La Chronique Agora

La croissance des Etats-Unis se porte bien… selon Alan Greenspan

▪ Les Etats-Unis dépensent trop, beaucoup trop. Chaque mois, d’énormes sommes sont déboursées rien que pour payer les factures d’électricité. Jusqu’ici, les créditeurs se sont montrés généreux en accordant des prêts toujours plus importants aux Etats-Unis — en achetant sa dette — à des taux d’intérêt très bas. Clairement, on ne peut continuer ainsi éternellement.

Lorsque sera sifflée la fin de la partie, vous pourrez dire adieu à la reprise fragile que nous avons connue depuis 2008. Attendez-vous alors à ce que les taux grimpent. La hausse des taux d’intérêt signifie la mort pour les actions, tout simplement parce que, lorsque les taux grimpent, les investisseurs ont besoin d’être plus motivés pour posséder des valeurs. N’oubliez pas que, dans le marché, la concurrence fait rage pour qui acquerra l’affection des investisseurs.

Pour comprendre comment cela fonctionne, revenons à l’année 1982. A cette époque, un bon du Trésor pouvait rapporter 15%. Il n’est pas étonnant que le PER sur l’ensemble du Dow Jones Industrial Average était tombé à sept en 1982 (le ratio actuel est d’environ 14.) Ce fut également une période sombre, traversée par une forte récession, des difficultés sur les banques et une inflation galopante.

Notre époque est également troublée et la valeur du dollar américain traverse une zone de turbulences. Pourtant, voici ce que dit BCA Research, une société composée certainement de gens très intelligents que l’on paie des dizaines de milliers de dollars pour concevoir une analyse telle que celle-ci :

Un dollar US affaibli a extrêmement bien servi l’économie : il a aidé à déclencher un boom des exportations, il a augmenté les profits des entreprises, a élevé le cours des actions et a permis d’éviter la déflation — tout cela sans coûter un centime.

Oui, un repas gratuit ! Il suffit donc de détruire notre monnaie et nous serons riches. Cela a marché pour l’Argentine et le Zimbabwe, n’est-ce pas ? Bien sûr que non ! Mais cette idée est tenace, comme un érythème persistant.

▪ Mais cela va au-delà des Etats-Unis. Le fait est que la plupart des gouvernements occidentaux sont fauchés. Alors que les gouvernements parviennent encore à joindre les deux bouts, c’est par le secteur privé que le problème va se manifester.

Pour beaucoup de ces gouvernements, la situation est désespérée.

Voici une autre perle : le ministre des Finances russe encourage les Russes à boire et fumer plus pour ainsi augmenter les recettes fiscales. « Les gens devraient comprendre », a-t-il déclaré. « Ceux qui boivent, ceux qui fument, aident plus l’Etat ». Et le ministre des Finances irlandais a déclaré que son ministère envisage de vendre des T-shirts sur lesquels est inscrit : « l’Irlande n’est pas la Grèce ». Ça ne s’invente pas… Peut-être l’Italie organisera-t-elle une vente de gâteaux pour aider à lever des fonds !

Toutefois, plus sérieusement, la liste des points négatifs est longue comme le bras, et je pourrais y consacrer toute cette chronique. Naturellement, hors ces problèmes, tout va bien ! Voyons le résumé qu’en fait l’ancien directeur de la Fed Alan Greenspan :

Il n’y a pas de question quant au dynamisme de cette économie, en excluant le problème du prix du pétrole, en excluant les problèmes de l’euro qui viennent d’apparaître et en excluant les problèmes de budget. Cette économie est réellement en train de prendre de la vitesse.

Ha ! Certes — si seulement nous pouvions faire abstraction de tout le reste. Malheureusement, nous ne le pouvons pas… parce que nous vivons dans le monde réel.

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