La Chronique Agora

Après la récession, après l’inflation, les Etats-Unis vont connaître la stagflation

▪ La Grèce va être sauvée ! Voilà le sentiment qui dominait mercredi matin sur les marchés, alors que le rééchelonnement de sa dette serait en cours de négociation avancée avec les pays créanciers.

Il s’agit de la dette publique grecque. Elle représente déjà un joli montant (150 milliards d’euros) mais c’est gérable, compte tenu de la surface financière de ses principaux partenaires européens.

Ce n’est pas celle-là qui nous préoccupe, toutefois. En effet, les dettes émises par les banques grecques se monteraient à 270 milliards d’euros et les créanciers ne sont autres que les compagnies d’assurance et les banques du nord de l’Europe.

Avez-vous entendu parler d’un commencement de solution à ce sujet ? Silence radio. Cela fait partie des sujets qui fâchent et qui donnent des migraines aux patrons des principaux établissements bancaires allemands et surtout français.

Mais revenons-en à la première proposition : la Grèce va être sauvée ! Elle est assortie d’une petite condition comme nous les aimons !

Athènes doit redoubler d’effort pour atteindre ses objectifs de rétablissement de ses finances publiques. Mais attendez, la formulation est trop vague… Le véritable message c’est : la Grèce doit doubler ses efforts en matière d’économies budgétaires — et pour cela mettre en oeuvre une privatisation massive de son secteur public.

Mais au fait, qui seront les acheteurs ? A quelles conditions ? Les fonctionnaires grecs seront-ils heureux de participer — par leur licenciement ou l’amputation de leurs revenus — à la remise à niveau de leur pays ? La Grèce vendra-t-elle quelques-unes de ses milliers d’îles paradisiaques comme le leur suggéraient des journalistes allemands du Spiegel ou du Bild ?

Les acheteurs potentiels seraient fort nombreux, n’en doutez pas. Le nombre de milliardaires (notamment asiatiques) a explosé en 2010.

Le véritable souci des Grecs, c’est qu’une fois vendu ce qui peut l’être (50 milliards d’euros d’actifs à l’horizon 2015), d’où proviendront les futures recettes fiscales destinées à financer la dette ?

Il ne resterait bientôt de grec que quelques champs d’oliviers et des bateaux de pêcheurs trop petits pour intégrer la flotte d’un gros armateur racheté par un consortium chinois.

Cela dit, la Grèce possède encore ce mince avantage sur les Etats-Unis : elle a des actifs à privatiser contre des espèces sonnantes et trébuchantes.

▪ Les Etats-Unis qui s’enfoncent dans la panade budgétaire n’ont pas grand-chose à offrir, sinon un parapluie nucléaire qui n’intéresse plus grand monde. Ils ne peuvent en aucun cas privatiser leur principale source de richesse, c’est-à-dire leur planche à billets, puisque c’est déjà chose faite depuis 1913 !

La Fed publiait ce mercredi les minutes de sa dernière réunion des 26 et 27 avril dernier. Ses membres ont voté à l’unanimité le maintien de la politique de taux zéro et l’achèvement du QE2… mais les débats qui ont précédé révèlent que deux camps s’affrontent sur la question de l’inflation ainsi que du risque d’essoufflement de la reprise.

Pris entre ces deux périls — et incapable de décider lequel des deux est le plus menaçant — le collège des gouverneurs de la Fed a décidé une fois de plus de ne rien faire.

Nous leurs donnons raison à tous, aussi bien à ceux qui redoutent l’inflation que la récession… puisque les Etats Unis vont connaître les deux. Cela s’appelle la stagflation !

▪ Wall Street ne peut conceptualiser cette éventualité ; c’est pourquoi, en dépit de nombreux signaux conjoncturels alarmants, les indices américains continuent de grimper.

La simple absence de mauvaises nouvelles ce mercredi a suffi à faire grimper le S&P de 0,9% et le Nasdaq de 1,15%.

Deux événements ont aiguillonné les acheteurs hier soir. D’abord le relèvement de 30% de la fourchette d’introduction de LinkedIn (de 32/35 $ à 42/45 $), puis le spectaculaire rebond de 4% du baril de pétrole qui a refranchi la barre symbolique des 100 $ sur le NYMEX.

Les stocks d’essence et de brut se stabilisent (au lieu de gonfler) aux Etats-Unis : c’est semble-t-il la meilleure nouvelle de la semaine !

▪ Revenons-en maintenant à la pire de la semaine s’agissant de la présence de la France à la tête d’une grande institution internationale. Les tenants du complot contre DSK ne désarment pas. Ces faits ont d’ailleurs été rappelés par les deux journalistes qui animent Intégrale Bourse (sur BFM Business) au moment où je m’apprêtais à traiter des conséquences, peu visibles pour l’instant sur les marchés, de son inculpation puis de son incarcération.

