifier, mesurer et contrôler l’économie. Mais les formules sont fausses. Tout comme la « science » qui les sous-tend.

Prenons l’évaluation la plus simple, la plus large et la plus stupide censé évaluer la performance économique : le PIB.

Tout le monde vous dira qu’il vaut mieux que le PIB augmente plutôt qu’il diminue. Mais est-ce vrai ?

Lorsque le PIB augmente, ils supposent que les gens s’enrichissent. Les politiciens s’attribuent le mérite lorsque la croissance du PIB s’accélère et blâment leurs prédécesseurs lorsque celle-ci ralentit. Mais en tant qu’indicateur de la richesse réelle, du bonheur ou du progrès, le PIB n’a aucune valeur. Pour augmenter le PIB, il suffit d’accueillir davantage d’immigrants : à mesure que chacun d’entre eux arrive en bus et se déplace, la production totale augmente.

Serait-ce mieux ?

Nous avons également constaté que le PIB reflète les dépenses financées par le crédit, mais pas le coût de la dette qui en découle. Ainsi, si le gouvernement fédéral empruntait et dépensait 5 000 milliards de dollars supplémentaires, le PIB augmenterait de 5 000 milliards de dollars…

Serait-ce mieux ?

Et aux Etats-Unis, la croissance du PIB n’est actuellement positive qu’en raison des investissements massifs dans le secteur de l’IA. Oh, comme les ailes des anges battent et voltigent là-bas ! Autrement dit, il s’agit davantage d’une spéculation que d’un fait.

Par ailleurs, près de la moitié du PIB est constituée de dépenses publiques – au niveau des Etats, des collectivités locales et du gouvernement fédéral. Certaines de ces dépenses sont réellement bénéfiques – routes, écoles, etc. Mais au moins la moitié du budget de la guerre, par exemple – 500 milliards de dollars – est inutile et probablement négative.

En 1944, 75 % du PIB allemand était consacré à l’effort de guerre. Plus les chars et l’artillerie sortaient des chaînes de montage de la vallée de la Ruhr, plus le PIB allemand augmentait.

Qui était le mieux loti ?

Et si les autorités fédérales américaines lançaient une attaque majeure contre le Venezuela ou le Nigeria, le PIB augmenterait. Les Américains seraient-ils plus riches pour autant ?

Et qu’en est-il d’un chômeur qui cultive sa propre nourriture, avec un jardin rempli de fruits, de légumes, de cochons, de poulets et de chèvres, et qui chauffe sa maison avec du bois qu’il coupe lui-même ? Pas de revenus, peu de dépenses. Ne prive-t-il pas les Etats-Unis d’une partie de leur PIB ?

Il y a quelques années, nous avons rapporté un cas révélé par le New York Times. Il s’agissait d’une histoire concernant un homme atteint d’un cancer en phase terminale qui avait décidé de retourner dans son pays natal, la Grèce, pour y finir ses jours.

C’était un geste très antipatriotique. Le PIB américain n’a donc pas pu bénéficier d’un coup de pouce, ni d’une longue et coûteuse bataille contre le cancer… ni d’un service funéraire. Aucun lys coûteux n’a orné son cercueil ouvert. Aucun corbillard ne l’a conduit au cimetière. Aucun croque-mort n’a compté ses honoraires.

Au lieu de cela, ce salaud a passé les 30 années suivantes à s’occuper de son jardin, à boire son propre vin et à danser au son du bouzouki et de la lyre jusqu’à tard dans la nuit. Il n’a pratiquement pas contribué au PIB américain. Etait-ce une mauvaise chose ?

Les décideurs politiques fixent des objectifs mesurables. Mais ces objectifs sont trompeurs et les chiffres sont bidons. Et chaque petit « plus » qu’ils vantent cache un « moins » dissimulé dans les buissons.

Par exemple, ils affirment vouloir stimuler l’accession à la propriété ou « créer des emplois ». Nous avons vu comment les autorités fédérales ont favorisé l’accession à la propriété après 2008. La baisse des taux d’intérêt était censée inciter les gens à acheter des maisons. Et c’est ce qu’ils ont fait. Mais rapidement, les prix des logements sont devenus si élevés que les gens ordinaires ne pouvaient plus se permettre d’acheter une maison moyenne.

Et tandis que les taux hypothécaires pour les familles honnêtes restaient en moyenne autour de 6 %, les initiés de Wall Street – tels que BlackRock ou Invitation Homes – pouvaient emprunter à des taux réels de 1 % ou moins. Grâce à cet avantage, ils ont pu surenchérir sur les propriétaires pour plus d’un demi-million de maisons.

Nous avons également constaté que la Fed peut faire grimper les cours boursiers grâce à des taux bas. Le président américain nous explique alors que cela prouve qu’il fait du bon travail. La hausse des marchés boursiers est un avantage, n’est-ce pas ?

Mais pourquoi ? La plupart des gens ne détiennent pas d’actions à long terme, mais à court terme. Ils ne les possèdent pas véritablement. Ainsi, lorsque les actions montent, la plupart des gens perdent de l’argent – relativement. Et en 1971, un travailleur moyen gagnait suffisamment par an pour acheter près de dix unités du Dow (dix de chacune des actions du Dow Jones). Aujourd’hui, il devrait travailler plus de six ans pour acheter les mêmes actions.

En quoi est-ce mieux ?

Mieux pour qui ?

Et de quoi s’agit-il exactement ? Comment se fait-il que la science et l’ingénierie échouent ? Tout comme les érudits du Moyen Age ne pouvaient compter les anges, il existe aujourd’hui des phénomènes qui échappent aux chiffres des économistes.

N’est-ce pas finalement une histoire qui relève de « l’intérêt humain » ?

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