La Chronique Agora

Le bazooka des banques centrales est en bois

On pensait que les banques centrales et les politiques monétaires étaient toutes-puissantes. On se trompait – et cela commence à se voir.

Les audaces aventureuses des banques centrales n’ont pas déclenché de réflexions académiques jusqu’à présent. Seules quelques individualités remettent en question les actions des autorités monétaires.

Ceci se comprend puisque les actions qui sont menées sont directement sorties des travaux académiques post-1929 inspirés par Friedman, par le MIT et le quarteron de pseudo-savants réunis autour de Stanley Fischer, Ben Bernanke, Janet Yellen et autres zozos.

La thèse de base de ces zozos monopolistes est que lors de la crise de 1929, c’est la Fed qui était responsable de l’aggravation car elle n’avait pas utilisé la planche à billets comme il le fallait. Elle n’a pas desserré, arrosé et lutté contre la déflation en chaîne des dettes. On se souvient du célèbre « plus jamais cela » de Bernanke lors de l’anniversaire de Friedman : « Nous avons la planche à billets. »

Les 12 dernières années auraient dû inciter les esprits libres à la réflexion.

Idées fausses

Au fil du temps, il est apparu que ces idées sur la toute-puissance de la planche à billets étaient fausses, que les soi-disant impressions monétaires ne produisaient aucune inflation – et même produisaient le contraire, une déflation renforcée, ancrée.

L’illusion de l’efficacité des politiques monétaires dure encore mais elle est désabusée. On voit bien que la foi n’y est plus !

C‘est la raison pour laquelle on parle du vieux chartalisme, de la TMM ou de distribution directe d’argent aux ménages. Ou encore, comme certains, du retour aux bonnes vieilles recettes budgétaires.

On s’aperçoit que l’efficacité de la politique monétaire n’est pas réelle. Il n’y a aucune transmission concrète entre la politique des banques centrales et les économies réelles, il n’y a qu’une petite transmission magique par un minuscule effet de richesse – lequel n’est que très peu dépensé. La thèse du ruissellement magique a fait long feu.

On s’aperçoit que les banques centrales ne sont pas centrales dans le système et que la vraie création de monnaie leur échappe. On constate que le dollar n’est pas tout-puissant et qu’une autre monnaie existe en dehors des Etats-Unis, le « dollar ». Et que cette monnaie qui échappe à tout le monde est au cœur des problèmes de refinancement des actifs bancaires.

On s’aperçoit de l’importance des monnaies qui échappent aux juridictions nationales, on parle d’un troisième mandat pour la Fed pour compenser ce manque.

On remet en chantier

Selon toute vraisemblance, l’échec des actions actuelles et passées va obliger à remettre en chantier le corpus de fausses connaissances qui a prévalu jusqu’ici.

On va reconnaître que la monnaie nous a échappé… que ses formes sont devenues trop complexes pour notre intelligence… que d’une part la monnaie créée n’est pas de la vraie monnaie active chaude mais de la monnaie zombie, froide – et que d‘autre part elle ne va pas où on croit qu’elle doit aller.

On s‘aperçoit que son pouvoir inflationniste se limite à l’imaginaire financier. Au lieu de renforcer, de bétonner le système, cette monnaie, en s’accumulant en pyramides d’actifs, le fragilise.

On s’aperçoit que la fantastique croissance des dettes ne sert à alimenter ni l’investissement productif ni la consommation.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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