Depuis 12 ans, les bulles financières se multiplient. Devenues instruments de gestion des crises, elles sont désormais indispensables à un système qui atteint pourtant ses limites…
Il n’y a jamais eu autant de bulles financières qu’au cours des 12 dernières années.
Ne vous torturez pas l’esprit pour définir une bulle ou des bulles, c’est simple : c’est quand le prix de quelque chose est anormalement élevé. C’est une question de perception, et les perceptions ne trompent pas. Ce qui trompe, ou cherche à tromper, ce sont les arguments de ceux qui essaient de faire croire qu’il n’y a pas de bulles et que tout cela est normal.
Attention, le fait que ce soit anormal n’implique pas que ce soit irrationnel. Je soutiens que les bulles que l’on constate sont absolument rationnelles, c’est-à-dire qu’elles se justifient par des raisonnements logiques.
Les actifs financiers constituent un échange de monnaie contre des avatars, contre des dérivées de la monnaie, des quasi-monnaies.
Une question de rareté relative
Plus il y a de monnaie et peu d’alternatives à son emploi, plus l’échange devient favorable aux actifs financiers. Plus de monnaie face à un ensemble d’actifs financiers dont la masse croit moins vite explique rationnellement l’appréciation des actifs, explique la hausse de leur prix.
C’est une question de rareté relative : un ensemble est limité, un autre ensemble est en expansion continue. Une concurrence s’instaure qui fait monter les prix de ce qui est plus rare.
On peut tout aussi bien présenter l’inverse : à partir du moment où vous créez de la monnaie à jets continus et qu’elle ne trouve pas d’emploi dans l’économie réelle, cette monnaie qui n’a qu’un emploi possible, les actifs financiers, voit son pouvoir d’achat en terme d‘actifs financiers se réduire. Elle s’avilit par rapport à eux.
Les banques centrales souscrivent/président aux augmentations de la capitalisation boursière mondiale. Les marchés financiers ne sont pas irrationnels. Il faut bien que l’argent aille quelque part.
Les choses n’ont pas commencé avec la chute de de Lehman en 2008. Non, elles ont commencé bien avant, quand il a fallu sauver le Nasdaq et nettoyer la bulle technologique. Une fois la bulle technologique maîtrisée, on a soufflé la bulle du logement et ainsi de suite… jusqu’à la dernière qu’il a fallu souffler, la bulle face à la crise sanitaire.
Nettoyage des bulles
Pour faire face aux conséquences négatives déflationnistes d’une crise, on n’a pas trouvé à ce stade d‘autre solution que de créer de la monnaie et de souffler des bulles, les unes après les autres.
Ce que l’on appelle le « nettoyage des bulles », une fois qu’elles ont éclaté, se réalise toujours de la même façon : par une création de crédit, une inondation de liquidités, une baisse des taux d’intérêt – et surtout par des promesses que cela va continuer.
Rien d’étonnant à ce que ce mode de résolution des crises produise peu à peu et en accéléré toujours les mêmes effets : une frénésie spéculative… qui rapproche de la crise suivante.
Les marchés financiers sont gonflés à la hausse par des taux d’intérêt toujours plus bas. Un cercle vicieux se met en branle : les baisses de taux rendent plus attrayants les actifs anciens qui sont cotés sur les marchés, ils se valorisent, les gens s’enrichissent et le spectacle des gagnants en entraîne d’autres à participer au jeu, etc. La partie dure tant que l’on peut faire baisser les taux.
Peu importe que l’activité économique soit mauvaise, elle ne compte pas. Ce qui compte, c’est d’abord la production de crédit et de monnaie et ensuite la possibilité de baisser continuellement les taux pour faire apparaître des revalorisations mécaniques des prix des actifs.
Vous comprenez tout de suite que, dans pareil schéma, la borne du zéro pour les taux d’intérêts soit un véritable problème pour ceux qui sont chargés de la conduite des affaires et du pilotage de la bulle.
Quand les taux d’intérêt sont à zéro, un obstacle logique se présente : comment aller plus bas et continuer l’enrichissement mécanique des spéculateurs boursiers ?
La réponse à cette question dès demain…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]