▪ Nous sommes revenu à Paris hier. Le pays est toujours en état d’urgence. Un barrage policier, à hauteur de Dreux, arrêtait les voitures sortant de la ville. Environ 20 gendarmes entouraient les barrières, certains armés de mitraillettes. Ils examinaient les véhicules à la lueur d’une lampe-torche, demandant à ceux qu’ils voulaient voir de plus près de se garer sur le côté.
Paris est sur les nerfs. Depuis que la France a commencé à bombarder des sites en Syrie, les terroristes ont pris la ville comme cible privilégiée, selon les médias. En ce qui concerne la France, près de de 1 800 personnes sont impliquées dans le djihad syrien et irakien – si bien que Daesh a la main-d’oeuvre nécessaire pour mener des attentats.
Nos thèmes habituels sont l’économie… l’argent… la finance. Pas la politique. Mais ils sont entrelacés, comme une plante vénéneuse autour d’un cep de vigne. L’un produit des fruits comestibles ; l’autre peut être mortelle. Nous nous sommes demandé, par exemple, pourquoi la Fed poursuit des stratégies qui semblent ne profiter qu’à une petite partie de la population tout en nuisant au reste. Est-ce de la politique ? Ou de l’économie ?
Pourquoi les Etats-Unis se lanceraient-ils dans un programme coûteux consistant à semer le vent partout dans un Moyen-Orient déjà parcouru de tempêtes ? |
Nous pourrions nous poser la même question au sujet de la politique étrangère. Pourquoi les Etats-Unis se lanceraient-ils dans un programme coûteux consistant à semer le vent partout dans un Moyen-Orient déjà parcouru de tempêtes ? Après avoir aidé Al Qaeda à démarrer, de nombreux analystes tiennent les Etats-Unis pour responsables de la genèse d’ISIS, donnant même au groupe — par une incompétence criminelle, sinon par préméditation — ses dirigeants et quasiment toutes ses armes dignes de ce nom. Pourquoi feraient-ils une chose pareille ?
Le Français ou l’Américain moyen n’a rien à gagner de ces politiques — sinon des problèmes, qu’il s’agisse de se mêler d’économie ou de se mêler des affaires du Moyen-Orient. Et il n’y a pas de preuve d’issue positive… que ce soit dans le passé ou le présent. Pourtant, les autorités continuent. Pourquoi ? Se pourrait-il que ce ne soit pas simplement des erreurs ? Se pourrait-il qu’ils aient réellement eu l’intention de créer les phénomènes lamentables auxquels nous assistons actuellement ?
▪ N’oublions pas l’économie réelle
Nous reviendrons à cette question dans une minute. D’abord, nous notons qu’il n’y a quasiment pas eu de mouvement sur les indices majeurs ces derniers jours. L’actualité, en revanche, renforce notre point de vue : l’économie mondiale se traîne.
La production industrielle aux Etats-Unis a marqué un mois de déclin supplémentaire — produisant neuf mois de baisse sur 10 cette année.
En Inde, les exportations ont chuté pour le 11ème mois consécutif en octobre… le pays suivant ainsi la Chine et le Brésil sur le chemin du ralentissement.
Le prix de l’acier a perdu 55% depuis son sommet de 2011. Comme le pétrole, l’acier est un ingrédient clé de l’économie moderne. Quasiment tout ce que l’on fabrique utilise au moins un peu d’acier. La chute du prix traduit un manque de commandes… qui reflète le ralentissement de l’économie mondiale.
Cela montre aussi ce qui arrive lorsque les banques centrales truquent une économie. Leurs politiques de taux zéro ont engendré un boom qui a mené les fabricants à surestimer la demande… et les a poussés à emprunter à bas taux pour augmenter la capacité… ce qui a engendré une augmentation de la production sidérurgique. L’augmentation de l’offre a ensuite provoqué un krach lorsque la demande réelle s’est avérée moins importante que prévu.
Nous ne voulons pas d’un taux d’intérêt plus élevé. Ou plus bas. Nous voulons simplement le juste taux |
A la Chronique, nous ne voulons pas d’un taux d’intérêt plus élevé. Ou plus bas. Nous voulons simplement le juste taux. Les taux erronés provenant des banques centrales ont occasionné de mauvais calculs… qui ont mis en porte-à-faux les acheteurs d’acier et les utilisateurs d’acier, causant la confusion, de mauvais investissements et une mauvaise utilisation des ressources.
Alors pourquoi les banques centrales, censées être administrées par des économistes sérieux, falsifieraient-elles le juste taux d’intérêt ? Pourquoi feraient-elles des erreurs aussi évidentes ? Ce qui nous ramène à la question par laquelle nous avons commencé notre Chronique du jour…
Nos commentaires sur les massacres ont été peu appréciés de nos lecteurs. Aux Etats-Unis, les vétérans du Vietnam pensent que nous n’aurions pas dû parler de My Lai. Les catholiques auraient préféré oublier la St Barthélémy. Les nazis et les communistes — s’il y en a parmi nos lecteurs — sont restés muets.
Nos critiques ont peut-être raison : peut-être que les comparaisons sont effectivement odieuses. Ce que nous avons essayé de dire hier, c’est que ceux qui ont perpétré les massacres à Paris n’ont pas de quoi se sentir à part ; personne n’a le monopole des boucheries. Quand les conditions sont réunies, n’importe quel groupe peut s’y mettre.
Alors pourquoi semer le vent ? Pourquoi Paris ou Washington entreraient-elles dans une guerre qu’on ne peut ni comprendre ni gagner… et qui sera à coup sûr ponctuée d’épisodes de meurtres en masse ? Et pourquoi leurs banques centrales et leurs gouvernements favoriseraient-ils des politiques financières causant des booms, des krachs, des bulles et des effondrements… profitant à une minorité plutôt qu’au plus grand nombre ?
Nous y reviendrons sans le moindre doute… mais voici déjà la conclusion : bienvenue dans le Deep State, « l’Etat profond ». Des initiés privilégiés — des deux côtés de l’Atlantique — sortent gagnants, même si le coût est immense pour le reste d’entre nous.