La Chronique Agora

Avec la crise économique, les économies développées ressemblent de plus en plus au Japon

▪ Attachez vos ceintures. Surveillez votre portefeuille. Un peu partout, les planificateurs centraux se réunissent. Ils observent le monde développé, qui tend à pencher vers Tokyo. Et ils sont décidés à « faire quelque chose » pour empêcher ça.

Qu’est-ce qui ne va pas avec Tokyo, voulons-nous savoir. D’un autre côté… qu’est-ce qui va ?

Peu importe…

Le marché et l’économie actuels semblent vouloir baisser. Comme le Japon. Nous sommes d’accord avec un tel programme. Ils ont probablement des choses à faire là en bas — par exemple nettoyer les dégâts qui accompagnent une longue expansion de crédit construite sur l’argent bidon et le crédit facile. Les ordures doivent être balayées et évacuées.

Sauf que les truqueurs veulent empêcher M. le Marché de faire son travail.

Il est facile de comprendre pourquoi ils veulent intervenir. Ils ont des élections à gagner… des emplois à conserver… des réputations à maintenir et des CV à trafiquer.

Les économies avancées de la planète sont quasiment toutes dans un épouvantable bourbier. Certains disent que les truqueurs ont eux-mêmes causé les problèmes.

Ils ont donc du pain sur la planche. Ils doivent tromper les électeurs… et embobiner les marchés. Pas facile !

Vendredi dernier, par exemple, les analystes ont allumé leurs écrans Bloomberg pour vérifier combien d’emplois avaient été ajoutés à l’économie américaine lors du mois précédent. Rappelez-vous qu’il faut environ 100 000 nouveaux emplois pour maintenir le taux de chômage US à peu près stable. Et quel chiffre s’est affiché sur les terminaux ? 26 000 !

Houlà. De loin pas assez.

Quel genre de reprise est-ce là ?

Nous avons posé la question — rhétorique — de nombreuses fois. Nous connaissons la réponse. Ce n’est pas une reprise du tout. C’est plutôt le « rebond de chat mort » le plus mort de l’histoire économique des Etats-Unis. Jamais encore une « reprise » n’avait été si faible.

▪ Pourquoi pas le Japon, après tout ?
Et voilà qu’arrive Paul Krugman. Il a une solution. Toujours la même ! Plus d’emprunt… plus de dépenses… plus d’ordures dans la cave !

« Expansion macro-économique et financement sans limite », telle est sa formule tant pour l’Europe que pour les Etats-Unis.

Quant au Japon, il est plein d’admiration.

« Lorsque les gens demandent : pourrions-nous devenir comme le Japon ?, je réponds : ‘j’espère que nous pourrions le devenir’. »

A la Chronique Agora, il nous semble que M. Krugman verra son voeu se réaliser. Les plaques tectoniques mondiales sont à la dérive. Chaque jour, tant l’Europe que les Etats-Unis se rapprochent de Tokyo.

Nous n’avons rien contre le Japon en tant que tel. Ce qui nous intrigue, c’est pourquoi on voudrait lui ressembler. L’économie japonaise est globalement en stagnation depuis 22 ans. Le pays a désormais la plus haute pile de dette au monde — son seul concurrent est la Grande-Bretagne. Comment en est-il arrivé à un tel endettement ? En suivant les conseils de Paul Krugman !

Alors voyons voir… vous accumulez une dette se montant à 4,5 fois votre PIB… vous n’augmentez pas le nombre d’emplois. Vos actifs sont divisés par deux… puis re-divisés par deux.

Avec une dette valant 450% du PIB, vous êtes forcé d’utiliser une bonne partie de la production de l’année prochaine uniquement pour payer des choses que vous avez déjà produites l’an dernier… et consommées ! A 5% d’intérêt, vous devez consacrer l’équivalent d’un jour par semaine à financer votre dette. Ce qui ne vous laisse guère d’argent à dépenser en choses que vous voulez consommer aujourd’hui… ou demain.

Et si les taux passaient à 10%, près de la moitié de votre PIB serait consacrée au remboursement la dette.

Vous seriez comme un esclave dans une galère… enchaîné à votre rame… forcé de souquer pour suivre le rythme de votre dette. En priant pour que le bateau ne sombre pas !

Quel genre de succès est-ce là ?

Nous n’en savons rien, mais nous sommes un peu du même avis que M. Krugman : dans quelques années, nous serons peut-être heureux de prendre place aux côtés du Japon sur les bancs de la galère. Au moins le navire est-il toujours à flot !

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