▪ Nous n’offrirons pas de prédictions pour la nouvelle année dans ces lignes. Comment diable pourrions-nous savoir ce qui va arriver ?
A la place, nous offrons des conseils. Et nous dormons sur nos deux oreilles, conscient du fait que personne ne les suivra — de sorte qu’ils ne seront jamais mis en application.
Nous commencerons avec des conseils aux banquiers centraux, et plus spécifiquement à Ben Bernanke, Janet Yellen & co. : arrêtez de vous faire du souci.
Voilà ce que nous dit l’agence Reuters :
« Les officiels de la Réserve fédérale s’inquiètent de plus en plus des risques potentiels que font peser les rachats d’actifs de la Banque centrale américaine sur les marchés financiers, mais semblent décidés à continuer leur programme de relance illimité pour l’instant ».
« ‘Plusieurs [officiels] pensaient qu’il serait probablement approprié de ralentir ou de cesser les achats bien avant la fin 2013, parlant d’inquiétudes quant à la stabilité financière ou la taille du bilan’, dit le compte-rendu ».
« Il semble tout de même probable que la Fed continuera à acheter des actifs dans un proche avenir, ayant annoncé en décembre qu’elle prolongerait ses rachats mensuels de 40 milliards de dollars de titres hypothécaires, ainsi que les 45 milliards de dollars de rachats de bons du Trésor US chaque mois ».
« Les autorités affirment qu’elles maintiendront les taux d’intérêt proches du zéro jusqu’à ce que le taux de chômage retombe à 6,5%, et cela aussi longtemps que les estimations d’inflation à moyen terme ne dépasseront pas les 2,5% ».
▪ Que sera, sera
Hé les gars… vous pouvez arrêter de vous inquiéter. Arrivera ce qui doit arriver.
Vous ne voyez pas ? Ce n’est pas le moment de flancher. L’économie dépend désormais de vos taux zéro et de votre argent facile. Elle est mordue. Accro. Dépendante. Enlevez-lui tout ça et il y aura sueurs et tremblements — ce que personne ne veut voir.
Non, ce que les gens veulent voir, c’est plus de dépenses gouvernementales… une hausse des prix des actions… et plus d’emplois. Voilà pourquoi vos efforts sont si importants. Sans vos 85 milliards de dollars par mois et votre politique de taux zéro, les autorités américaines auraient plus de mal à financer leurs déficits. Et les zombies auraient plus de mal à s’alimenter au râtelier public.
De toute façon, de quoi vous inquiétez-vous ? Des perturbations et des paniques boursières ? Certes, il y a là de quoi inquiéter une personne sensée. Quelqu’un de prudent serait incapable de dormir s’il avait mis le système financier mondial aussi en danger que vous l’avez fait. Mais vous avez déjà prouvé que vous n’êtes ni très sensés ni très prudents. Alors arrêtez de vous ronger les sangs.
▪ Le cas du Japon
Il n’y a pas de raisons de vous en faire. Regardez le Japon. Il a une montagne de dettes. Pourtant, pas d’inflation. Pas de panique. Pas de perturbations. Le Japon adorerait avoir de l’inflation. Il a deux fois plus de dette gouvernementale que de PIB.
Pourtant, vous ne voyez pas les grandes huiles du Japon se tordre les mains, si ? Au lieu de ça, leur chef — Shinzo Abe — pousse la Banque centrale à faire tourner la planche à billets. Il veut plus d’impression monétaire… plus de crédit facile… et plus de relance.
Oui, c’est insensé. Oui, ce sera catastrophique. Oui, cet homme devrait être mis en prison ou dans un asile de fous. Mais il faudrait faire pareil avec vous tous, franchement. Vous distribuez des morceaux de papier et appelez ça « de l’argent ». C’est une honte.
Ou peut-être vous inquiétez-vous du fait que votre impression monétaire provoquera une hausse de l’inflation des prix à la consommation ? Mais ça, c’est seulement si vous avez de la chance ! Imaginez que vous puissiez faire doubler les prix. Ce serait fabuleux. Cela réduirait la dette — en termes réels — de moitié. Au lieu de devoir 16 000 milliards de dollars actuels, les autorités américaines devraient 16 000 milliards de dollars de demain, qui valent deux fois moins. Ce serait une bonne chose, non ?
Les appartements à Manhattan se vendraient pour plus de 100 millions de dollars. Le carburant vaudrait huit dollars le gallon. L’or dépasserait les 3 000 $ l’once.
▪ Sans parler du marché obligataire !
Vous savez ce qui serait bien aussi, avec ça ? Les investisseurs obligataires apprendraient une petite leçon. Doubler les prix signifierait aussi diviser la valeur des bons du trésor US par deux — ou plus. En termes pratiques, bon nombre d’investisseurs obligataires seraient ruinés.
Ensuite, si vous essayiez d’imprimer plus, ces investisseurs seraient scandalisés. Les prêteurs dédaigneraient vos enchères obligataires. Les étrangers — sans parler des citoyens locaux — s’empresseraient de se débarrasser de votre devise.
Vous auriez ensuite un choix clair. Soit continuer à imprimer jusqu’à ce que l’hyperinflation fasse exploser toute l’économie… comme c’est arrivé au Zimbabwe et en Argentine. Ou arrêter la planche à billets et tenter de rétablir la valeur de votre devise. Vous pourriez aussi essayer de réhabiliter votre réputation, mais il sera probablement trop tard pour ça. Vous êtes des crétins, et à ce moment-là, le monde entier le saura.
Alors ne vous inquiétez pas. Détendez-vous. Le problème se règlera tout seul.
Meilleurs voeux pour 2013 !