La Chronique Agora

Les actions ont rendez-vous avec le destin

bull et bear

Des chiffres faussés, des indicateurs en berne, une tendance à la crainte en pleine augmentation… les marchés actions ont fort à faire.

Si l’on regarde l’ensemble du tableau, on constate que le citoyen moyen perd du terrain depuis 20 ans.

La seule raison pour laquelle cela ne semble pas plus évident, c’est les Chinois et tous les producteurs low cost dont les prix bas ont aidé les gens à continuer d’entretenir le style de vie auquel ils se sont habitués… alors même que leurs revenus réels chutaient.

Comme nous l’avons souligné hier, 2016 était censé être la septième année d’une superbe reprise. Les électeurs américains auraient dû être de bonne humeur – contents de leur pays, de leur économie et de leurs dirigeants.

Au lieu de cela, ils ont fait triste figure ; ils ont voté – la course était serrée –, viré les flemmards des deux partis traditionnels et élu un outsider que personne n’avait vu venir, Donald J. Trump.

Pourquoi ?

Un boom factice

Le boom était factice. Quelques personnes se sont enrichies, mais la majeure partie de la population s’est appauvrie. Si on prend le PIB réel des Etats-Unis et qu’on le divise par la population, on trouve un gain de 10 000 $ par personne au cours du XXIème siècle.

Mais où est l’argent ? Selon Pew Research, le salaire moyen était d’environ 21 $ par heure en 1999. Il est de 22 $ aujourd’hui – en dollars constants de 2018.

Même ce chiffre sinistre ne l’est pas assez. Les revenus ont divergé durant le XXIème siècle.

Au sommet, les salaires ont enflé, ce qui a fait grimper la moyenne. Un certain nombre de rapports nous disent que les riches sont les seuls à avoir enregistré un progrès financier durant ce siècle ; ils ont empoché 100% des gains.

Lorsqu’on soustrait les revenus énormes des 10% les plus riches, il reste au citoyen moyen moins que ce qu’il gagnait il y a 20 ans.

Les chiffres sont aussi faussés – et améliorés – par des statistiques de l’inflation frauduleuses.

Une voiture, par exemple, peut coûter deux fois plus cher qu’il y a 30 ans. Mais les statisticiens affirment qu’elle est deux fois meilleure. Par conséquent, disent-ils, elle ne coûte pas vraiment plus cher.

Allez dire cela au concessionnaire du coin. Comme nous l’avons démontré, l’Américain moyen doit désormais travailler deux fois plus pour se payer l’automobile moyenne… ou la maison moyenne.

John Williams de Shadowstats.com calcule l’inflation comme le faisaient les autorités en 1900 – sans les trucs et escroqueries statistiques qu’elles emploient ces derniers temps.

Officiellement, l’indice des prix à la consommation (IPC) est de 2% par an depuis le début du XXIème siècle. Williams, de son côté, a démontré que le véritable chiffre se situe aux alentours des 5%.

Et si l’on appliquait ce chiffre de 5% au PIB, en appliquant les bons multiples, on verrait que l’économie américaine dans son ensemble recule depuis au moins deux décennies.

Des sommets d’avidité

C’est ce que nous dit le ratio avidité/crainte.

Vous vous souvenez que le ratio avidité/crainte – le ratio entre le Dow et l’or – mesure l’esprit sous-jacent d’une société.

Comme toute chose naturelle, une société inspire et expire. Parfois, elle est audacieuse. Parfois, elle est craintive. Parfois, elle s’enrichit grâce au libre-échange et aux accords gagnant-gagnant… et parfois, elle ferme la porte et veut être protégée.

L’avidité, ou « l’optimisme », a atteint son sommet en 1999. C’était déjà 54 ans après que les Alliés eurent gagné la Deuxième guerre mondiale, 20 ans après que la Chine eut abandonné le communisme total, dix ans après la chute du Mur de Berlin et six ans après la création de l’Union européenne.

A ce moment-là, il fallait 41 onces d’or pour acheter les 30 actions composant le Dow… par rapport à une once seulement en 1980.

« Vendez les actions, achetez de l’or », avons-nous dit à nos lecteurs. Nous ne pouvions pas lire l’avenir, mais le ratio Dow/or était devenu si déséquilibré que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne revienne à la normale.

C’est bien ce qu’il s’est produit pendant un petit temps. Les actions ont chuté. L’or a grimpé. Le ratio Dow/or a failli atteindre cinq en 2009, niveau auquel nous aurions vendu l’or et acheté des actions.

Il n’y est jamais arrivé. En 2008/2009, les autorités sont arrivées en ville, faisant feu de tout bois avec des programmes comme le TARP (rachat d’actifs en difficulté), l’assouplissement quantitatif et les taux zéro.

Si nous avons raison, la hausse des prix des actifs depuis 2009 n’est qu’une feinte. La fausse monnaie a créé un boom factice et un marché haussier factice.

Les détenteurs d’actifs – principalement les 10% les plus riches – ont gagné du terrain. Tous les autres ont reculé. La marée montante d’optimisme renouvelé était une illusion. Toutes les tendances baissières et menaçantes se sont poursuivies durant le XXIème siècle :

La dette fédérale a augmenté chaque année ; nous n’avons jamais vu de tels déficits en temps de paix…

… La dette des entreprises et des consommateurs a elle aussi augmenté – alors même que les profits étaient censés augmenter…

… Les taux d’épargne ont chuté à des planchers historiques…

… La vélocité de la monnaie a chuté aux niveaux de la Grande dépression…

… La croissance du PIB a décliné pour atteindre la moitié des niveaux du XXème siècle…

… Le nombre de propriétaires immobiliers a baissé…

… Le nombre de personnes ayant un travail permettant de vivre a chuté…

… Le nombre total d’heures travaillées par personne a chuté…

… Le nombre de personnes inactives mais en âge de travailler a grimpé…

… Le coût de la vie a augmenté de 50% officiellement. Pour la plupart des gens, il a probablement doublé…

… L’espérance de vie a chuté…

… La puissance du Deep State a augmenté…

… Le capitalisme est devenu moins capitaliste… avec plus d’interventions gouvernementales, approuvées tant par les conservateurs que les progressistes…

Toutes les tendances majeures allaient à l’encontre d’un monde prospère, libre, gagnant-gagnant.

Rendez-vous avec le destin

En septembre 2018, les autorités ont fait remonter le ratio avidité/crainte à 22. Il s’est arrêté là… et a recommencé à chuter. Deux fois depuis, il a essayé de se remettre. Deux fois, il a échoué.

A présent, le ratio avidité/crainte est aux alentours des 19. L’or a atteint un sommet de trois mois. Les actions sont sous pression. Si nous avons raison, l’indice avidité/crainte va continuer à chuter…

… jusqu’à enfin concrétiser son rendez-vous historique avec le destin, quelque part sous les 5.

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