La Chronique Agora

L’auto-vassalisation de l’Union européenne

Union européenne, Etats-Unis, géopolitique, dollarisation

Comment, à partir de grands pays, réussir ensemble à en faire un petit.

Il apparaît que les Etats-Unis nous piétinent – cela nous le savions – mais qu’en plus, ils nous méprisent de nous laisser piétiner.

Un sursaut est nécessaire.

Il ne peut se faire dans la configuration politique actuelle car, la politique étrangère étant confisquée par le président et le président étant le président des bourgeois compradores, le peuple est, par construction, baisé.

Seul le peuple est porteur de la dignité, dépositaire de la fierté ; les autres ne pensent qu’à une chose : faire du pognon. « Pourvou qué ça doure ! »

En deux étapes

En 1971, les Américains nous ont punis.

Ils ont instauré le seigneuriage monétaire en réponse à notre refus de payer pour notre défense. Nixon a dit, sur les conseils de Kissinger et Volcker, « ils ne veulent pas payer pour leur défense, on va leur faire payer par la monnaie ».

Lâches, les Européens ont baissé la tête et ils se sont consacrés à ne faire que du business, du pognon. Ils se sont insérés dans le nouveau système monétaire, ils s’y sont vautrés, et en ont profité pour s’engraisser comme des porcs sur le recyclage des déficits américains.

Ils se sont dollarisés. Leur système bancaire, tout a été vassalisé subrepticement et progressivement.

Puis les Américains ont franchi un nouveau pas, un pas de géant : ils ont imposé leur dictature juridictionnelle, fiscale et sécuritaire à tous les utilisateurs directs et indirects de dollars, faisant de tout notre système financier, bancaire, de notre banque centrale, et de notre monnaie, des croupions ou des avatars du dollar sans autonomie réelle.

En 2008 et 2009, ils ont montré qui étaient les patrons, et ont montré qui détenait la clef de l’ordinateur qui fabrique les dollars numériques qui tombent du ciel.

Ils ont sauvé nos banques.

Que faire ?

Les Américains ont eux-mêmes élargi notre UE aux pays d’Europe de l’Est afin de mieux contrôler nos tentatives de souveraineté. Ils ont tracé l’équivalence UE=OTAN, comme ils tracent maintenant l’équivalence entre l’économique et le militaire ; ils militarisent tout sous leur férule et dans leur seul intérêt.

Ils ont multiplié les guerres toutes plus sanglantes, injustes et cyniques les unes que les autres, et nous ont forcé à assurer le service après-vente de leurs guerres par le biais de l’accueil des migrants et populations déplacées.

Ayant créé eux même délibérément le risque de guerre avec la Russie et la Chine, les Etats-Unis franchissent encore une étape : ils tirent le tapis énergétique et technologique sous nos économies !

Ils détruisent nos ultimes atouts de compétitivité et nous mettent en situation de dépendance, afin de nous imposer le pillage de l’échange inégal comme ils le font avec les BRICS.

Et que faisons-nous ?

Nous baissons la tête ; les seuls débats étant ceux qui tournent autour de la question de savoir s’il faut rester debout, à genoux ou couchés pour mieux ramasser leurs miettes.

Les Etats-Unis et les Européens sont revenus à leurs habitudes d’alliance de la guerre froide, mais la situation géopolitique actuelle est très différente de celle de la guerre froide.

Au grand désavantage de l’Europe.

Lors de la guerre froide l’Europe était le front central, en première ligne dans la lutte contre l’Union soviétique ; la stratégie américaine reposait donc sur la reconstruction économique et militaire de l’Europe afin qu’elle puisse faire face au défi de l’Est. Ils voulaient une Europe forte.

A l’époque actuelle où le défi stratégique a tourné vers la Chine et la compétition entre les deux blocs, les Etats-Unis ont besoin de se renforcer eux-mêmes ; l’Europe ne compte plus. Les Etats-Unis pour se renforcer eux-mêmes ont besoin de piller l’Europe, de drainer son capital, de la faire disparaître comme concurrente ; ils ont besoin de la mater.

Ils veulent une Europe, sinon faible, du moins aux ordres.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile