Ce n’est pas le Covid-19 tant redouté qui détruit l’économie (et les marchés) actuellement : les autorités économiques et monétaires s’en chargent très bien toutes seules…
Il y a un mois, il semblait absolument certain que le Dow atteindrait les 30 000 points au premier trimestre. C’est nettement moins sûr aujourd’hui… et les raisons à cela dépassent les effets du coronavirus.
Pour commencer, Bill et moi avons démontré que les unités de mesure fondamentale de la valeur du marché n’ont plus cours depuis longtemps déjà. Il y a quelques jours encore, le S&P 500 s’échangeait pour 2,4 fois son chiffre d’affaires, par exemple. A 30,63, le Case Shiller P/E – un indicateur d’évaluation communément utilisé – était plus haut qu’avant le Jeudi noir, en 1929.
Même le rapport capitalisation/PIB (la méthode préférée de Warren Buffett pour déterminer si le marché boursier est sous- ou surévalué) avait atteint des sommets, à 156,7%. A titre de comparaison, ce rapport était de 136,9% avant l’effondrement du marché en 2000.
Toutes ces mesures sont des « indicateurs pré-incidents » financiers qui montrent que quelque chose ne tourne pas rond. Elles signifient que le danger est grave, et probablement imminent : elles avaient raison, si l’on considère la séance de lundi – et ce n’est qu’un seul exemple.
En 2009 – dernière année où l’on enregistrait des baisses similaires à celles que nous avons vécues ces derniers jours –, seule l’intervention radicale de la Fed a permis d’éviter le krach capable de provoquer un retour à la moyenne que nous attendons.
Au vu du graphique ci-dessous, il faudrait aujourd’hui des mesures tout aussi radicales pour éviter que la baisse actuelle soit suivie d’une récession.
Le graphique ci-dessus montre que la possibilité d’une dépression et d’un krach boursier inquiète plus que jamais depuis les jours sombres de 2009.
Des raisons d’être optimiste ?
D’un certain point de vue, je comprends ceux qui voient là une excellente raison d’être optimiste. Certains de mes brillants collègues pensent que nous sommes à la veille d’un ultime « effondrement catastrophique » des cours, un « melt-up ».
J’ai des amis traders très intelligents qui pensent que les grosses baisses telles que celles que nous venons de constater sur le Dow sont une bonne occasion d’acheter.
Ces personnes intelligentes sont convaincues que tout ce pessimisme est exagéré. Il faudrait se montrer avide quand les autres se montrent craintifs. Mais, avec tout le respect que je leur dois, je ne suis pas d’accord avec eux. Pourquoi ?
Ce graphique montre le cours du cuivre divisé par le cours de l’or. Pour faire simple, il nous montre l’avidité divisée par la peur. Quand le rapport est élevé, c’est l’avidité qui gagne. Quand il est bas, c’est la peur qui domine.
Cela peut sembler simpliste, mais le « Docteur Cuivre », comme l’appellent parfois les traders, a toujours été une bonne mesure de référence pour la croissance. En construction, il est utile pour l’électricité et la plomberie. Quand une économie est en croissance, le cuivre explose. Le cuivre, c’est l’optimisme. Dans les cas extrêmes, l’optimisme peut se transformer en avidité.
A l’inverse, l’or n’est pas un métal industriel. C’est un métal monétaire. C’est un actif de réserve pour les banquiers. C’est la monnaie véritable. L’or est un abstinent. C’est le conducteur sobre, qui, quand le bol de punch a volé en éclats , vous ramène chez vous en un seul morceau.
Lorsque les investisseurs recherchent la sécurité, le cours de l’or augmente (ou le dollar baisse, mesuré en quantité d’or). C’est précisément ce que l’on a constaté ces derniers temps. L’or a atteint de nouveaux sommets dans toutes les monnaies sauf (pour l’instant) en dollar, en renminbi, en yen et en franc suisse.
Le cuivre est tombé de sa chaise, et reste au sol sans bouger, le nez sur le carrelage. Il y a même une petite flaque de bave.
Si l’on combine ces deux faits, on obtient le graphique ci-dessus. Soit précisément ce à quoi l’on peut s’attendre pendant la première réaction à une pandémie mondiale.
Cela étant dit, ce graphique dit-il que le pire est passé ? Ou que le pire est à venir, à moins d’une intervention majeure de la part des autorités monétaires et fiscales ? Je pense que la deuxième option est plus crédible, comme nous le verrons demain…