D’après un sondage publié ce matin, 57% des personnes interrogées ne croient pas à la version de la police et du procureur de New York.

Ce que je peux croire ou ne pas croire personnellement n’intéresse personne. Cependant il pourrait s’avérer utile de remettre à plat la thèse de la machination qui semble encore plausible, sinon probable, pour au moins la moitié des participants aux forums boursiers que je parcoure depuis dimanche.

Reprenons le fil des événements à leur début et par les éléments les plus factuels. Un militant UMP rend compte sur Twitter de l’interpellation de DSK à l’aéroport JFK. C’est comme cela que le buzz a commencé.

Un peu auparavant, des touristes séjournant au 28ème étage du Sofitel de New York voyaient la police investir la suite occupée par DSK. Les journalistes américains débarquent quelques minutes plus tard… personne ne sait ce qui se passe.

C’est là que je ferais intervenir un changement majeur dans le scénario… en tous points conforme à ce qui serait censé se produire dans une machination.

Alors que la mise au secret de DSK fait déjà la une de la blogosphère dans les milieux journalistique et politique parisiens, voilà que le patron du FMI réapparait soudain deux heures plus tard tout souriant dans le hall d’embarquement de JFK avec à la main un billet de première classe pour le prochain vol en partance pour Paris.

Dès qu’il quitte le sol, des véhicules banalisés du FBI et de la CIA s’éloignent discrètement de l’aéroport.

Quelques minutes auparavant, la police avait reçu l’ordre d’évacuer la suite de DSK et de prévenir les journalistes que le prétendu voleur d’un téléphone portable du patron du FMI avait été arrêté et emmené dans un lieu tenu secret pour interrogatoire.

Voilà… tout s’explique, c’était une simple affaire d’espionnage dont DSK était la victime. On avait bien fait de le retenir deux petites heures, le temps de coincer le coupable et de ramener le Smartphone volé à l’aéroport.

Un an plus tard, M. Strauss-Kahn fait une entrée triomphale à l’Elysée. Quelques semaines plus tard, la France se met à ramasser de plus en plus massivement les émissions d’un Trésor américain aux abois, alors que les Allemands, les Japonais et les Chinois avertissent qu’ils ne veulent plus acheter un T-Bond libellé en dollar.

Vous le constatez, le début de l’histoire est la même mais sa conclusion bien différente.

Je laisse à nos lecteurs le soin de mesurer ce qu’aurait pu signifier l’étouffement de la véritable affaire que nous connaissons par les autorités américaines.

Le vrai complot, cela aurait d’abord pu être celui du silence… et je constate que les marchés font effectivement le pari de la transparence.

_________________________

Un tour d’horizon des énergies renouvelables

Frédéric Laurent

Nous avons vu hier que les énergies « conventionnelles » étaient de plus en plus problématiques ; désormais, les énergies nouvelles prennent le devant de la scène — et des profits sont à faire pour un investisseur bien informé. Approfondissons un peu la question…

▪ Les différentes formes d’énergies renouvelables

Toutes les énergies renouvelables ne se valent pas en termes de rentabilité, d’efficacité et de coût. L’énergie solaire a deux utilisations principales. Les centrales électriques thermiques solaires :

– produisent de l’électricité directement grâce à la chaleur des rayons. Les installations sont situées dans des régions où l’ensoleillement est important avec une bonne transparence atmosphérique — souvent des régions arides et montagneuses. Elles agissent par la focalisation des rayons solaires sur des collecteurs ou une centrale à tour ;

– l’électricité solaire photovoltaïque. C’est la conversion directe du rayonnement solaire en électricité par le biais de panneaux photovoltaïques faisant appel à des matériaux semi-conducteurs comme le silicium. Le principal pays qui a adapté bon nombre de ses toitures aux panneaux photovoltaïques est l’Allemagne. En France la puissance du parc atteignait 175 mégawatts (MW) en 2008 et le Grenelle de l’Environnement prévoit une croissance portant ce parc à 5 400 MW d’ici à 2020. C’est-à-dire le multiplier par 30 en 11 ans. Et pourtant l’année dernière, un brusque revirement de la politique a cassé la croissance de cette filière en plein vol en réduisant les subventions et allégements fiscaux.

Filière sponsorisée… il lui est difficile de se développer sans le soutien étatique… qui doit de son côté réduire les dépenses. La catastrophe de Fukushima reviendra-t-elle mettre de l’ordre dans cette décision ?

