Les Etats-Unis sont sur tous les fronts.
« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. » – Héraclite
En septembre, le gouvernement américain avait déjà emprunté 1 700 milliards de dollars depuis le début de l’année. Ce montant est en passe d’atteindre un total de 2 000 milliards de dollars avant la fin de l’année. Il s’agit de la deuxième plus grande vague d’emprunts de l’Histoire (après 2020).
Nous doutons que ce record puisse se maintenir très longtemps. Mme Janet Yellen affirme que les Etats-Unis ont la capacité de soutenir l’Ukraine et Israël en même temps. Business Insider rapporte :
« La plus haute représentante du Trésor américain a déclaré que les Etats-Unis n’avaient pas à choisir entre aider Israël et l’Ukraine dans leurs conflits militaires.
Cela fait un peu plus d’une semaine qu’Israël a officiellement déclaré la guerre au Hamas, groupe militant palestinien, après que celui-ci a attaqué plusieurs villes du sud d’Israël. Depuis le début de la guerre, le président Joe Biden et les parlementaires américains des deux bords ont apporté leur soutien à Israël, tout en insistant pour que le pays préserve la vie des Palestiniens innocents à Gaza. »
Le beurre et les armes
Lyndon Johnson avait un jour déclaré que les Etats-Unis étaient tout à fait capables de payer pour « le beurre et l’argent du beurre », en référence au programme « Great Society » mis en place au sein des Etats-Unis, et à la guerre du Viêt Nam en Asie du Sud-Est.
Mais l’équipe de Biden est allée plus loin, en menant deux « guerres » à l’étranger, en faisant tourner le beurre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au sein du pays.
Les campagnes de Johnson se sont soldées par des échecs. D’après la Heritage Foundation, 22 000 milliards de dollars ont été dépensés pour la guerre de Johnson contre la pauvreté. Le taux de pauvreté était de 14% en 1965. Aujourd’hui, il est à peu près le même.
La guerre au Viêt Nam s’est terminée comme elle avait commencé : de manière scandaleuse. Les Nord-Vietnamiens ont gagné la guerre, et pris le contrôle du Nord et du Sud du Vietnam.
Mais les dépenses de Johnson ont eu des conséquences. Elles ont engendré l’inflation des années 1970, ainsi que le changement fatal du système monétaire américain en 1971. Quels seront les fruits du programme « des armes et encore des armes » de Biden ? Nous attendons de le savoir.
Mais essayons de deviner. L’inflation ? Deux « guerres » ratées ? Encore plus de pauvreté ?
Pas un centime d’euro
Cette année, les intérêts de la dette fédérale s’élèvent à 883 milliards de dollars, soit à peu près le même montant que le budget du Pentagone. On s’attend à ce qu’ils augmentent dans les années à venir, à mesure que la dette s’alourdit et que les taux d’intérêt montent. La dette fédérale atteint déjà 34 000 milliards de dollars. Chaque année, une part de plus en plus importante de cette dette doit être refinancée, à des taux de plus en plus élevés.
La dette du Trésor américain représente le crédit le plus sûr au monde, car les autorités fédérales peuvent imprimer tout l’argent qu’elles veulent. Mais l’argent payé aux prêteurs à l’ère Johnson n’est pas le même que celui qu’ils récupèrent aujourd’hui. Et l’argent qu’ils recevront demain ne sera pas non plus le même que celui qu’ils reçoivent aujourd’hui. Selon le BLS, le dollar de 1965 vaut aujourd’hui environ 10 cents.
A l’exception de la décennie des années 1970, les taux d’inflation sont restés stables, ou ont diminué pendant la majeure partie de cette période. Cette fois-ci, le gouvernement fédéral enregistre des déficits plus importants que jamais, avec une dette fédérale de 50 000 milliards de dollars prévue d’ici à 2030. Et cette fois, les taux d’intérêt augmentent, au lieu de diminuer. Chaque nouvelle tranche de dette est donc plus coûteuse. Cela signifie que le gouvernement fédéral devra emprunter de l’argent pour financer ses guerres… et emprunter de l’argent pour payer les intérêts sur l’argent qu’il a emprunté pour financer ses guerres.
Autre différence : la mondialisation ne fait plus baisser les prix comme avant. En 1978, la Chine a entamé une série de réformes qui ont fait d’elle une puissance économique. « S’enrichir est glorieux », a déclaré Deng Tsiaoping, alors que quelque 500 millions de personnes étaient missionnées pour fournir des produits de moins en moins chers aux consommateurs occidentaux. Cette tendance s’est inversée. Les travailleurs chinois ne se contentent plus de travailler pour trois sous. Les importations aux Etats-Unis ne sont plus bon marché.
Des prix plus élevés à l’horizon
Qu’est-ce qui pourrait encore aggraver l’inflation de demain, par rapport à celle d’hier ? La révolution industrielle n’entraîne plus de fortes augmentations de la productivité. Et le boulet des réglementations, des restrictions et de la bureaucratie devient de plus en plus lourd. En raison de tous ces facteurs, le PIB des Etats-Unis n’augmente que de moitié environ par rapport à l’époque de la « Great Society ». Moins de production signifie inévitablement des prix plus élevés.
Pour résumer, nous avons :
- deux guerres, et non pas qu’une ;
- des taux d’intérêt en hausse et non en baisse ;
- des importations en provenance de Chine qui ne maintiennent plus les prix à un niveau bas ;
- plus de réglementation que jamais ;
- la révolution industrielle qui est peut-être arrivée à son terme (la révolution d’Internet n’a pas beaucoup augmenté le PIB) ;
- des taux de croissance du PIB qui ne représentent que la moitié de ceux des années 60.
Alors que Wall Street se réjouit généralement de la forte baisse de l’inflation depuis l’année dernière, le taux d’inflation réel a augmenté au cours des trois derniers mois. A-t-il atteint son niveau le plus bas en juin ? Devons-nous nous attendre à des prix de plus en plus élevés… à perte de vue ?
Nous n’en savons rien. Mais le fleuve ne s’arrête jamais.