L’UE met en péril la compétitivité internationale de l’industrie européenne.
Dans notre article précédent, nous avons vu que la politique climatique, et en particulier celle de l’Union européenne, joue toujours un rôle important dans le déclin des partis verts dans les sondages.
Tensions avec les partenaires commerciaux
Les politiques climatiques de l’UE, mais aussi d’autres aspects de la politique environnementale de l’UE, suscitent de plus en plus de tensions avec les partenaires commerciaux.
Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, avertit même que les politiques environnementales occidentales nuisent au développement des économies émergentes. A propos de la loi américaine sur la réduction de l’inflation, qui accorde de nombreuses subventions à la production de voitures électriques américaines et des mesures européennes similaires visant à promouvoir les technologies vertes, elle déclare à juste titre que « les pays en développement considèrent nombre de ces politiques comme protectionnistes », alors que « le commerce et l’investissement […] sont importants pour une croissance dynamique et durable » dans ces pays.
Elle critique en particulier la nouvelle directive européenne sur la déforestation, qu’elle juge trop restrictive : « Si l’on se contente de punir la population sans l’aider à tirer un revenu durable d’une forêt durable, quelle est la voie à suivre ? »
L’année dernière, un différend commercial a éclaté à ce sujet entre l’UE et la Malaisie et l’Indonésie, deux grands exportateurs d’huile de palme, qui ont dû faire face à de nouvelles exigences bureaucratiques en raison des nouvelles règles de l’UE. Le CCI, une agence conjointe des Nations unies et de l’Organisation mondiale du commerce, a déclaré que ces politiques de l’UE pourraient avoir un effet « désastreux » sur le commerce mondial, car les petits producteurs, en particulier, risquent d’être « coupés » de l’accès au marché.
Le noeud du problème est que l’UE refuse catégoriquement de faire confiance aux normes de ses partenaires commerciaux.
Dans le cas de la Malaisie, par exemple, il s’agit du programme de certification de l’huile de palme durable de Malaisie (MSPO). Récemment, le pays a été félicité par l’ONG Global Forest Watch pour avoir réduit la déforestation. Contrairement à l’approche de l’UE, la Commission du commerce et de l’agriculture (TAC) du Royaume-Uni vient également de confirmer officiellement que les normes de la Malaisie sont équivalentes. Elle a déclaré que « le risque que le CPTPP conduise à une augmentation des importations d’huile de palme provenant de terres déboisées a été jugé faible ». La promesse du Royaume-Uni de reconnaître ici les normes de ses partenaires commerciaux d’Asie du Sud-Est a été une raison importante pour que le Royaume-Uni obtienne l’accès à l’accord commercial transpacifique CPTPP, le plus grand accord commercial pour les Britanniques depuis le Brexit.
Saper le libre-échange
Dans d’autres domaines politiques également, l’UE tente de plus en plus d’imposer des choix politiques et des conditions spécifiques à ses partenaires commerciaux, ce qui crée des tensions, comme par exemple avec sa nouvelle directive sur la « diligence raisonnable ». Celle-ci exige des entreprises importatrices qu’elles vérifient non seulement si leurs fournisseurs violent les droits de l’homme, mais aussi s’ils respectent toutes sortes de normes sociales et écologiques spécifiques. Une fédération industrielle allemande a violemment critiqué cette directive, avertissant que « l’UE plante ainsi un nouveau clou dans le cercueil de la compétitivité internationale de l’industrie européenne ».
L’une des raisons pour lesquelles l’UE n’a pas encore réussi à finaliser l’accord commercial du Mercosur avec les économies latino-américaines est précisément qu’elle continue d’essayer d’utiliser les négociations commerciales pour imposer toutes sortes de choix politiques spécifiques à ses partenaires commerciaux.
C’est du moins ce qu’affirment des experts comme Marcela Cristini, économiste principale à la Fondation argentine pour la recherche économique en Amérique latine (FIEL). Selon elle, les exigences environnementales de l’UE sont « excessives » par rapport aux avantages économiques que l’accord apporterait à l’Argentine.
En dépit de tous ses défauts, l’Union européenne est parvenue à obtenir des résultats satisfaisants au cours des deux dernières décennies en matière d’ouverture des échanges avec le reste du monde. Toutefois, cette situation est également soumise à une pression croissante, en raison de politiques vertes presque obsessionnelles. Peut-être que les prochaines élections du Parlement européen changeront la donne.