La Chronique Agora

L’affaiblissement de l’Etat régalien est une menace

Depuis plusieurs mois, la France vit cette situation paradoxale où l’Etat-Providence ne cesse de progresser pendant que l’Etat régalien s’affaisse. Ce déséquilibre menace gravement l’ordre public et expose le pays à des basculements incontrôlables, comme les affrontements de Dijon l’ont montré. 

En France, l’Etat régalien s’affaisse comme un vieux matelas. La justice fonctionne par intermittence et de façon aléatoire. La police est contestée, et plus personne ne sait très bien quelles sont ses missions.

En bout de course, en dehors des aides sociales qui créent d’importantes trappes à pauvreté où s’enkystent des foyers de contestation, les dysfonctionnements de l’Etat constituent une menace majeure pour l’ordre public et poussent à anticiper des secousses majeures dans l’organisation de la société.

Emmanuel Macron a discrédité la justice

Les affaires qui se succèdent posent un problème démocratique. Il y a quelques jours, on apprenait au détour d’une commission parlementaire présidée par un député de la France Insoumise (si, si, certains font autre chose que beugler), que l’ancienne procureuse financière choisie par Hollande avait torpillé la candidature de François Fillon en subissant d’amicales pressions de la procureure générale… nommée par François Hollande !

Un candidat à la présidentielle torpillé en pleine campagne électorale par le camp adverse, toutes les démocraties libérales ne connaissent pas cela !

Puis vient cette affaire toxique où l’on découvre que le secrétaire général de l’Elysée a bénéficié de nombreux soutiens pour être innocenté, blanchi, dans une affaire de conflits d’intérêts qui aurait dû l’éclabousser. Selon Mediapart, un courrier du président de la République a beaucoup joué en faveur du suspect.

Bien entendu, la présomption d’innocence est toujours en vigueur, mais quand la justice est à ce point orientée, tout devient suspect…

En bout de course, l’apparente impartialité de la justice est bien mal en point aujourd’hui, et on comptera bientôt sur les doigts de la main les Français capables de dire : « J’ai confiance dans la justice de mon pays. »

L’Etat-providence ne s’est jamais aussi bien porté

Pendant que l’Etat régalien se délite, que des mouvements communautaires tentent de faire passer la police pour un organisme raciste par principe, l’Etat-providence prospère. Le chômage partiel permet de zombifier de nombreuses entreprises qui auraient probablement disparu sans cette aide publique, coronavirus ou pas.

Au final, l’intervention de l’Etat dans l’économie devient un problème en soi.

D’une part cette intervention prolonge, avec l’argent du contribuable, des entreprises qui n’ont pas d’avenir, au lieu de concentrer les moyens publics sur les investissements profitables. Combien d’entreprises ne pourront se lancer faute de crédits suffisants, du fait de ces subventions accordées à des « canards boiteux » ?

D’autre part, les dettes publiques se creusent. Elles devraient atteindre 120% du PIB en fin d’année, ce qui est un score très « méditerranéen ».

Comment rembourserons-nous ces sommes hallucinantes ?

Pour l’instant, la démagogie de « l’Allemagne paiera » qui nous a, par le passé, joué de mauvais tours, domine. Reste à savoir pour combien de temps avant les amères désillusions.

En attendant, la France consomme des sommes folles pour aider ses pauvres, mais n’investit rien dans l’avenir. Elle est tout entier tournée vers une stratégie sociale, mais n’a pas grand’chose à proposer en solutions d’avenir.

Gare aux effets de bord

Cette stratégie défensive pose de sérieux problèmes. On l’a vu à Dijon, avec les conflits intra-communautaires qui ont duré trois jours sans que la police n’intervienne. Dijon constitue une préfiguration de la France de demain : une minorité bobo interdira à l’Etat régalien de s’affirmer, et l’ordre public partira en quenouille.

Pour la base sociologique du pays, ce délitement est un fait nouveau qui appelle d’autant plus de questions qu’Emmanuel Macron devrait prochainement bloquer les capitaux.

Autrement dit, rien n’exclut que la situation sociale en France ne dégénère en guerre civile avec assez peu de possibilités d’expatrier ses capitaux.

Sur ce point, il faut bien ajuster ses anticipations. Car si des mesures très anti-européennes comme celles que nous avons vues sur les travailleurs polonais de Peugeot, finalement interdits de territoire, devaient se développer, les capitaux français encore en France seraient contraints de rester dans le cadre des frontières actuelles. On ne donne pas cher de l’Europe dans ce cas de figure.

D’ici là, il n’est pas inutile de commencer à réfléchir à une expatriation de ses capitaux. Car nul ne sait désormais de quoi demain sera fait.

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