La Chronique Agora

Comment le PIB donne l’illusion d’une croissance alimentée par les banques centrales (1/2)

PIB, banques centrales

Le PIB et son taux de croissance sont régulièrement présentés comme les ultimes mesures de la bonne ou mauvaise santé d’une économie. Pour les obtenir, il faut cependant ignorer quelques paramètres assez importants…

La plupart des experts ont tendance à s’appuyer sur les chiffres du produit intérieur brut (PIB) en volume pour évaluer le dynamisme d’une économie. Par construction, le PIB cherche à mesurer la valeur finale des biens et services produits au cours d’un intervalle de temps donné, généralement un trimestre ou une année.

Le PIB est calculé en faisant la somme des dépenses des consommateurs en biens et services, des investissements des entreprises dans de nouvelles usines et machines ainsi que dans l’accroissement de leurs stocks, des dépenses publiques et du solde de la balance commerciale.

Toute augmentation des dépenses des consommateurs, des investissements des entreprises et des dépenses publiques a donc pour effet de renforcer l’économie telle qu’elle est mesurée par le PIB. De plus, lorsque le différentiel entre les exportations et les importations s’accroît, le PIB augmente mécaniquement.

Plus d’argent, donc plus de demande ?

Suivant ce raisonnement, une augmentation des composantes du PIB implique une augmentation de la demande globale dans l’économie, ce qui est supposé se traduire par une augmentation de la production de de biens et services. Autrement dit, l’augmentation de la demande entraîne nécessairement une augmentation de l’offre globale.

Il est également souvent affirmé que les banques centrales auraient la capacité de soutenir la croissance du PIB au travers de leurs programmes d’injection monétaire.

Si l’on en croit ce raisonnement, en réaction à l’augmentation de la masse monétaire, les consommateurs essaieront de se débarrasser du surplus d’argent dont ils disposent. Par conséquent, ils auront tendance à augmenter leurs dépenses en biens et services.

De même, l’augmentation du différentiel entre les exportations et les importations a pour effet de renforcer la demande globale de biens et services.

Une augmentation de ce différentiel implique en effet un renforcement de la demande en provenance de l’étranger pour les biens et services produits localement par rapport à la demande nationale pour les biens et services étrangers.

Il semble ainsi qu’en influençant les différentes composantes du PIB, le gouvernement et la banque centrale auraient le pouvoir de contrôler la croissance de l’économie. Mais est-ce réellement le cas ?

Sans épargne, la croissance est impossible

Le PIB en volume est construit conformément à l’idée que le moteur d’une économie ne réside pas dans la production de richesses mais plutôt dans leur consommation. Ce qui compte, c’est la demande de biens et services.

Etant donné que les dépenses de consommation représentent la plus grande partie de la demande globale comptabilisée dans le PIB, il est communément admis que la consommation est le principal moteur de la croissance économique. Dans cette optique, la seule chose qui importe, c’est le niveau de la demande de biens et de services qui, à son tour, détermine presque automatiquement le niveau de la production.

D’après cette façon de voir les choses, c’est l’insuffisance de demande qui limite la croissance économique. Pourtant, la demande ne manque jamais.

Au contraire, sans accroître et moderniser les capacités de production, il sera difficile d’augmenter l’offre de biens et de services pour répondre à l’augmentation de la demande globale.

Le renforcement et la modernisation des capacités de production dépendent de l’accroissement du réservoir d’épargne disponible (nous incluons dans cette réserve les stocks de marchandises). Une réserve d’épargne est en effet nécessaire pour subvenir aux besoins des nombreux individus qui sont employés pour assurer le renforcement et la modernisation des capacités de production.

Notez bien que l’épargne est donc le facteur déterminant de la croissance future. Si le développement économique nécessite d’investir dans certains équipements alors que l’épargne disponible est insuffisante pour le faire, alors le développement souhaité ne pourra pas se produire.

Cependant, par construction, le PIB est antagoniste à l’épargne étant donné que, dans ce cadre d’analyse, l’épargne affaiblit la consommation.

L’impact des dépenses publiques

Ajoutons que l’augmentation des dépenses publiques entraîne un détournement de l’épargne du secteur privé producteur de richesses vers l’Etat, ce qui a pour effet de saper le processus de création de richesses. De même, les injections monétaires entraînent un détournement des ressources des agents économiques productifs vers les agents économiques consommateurs de richesses en établissant un échange de monnaie créée ex nihilo contre des ressources réelles. Il convient de noter que, puisque les activités étatiques ne génèrent pas de richesses, elles entraînent une consommation supplémentaire sans production préalable des richesses nécessaires.

De la même manière, l’augmentation de la masse monétaire finance des dépenses de consommation supplémentaires sans production préalable, en d’autres termes, il s’agit d’un échange de monnaie créée ex nihilo contre des ressources réelles. Ainsi, l’augmentation des dépenses publiques et des injections monétaires entraîne une consommation supplémentaire non soutenue par un accroissement de la production.

Par conséquent, une augmentation de la demande globale entraînée par un alourdissement des dépenses publiques et les injections monétaires de la banque centrale constitue une mauvaise nouvelle pour la croissance économique.

Notez que toute consommation supplémentaire non soutenue par un accroissement de la production a pour conséquence d’affaiblir le flux d’épargne, ce qui entraîne ensuite un ralentissement du processus de formation du capital, sapant ainsi les perspectives de croissance économique.

Demain, nous verrons par ailleurs pourquoi il est impossible de déterminer avec justesse la production totale réelle.


Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile