Les Etats s’endettent, les milliards pleuvent… et lorsqu’il faudra rembourser, ça va faire mal. D’où une question de que de plus en plus de spécialistes se posent : faut-il vraiment payer, finalement ?
Il pleut des milliards. Qui va payer tout cela ? Inutile de vous fatiguer à lire tout cet article pour avoir la réponse à cette question : c’est vous qui allez payer.
Au fur et à mesure des annonces de plans de soutien nationaux ou des tentatives de plans européens et des annonces des banques centrales, la note enfle et le lot de fantasmes qui l’accompagne avec.
Comme d’habitude, les idiots inutiles ont vite fait de s’emparer de ces questions pour donner leur avis sur la façon de se sortir du piège dans lequel ils nous conduisent depuis des années.
En pointe cette fois, Jean-Luc Mélenchon, qui dégaine les conneries plus vite que Lucky Luke son colt 45, Alain Minc le fossoyeur et toute la cohorte de pseudo-économistes que je ne peux citer tellement ils sont nombreux.
Le principe de base est qu’une dette se rembourse, sinon cela s’appelle un don ou un cadeau.
Les uns plaident pour une annulation de tout ou partie de la dette ; d’autres l’annulation de la partie détenue par la banque centrale ; d’autres encore sont pour la monétisation et la mutualisation de la dette, ou encore pour sa transformation en dette perpétuelle.
Bruno Le Maire nous explique que la dette sera remboursée par la forte croissance qu’il va générer avec ses petits bras, et que de toute façon nous n’avons pas le choix. C’est ça ou la mort… et même pire le populisme. Au début, je les trouvais presque drôles, aujourd’hui je n’en peux plus !
Il est certain que toutes ces solutions sont séduisantes puisqu’elles ont l’avantage de l’illusion de la facilité et que leurs promoteurs oublient soigneusement de parler des conséquences. N’attendez jamais d’un idiot qu’il ait une idée intelligente : la probabilité est nulle.
Examinons donc ensemble l’une des idées « géniales » de nos leaders pour nous sortir de la crise.
Et si on annulait, purement et simplement ?
L’épargne mondiale s’investit dans la dette des Etats. Même si les achats se font par l’intermédiaire de banques, d’assureurs ou de fonds de pension, au final, c’est vous qui détenez cette dette.
La bonne nouvelle est donc que si on annule la dette, on efface du même coup votre épargne, ce que vous devriez trouver nettement moins amusant. Les assureurs-vie, les systèmes complémentaires de retraite feraient faillite, obligeant l’Etat à s’y substituer… et donc à se réendetter. De votre côté, vous pourrez aller habiter sous un pont.
Les obligations d’Etat, de par leur liquidité et leur faible risque, constituent le pouvoir d’achat des banques qui les apportent en collatéral pour leurs opérations. Si vous faites défaut sur votre dette, les banques systémiques vont toutes faire faillite, ce qui forcera l’Etat à les recapitaliser et donc à se réendetter.
C’est exactement ce qu’il s’est passé lorsque la Grèce avait fait défaut sur sa dette. L’Etat avait été obligé de recapitaliser les banques et avait ainsi dépassé son taux d’endettement précédent.
Souvenez-vous des discours qui étaient tenus alors sur la baisse du taux d’endettement, qui allait vite passer de 160% à 120% – ce qui était censé sauver la Grèce. Le taux d’endettement de la Grèce avant Covid-19 était de plus de 180%. Après Covid -19, on devrait être à 200%. L’exemple de la Grèce montre bien à quel point cette idée est brillante.
Des conséquences plutôt sérieuses
Les banques faisant faillite, vos comptes de dépôt seraient évidemment mis à contribution. Les pertes seraient tellement importantes que la garantie des 100 000 € ne jouerait pas ; les pays plongeraient alors dans une dépression monumentale qui provoquerait un endettement bien plus important qu’avant.
Les banques seraient fermées, le contrôle des changes rétabli.
La dette française est détenue à 40% par l’étranger : des banques, des fonds de pension, des fonds souverains, des banques centrales de pays européens, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, des pays du Golfe, d’Asie qui, pendant des années, sont venus financer par leur épargne les déficits français.
Une annulation de la dette leur ferait encaisser des pertes tellement importantes qu’elle leur ferait faire faillite aussi et les plongerait dans une récession, aggravant notre situation et nous conduisant à nous endetter à nouveau.
La bonne nouvelle est que, probablement, cela accélèrerait un éclatement de l’Union européenne et de l’euro, même si ce n’est pas le but recherché par les promoteurs de cette solution qui n’en est pas une.