La Chronique Agora

Comment le Congrès US se prépare à la guerre

Bataille (budgétaire) épique au Capitole – et dont la conclusion n’est pas celle que l’on aurait pu croire. Quoique…

Nous avons fait trois grandes prédictions dans ces colonnes.

Aujourd’hui, nous en ajoutons une quatrième.

  1. La Fed ne « normalisera » jamais les taux d’intérêt (du moins pas de son plein gré). Nous avions raison.
  1. L’équipe Trump ne se lancera jamais dans une guerre commerciale totale avec la Chine. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’à une demi-« guerre totale ». Nous verrons comment cela évolue.
  1. La Théorie monétaire moderne (TMM), aussi insensée soit-elle, deviendra le nouveau credo charlataniste des démocrates comme des républicains. La TMM gagne quotidiennement du terrain. Les deux partis lui font les yeux doux, même s’ils ne l’admettent pas.

Aujourd’hui, nous ajoutons une chose à tout cela :

  1. Il n’y aura pas de réduction sérieuse du budget fédéral… et aucune tentative de brider l’emballement des dépenses gouvernementales.

Bataille pour le budget

Le week-end dernier, par exemple, les législateurs américains se sont préparés à une bataille budgétaire. Ils ont empoigné leur bouclier et leur épée, solennellement conscients que s’ils échouaient, l’ennemi – la faillite, les défauts de paiement, l’hyperinflation et la pauvreté de masse – ravagerait la mère-patrie.

Ils ont donc mis de côté leurs différences pour affronter cet ennemi commun : un plafond de dette.

Nancy Pelosi, Donald Trump… et toute la compagnie du Congrès et de la Maison Blanche ont juré de réussir là où les gouverneurs de la Fed avaient échoué (notre prédiction n°1).

Les poules mouillées de la Fed n’ont pas tenu bon. Ils n’ont pas fait leur devoir. Ils n’ont pas réussi à protéger la devise américaine.

A la place, les dirigeants de la Réserve fédérale se sont laissé envahir par la terreur face à une baisse des cours boursiers. Paniqués, ils ont jeté leurs armes… mis fin à leur politique de normalisation des taux… et fui le champ de bataille.

A présent, les gouverneurs de la Fed vivent dans l’opprobre ; un « L » écarlate figure au revers de leur veste – celui de la lâcheté. C’est tout juste s’ils peuvent se montrer en public sans qu’on leur jette des insultes ou des pierres.

Non, les occupants élus du Congrès et du Bureau ovale feraient mieux. Ils n’abandonneraient pas leur peuple. Ils feraient ce qu’il faut, ce qu’ils avaient promis de faire. Ils réduiraient les dépenses pour préserver l’intégrité financière des Etats-Unis d’Amérique.

C’est ainsi que, le week-end dernier, ils se tenaient, défenseurs inébranlables du royaume, présentant un visage dur et déterminé à la calamité devant eux.

Si non eux, alors qui ? Et si pas maintenant, quand ? Ne s’étaient-ils pas vu confier le devoir sacré de protéger et défendre la république américaine contre tous ses ennemis, étrangers ou intérieurs ?

Chacun d’entre eux ne savait-il pas, au plus profond de son cerveau, qu’il n’y avait aucun moyen de continuer à dépenser 1,30 $ pour 1 $ de revenus… et, au plus profond de son cœur, que la moitié au moins de ces dépenses n’était qu’un sacré gâchis ?

Ne réalisaient-ils pas qu’une grande nation ne peut dépendre de la bonté des étrangers pour financer ses services essentiels – la défense, les soins de santé et les gabegies politiques ?

C’est ainsi qu’ils attendaient dans la chaleur de Washington… tels les 300 Spartiates aux Thermopyles, leur armure polie brillant sous le soleil d’été… chacun pensant probablement à l’époux, l’épouse, les enfants laissés au foyer… priant pour que les dieux de la guerre soient de leur côté… pour que la bataille puisse être gagnée avant les vacances d’août… et pour que les Etats-Unis puissent demeurer libres… solvables… et solides.

Invaincus face à l’adversité. Inchangés par les erreurs politiques. Impénitents alors que les crétins causaient un désastre après l’autre.

Elles ne passeront pas

Et puis… alors que la tension montait… que les cœurs et les tripes palpitaient… on entendit un coup de feu sur le flanc gauche ; de la fumée monta à droite ; la première escarmouche avait commencé… tandis que la masse de la dette gouvernementale avançait sur eux au rythme de 114 M$ par heure.

Il n’était plus temps de réfléchir. Il n’était plus temps de discuter. L’heure était venue de voir des hommes et des femmes de valeur se tenir ensemble… côte à côte… jouant leur honneur sacré… et faisant rempart de leur corps.

C’est ici qu’on mettrait fin aux dépenses gouvernementales incontrôlables – ici et maintenant.

« Elles ne passeront pas », dirent-ils.

C’est alors que l’ennemi assoiffé de sang se rapprocha… dans le tonnerre de milliers de pas, avançant d’un seul homme comme un monstre terrible… poussant des hurlements et cris de guerre pour se donner du courage – et frapper de terreur les rangs massés devant eux.

Malgré cela, les forces d’élite, sélectionnées par les votes du peuple américain, tinrent bon.

Elles attendraient sans broncher… encore… et encore… le signal… le moment où elles lanceraient leur terrible contre-attaque.

Que l’ennemi vienne.

« Qu’il s’épuise. Nous résisterons… inamovibles… implacables… résolus à ne jamais plier. »

Puis ils tournèrent les talons et s’enfuirent.

Le Washington Post nous en dit plus :

« […] Au lieu des 150 Mds$ de réductions de dépenses récemment exigées par Russell Vought, directeur intérimaire du budget à la Maison Blanche, l’accord inclura un montant notablement inférieur. Par ailleurs, ces baisses ne devraient pas représenter de véritables réductions des dépenses, en partie car la majorité d’entre elles devrait se produire d’ici des années et serait susceptible d’être annulée par le Congrès à une date ultérieure.  

[…] En termes concrets, l’accord budgétaire augmenterait les dépenses de plusieurs dizaines de milliards de dollars sur les deux prochaines années, un net retournement par rapport [aux demandes] de la Maison Blanche il y a plusieurs mois, qui souhaitait réduire les dépenses de nombreuses agences à partir d’octobre. »

Hein ?

Que s’est-il passé ? Le corps d’élite des forces américains a-t-il été dépassé par un adversaire supérieur ? Ou bien a-t-il simplement trahi son peuple ?

A suivre…

Personne ne viendra entraver l’inflation

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