▪ La presse continue de se concentrer sur l’Europe. Un « accord sur les règles budgétaires de la Zone euro » a été annoncé plus tôt dans la semaine. Chaque jour apporte plus de questions sur la forme prise par l’accord final… et on se demande si la Banque centrale européenne sera là pour donner un coup de main.
Personne ne veut vraiment vendre ses actions. Parce qu’un vrai accord pourrait déclencher un rally de Noël géant. Les investisseurs ne veulent pas acheter non plus, parce qu’un accord qui échoue, en revanche, pourrait causer un effondrement. Donc ils observent… et attendent.
Aux Etats-Unis et en Europe, les investisseurs restent calmes. Du côté américain, les coupes automatiques dans le budget n’auront pas lieu — du moins pas comme elles sont censées se produire. Les politiciens sont en pleine négociation. Ils doivent relever un défi : trouver comment escroquer les électeurs et les investisseurs en faisant semblant de réduire les dépenses sans vraiment réduire quoi que ce soit.
Ils sont assez doués dans ce domaine ; nous sommes relativement certain qu’ils y parviendront.
▪ En dépit de toutes ces chicanes et sottises, les Etats-Unis sont dans le pétrin. Le nombre de personnes vivant avec une aide alimentaire gouvernementale est passé à 46 millions — un nouveau record.
Par ailleurs, les chiffres du rapport mondial sur la richesse élaboré par Credit Suisse montrent que l’Américain moyen est bien plus pauvre qu’on le pense généralement. Le rapport compare la richesse moyenne et la richesse médiane. Si vous avez oublié la distinction, cher lecteur, la moyenne est ce qu’on obtient quand on additionne toute la richesse et qu’on la divise par le nombre de personnes. Ajoutez quelques super-milliardaires et tout le monde semble riche. La médiane, en revanche, est ce qu’on obtient quand on sépare les gens en deux groupes… ceux au-dessus et ceux au-dessous. Au centre se trouve la « médiane »… ou ce qu’on appelle habituellement l’Américain « typique ».
En Grande-Bretagne, par exemple, la richesse moyenne est de 258 000 $. Pas mal. Mais ce n’est pas ce qu’ont la plupart des gens. C’est juste ce qu’on obtient quand on fait la moyenne entre tous les gens riches — avec leur maison très chères à Londres — et les autres. Peu de gens en Grande-Bretagne ont réellement 258 000 $ de valeur nette.
La valeur nette médiane n’atteint même pas la moitié de ce chiffre, à 121 000 $. C’est ce qu’a réellement un citoyen britannique typique. Et même ce chiffre dépend considérablement de prix de l’immobilier qui n’ont pas encore baissé en Grande-Bretagne.
Maintenant, regardez ça : aux Etats-Unis, le chiffre de la richesse moyenne est un peu inférieur à celui de la Grande-Bretagne — 248 000 $. Mais le chiffre médian — ce qu’ont la plupart des gens en réalité — est bien inférieur, à seulement 53 000 $.
Si on le compare à ses homologues japonais ou européens, l’Américain typique n’est que moitié plus riche. La moitié des gens aux Etats-Unis ont moins de 53 000 $ de valeur nette. Vous pouvez imaginer ce qu’ont les 20% au bas de l’échelle.
C’est un constat sévère et accablant. Il explique pourquoi une si grande partie de l’Amérique semble… eh bien… pauvre. Parce qu’elle est pauvre. Les gens n’ont pas d’argent. Ils s’habillent pauvrement. Mangent pauvrement. Vivent pauvrement.
En comparaison avec la Grande-Bretagne et l’Europe, une bonne partie de la différence peut s’expliquer par la bulle de l’immobilier et le krach qui s’est ensuivi aux Etats-Unis. Si nous avons bonne mémoire, le stock immobilier américain était évalué à environ 20 000 milliards de dollars en 2007. Il a perdu 33% de sa valeur, mettant un quart des maisons hypothéquées sous l’eau et vaporisant environ 7 000 milliards de dollars de « richesse ».
Cela explique pourquoi on entend tant parler de gens vivant dans des motels… et, selon un récent reportage de CNBC, dans des automobiles. De plus en plus de familles vivent dans des camions et des voitures.
▪ A cet égard, il est probablement utile de souligner que la récente annonce d’un déclin du chômage était frauduleuse. Les nouvelles nous ont appris que 120 000 emplois avaient été créés le mois dernier. Malheureusement, il en faut 150 000 rien que pour suivre la croissance démographique… et 500 000 pour affirmer de manière convaincante qu’une « reprise » est en cours.
La seule raison pour laquelle les chiffres du chômage se sont améliorés, c’est que les statisticiens ont éliminé 300 000 demandeurs d’emploi de leurs listes. Jamais de toute l’histoire autant d’Américains n’ont été au chômage pendant si longtemps. Les brasseurs de chiffres se sont donc dit que si tous ces gens n’avaient pas encore trouvé d’emploi, ils feraient aussi bien d’abandonner. Ce qui flatte les chiffres mais ne fait pas grand-chose pour ceux qui cherchent un travail… ou ceux qui essaient de comprendre ce qui se passe vraiment.
Ce que nous déduisons de ces chiffres, c’est que les Etats-Unis ont un nombre gigantesque — et croissant — de personnes très pauvres… qui ne peuvent que devenir plus désespérées… et plus en colère… à mesure que le temps passe. A moins qu’une véritable croissance se produise, ils n’ont aucun moyen d’augmenter leurs dépenses, aucun moyen d’obtenir un bon emploi, et aucun espoir d’avancer.