La Chronique Agora

Une agonie à la japonaise, au mieux…

Le système de monnaie factice a la peau dure et les « rendements négatifs » de l’épargne ne créent pas encore de tremblement de terre. Tous Japonais ?

Aujourd’hui, Les Echos s’émeuvent du fait que l’assurance-vie placée en dette française non seulement ne rapporte plus rien mais coûte à son malheureux détenteur.

La perte serait en moyenne de 1,7% par an compte tenu du niveau actuel de l’inflation. Coup dur pour ceux qui – sachant que leur retraite dite par répartition se réduira comme une peau de chagrin – comptent sur la capitalisation pour grossir leur pécule.

Quelles sont les alternatives ? L’immobilier, déjà très cher et fortement taxé, est difficile à revendre ensuite par petits morceaux. La bourse, avec des actions atteignant des sommets et connaissant un des plus longs marchés haussiers de leur histoire ?

[NDLR : Ne baissez pas les bras. Lisez notre Bible des Revenus pour trouver une solution qui vous convienne parmi nos 36 stratégies pour devenir rentier.]

A dire vrai, le système monétaire est tel que l’épargne n’est plus nécessaire. L’argent – sous forme de crédit – est créé par ceux qui le contrôlent et pour les desseins que cette élite juge utiles.

Les objectifs individuels et les aspirations de chacun n’ont évidemment pas leur place. Votre retraite, vos soins de santé, votre assurance chômage, l’éducation de vos enfants est assurée par l’Etat : pourquoi voudriez-vous autre chose, l’Etat ne s’occupe-t-il pas de votre bien-être de la crèche à la tombe ? Tout ce qu’on vous demande, c’est de consommer pour faire tourner la machine.

Ce n’est pas pour rien le système de banque centrale avec monopole du crédit figurait au cinquième rang des proposition du Manifeste du parti communiste écrit par Karl Marx.

Evidemment, les théories marxistes mises en pratique se sont avérées désastreuses mais le désastre ne s’est pas produit en une génération.

De la même façon, le désastre de la monnaie factice et du pilotage des taux d’intérêt, expérience commencée en 1971, peut encore mettre du temps à se révéler.

L’éditorialiste des Echos Jean-Marc Vittori commente :

« En 2008, après la faillite de la banque Lehman Brothers, les gouvernants ont tout fait pour éviter une purge qui aurait meurtri brutalement des dizaines de millions d’épargnants dans le monde. Mais ils n’ont rien réglé. Au lieu d’avoir connu une mort subite, l’épargne est à l’agonie. Et l’exemple du Japon, entré en crise financière 20 ans plus tôt que les pays occidentaux, montre que cette agonie peut durer très, très longtemps ».

Effectivement, l’agonie japonaise est longue.

La Fed américaine prépare d’ores et déjà l’opinion américaine et mondiale au fait qu’elle va elle aussi emprunter la voie japonaise.

Ces deux dépêches vous indiquent que, non contente de ne plus relever ses taux d’intérêt, la Fed américaine va désormais rendre routinières ses opérations de rachat de titres sur les marchés.

Le 7 mars prochain, attendez-vous aussi à ce que la Banque centrale européenne emprunte elle aussi la voie japonaise.

Evidemment, toutes ces expériences vont très mal se terminer. Il n’y a jamais eu d’argent gratuit. Mais les mythes ont la peau dure et survivent plusieurs générations.

Je voudrai soumettre à votre réflexion, cher lecteur, un très beau morceau de littérature écrit par Stefan Zweig qui vécut deux guerres mondiales avant de se suicider.

Voici ce qu’il écrit à propos du « monde de la sécurité »

« Ce fut l’âge d’or de la sécurité. Tout dans notre monarchie autrichienne presque millénaire, semblait fondé sur la durée et l’État lui même être le garant suprême de cette pérennité. […] Qui possédait un patrimoine pouvait calculer avec précision le montant annuel des intérêts qu’il lui rapportait et, de son côté, le fonctionnaire, l’officier pouvait se reposer sur le calendrier pour connaître l’année où il aurait de l’avancement et celle où il prendrait sa retraite. […] 

Ce sentiment de sécurité était le bien le plus désirable pour des millions de personnes, l’idéal de vie commun. Il fallait cette sécurité our que la vie fut jugée digne d’être vécue, et des cercles de plus en plus larges désiraient acquérir leur part de ce bien précieux. Au début seul les possédants jouissaient de ce privilège, mais petit à petit les larges masses se bousculèrent pour y accéder ; le siècle de la sécurité devint l’âge d’or des assurances. […] 

Pour finir, les ouvriers eux-mêmes s’organisèrent et conquirent un salaire normalisé ainsi que des caisses de maladie. […] 

Dans cette certitude touchante de pouvoir barricader sa vie sans la moindre brèche pour la protéger de toute intrusion du destin, il y avait malgré le sérieux et la modestie de cette conception de la vie une grande et dangereuse présomption. »

Stefan Zweig, Le Monde d’hier

Effectivement, le ciel n’allait pas tarder à tomber sur la tête des Autrichiens.

C’est quand on se pense assuré de tout que le ciel vous tombe sur la tête. Que l’assurance soit privée ou étatique ne change rien à la question. L’État n’est pas tout-puissant, il fonctionne avec ce que nous lui donnons de notre richesse, pas avec l’argent qu’il fabrique.

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