▪ L’énergie éolienne

C’est au moment du premier choc pétrolier que les premières éoliennes sont apparues. Les deux principaux pays européens faisant appel à l’éolien sont l’Allemagne et l’Espagne avec une capacité respective de 22 246 MW et de 15 145 MW pour l’Espagne en 2008. La France ne produit que 5 853 MW grâce à cette énergie aujourd’hui, bien que cette filière en pleine expansion rassemble déjà 7 000 employés et que le Grenelle de l’Environnement a décidé de passer la production à 25 000 MW d’ici à 2020, développant ainsi le travail de 60 000 personnes.

▪ Après le vent, l’hydraulique

Etonnamment, peu d’endroits sont propices à des installations hydrauliques qui permettent de convertir l’énergie de la mer ou d’un fleuve en électricité. Des centrales marémotrices peuvent être installées mais ont des coûts d’investissements jusqu’à présent trop lourds par rapport au retour sur investissement. Ce qui explique un nombre très restreint à travers le monde. Des progrès sont réalisés dans la compréhension et la transformation de l’énergie des vagues avec l’énergie houlomotrice ou des courants sous-marins avec l’énergie hydrolienne. Il faut évidemment aussi prendre en compte les barrages hydroélectriques.

En France, notre système hydroélectrique comprend aussi bien des centrales sur des fleuves ou des rivières que sur des lacs. L’ensemble de cette production représente l’équivalent de 70 Térawatt/ heure (TWh). D’énormes constructions sont en cours notamment dans les pays émergents, mais posent un autre problème : celui de la migration obligatoire de millions d’individus qui ne peuvent plus vivre à l’emplacement du barrage et tout autour du site.

▪ La géothermie

Capter la chaleur emmagasinée dans nos sous-sols sous la forme de nappes d’eau pour la transformer en chaleur par le biais de turboalternateurs n’est pas la solution privilégiée en Europe. On la trouve principalement en Amérique du Nord et en Asie, mais les chiffres de production restent faibles.

L’avenir de notre puissance énergétique passe par ces énergies dites renouvelables. Et actuellement seule 19% de la consommation d’électricité provient de ces nouvelles énergies, avec pour leader incontesté l’hydroélectricité qui à elle seule réalise 92,5% de cette production.

Je pense qu’à ce stade, vous avez compris l’importance et l’urgence de poursuivre et de développer les investissements dans la recherche de ces procédés… vieux comme le monde mais disponibles de manière illimitée.

[Diplômé d’un DESS de Gestion internationale de fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier — bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en tant que Rédacteur en Chef de Vos Finances, dont cet article est extrait.]

_________________________

Avec l’or, pariez contre Bernanke, la Fed et la BCE

Bill Bonner

▪ Lors de nos voyages de par le monde… à un endroit ou à un autre… d’une manière ou d’une autre… nous avons perdu le chargeur de notre ordinateur portable.

Nous allons donc devoir être bref… parce que nous allons bientôt nous trouver à court d’électricité !

Le Dow a chuté. Le pétrole est toujours sous les 100 $. Et l’or recule.

En d’autres termes, tout se passe comme ça le devrait. Il est trop tôt pour tirer des conclusions ou détecter une tendance de court terme. Nous devons attendre.

Mais nous soupçonnons fortement que si vous pensez gagner de l’argent grâce au marché boursier, il est grand temps de devenir vendeur plutôt qu’acheteur. Oui, bon, d’accord. A ce jour, vous vous en êtes bien tiré en ignorant nos conseils depuis les jours sombres de 2009. Le marché boursier a grimpé. Cette année, il a même grimpé plus que l’or.

Mais cette fois-ci, vous ignorerez nos conseils à vos risques et périls.

▪ Achetez l’or pendant ses creux, vendez les actions pendant leurs rebonds. Tels sont nos conseils depuis plus de 10 ans. Cela n’a pas été la meilleure chose à faire année par année — de loin pas. Mais c’est la meilleure chose que vous auriez pu faire sur toute la période. Si vous vous en étiez tenu à la formule dès le début (si seulement nous l’avions fait !), vous auriez cinq fois plus d’argent.

Et qu’en est-il des années qui viennent ?

Nous ne faisons que des suppositions… mais il nous semble que tout le complexe matières premières/énergie/or est sur le point de faire une pause. Nous ne serions pas surpris de voir l’or baisser à partir de maintenant… et rester bas pendant des mois, voire des années. Une tendance majeure prend du temps. Celle-ci a été remarquablement régulière — jusqu’à maintenant. Elle nous a donné des profits chaque année grâce à l’or. Il n’y a pas de garantie que ça continue. Mais il y a de bonnes chances que la véritable récompense pour l’or soit encore à venir — peut-être dans longtemps.

Rappelez-vous qu’un pari sur l’or est un pari contre Ben Bernanke et les génies de la Fed, du Trésor et de la BCE. C’est un pari que nous sommes prêt à prendre. Et peu nous importe de subir les outrages d’une fortune contraire pendant quelques années avant que le pari ne porte ses fruits…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile