La Chronique Agora

Accord nucléaire avec l’Iran… mais la course à l’armement s’accélère

Un « accord » a donc été trouvé à Vienne sur le nucléaire iranien.

Je parle d' »accord » parce que c’est le terme utilisé par les responsables politiques à Washington. Il ne s’agit pas d’un « traité », sans quoi le président Obama — qui a autrefois enseigné le droit constitutionnel à l’Université de Chicago, comme on ne cesse de nous le rappeler — serait obligé d’appliquer ce fichu document et d’en soumettre la fameuse « compréhension internationale » à l’approbation du Sénat US.

Puis (Dieu nous en garde !) le texte devrait devenir public et tout le monde pourrait le consulter.

Impossible.

Le président Obama a déclaré à la télévision qu’il espérait « un véritable débat » au Congrès sur les termes de cet accord avec l’Iran. Puis il a ajouté qu’il opposerait son veto à toute législation qui pourrait restreindre la mise en exécution du pacte.

Donc… d’abord un débat véritable ; puis nous ferons comme il l’a décidé. Surpris ?

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Les détails de ce dernier coup diplomatique restent vagues.

Apparemment, l’Iran peut maintenir son programme de développement nucléaire. Il sera à un niveau réduit — réduit de quoi, personne ne le dit… et certainement pas les Iraniens, connus pour leur goût du secret.

▪ Le contenu de l’accord
Les sanctions sur l’Iran seront levées au cours des prochains mois. D’ici début 2016, le pays pourra vendre du pétrole et acheter tout ce dont il a besoin pour faire tourner l’économie nationale. Peut-être de nouveaux avions de Boeing, si ce qui se dit est vrai. (Pas Airbus, parce que les Iraniens ont été contrariés par les Français, qui se sont montrés trop durs dans les négociations durant ces pourparlers nucléaires. Appelons cela un retour de bâton.)

De ce que je peux en comprendre, il y aura un « régime d’inspection 24h/24, 7j/7 » sur les activités nucléaires iraniennes, sauf qu’un préavis de deux semaines y est adjoint. Cela signifie que l’Occident (c’est-à-dire les Etats-Unis) devra prévenir l’Iran deux semaines avant de conduire une inspection « 24/7 » des sites d’armes. Peut-être l’idée est que, avec un délai suffisant, les Iraniens oublieront de cacher ce qu’ils fabriquent et qui viole l’accord.

Peut-être l’idée est que, avec un délai suffisant, les Iraniens oublieront de cacher ce qu’ils fabriquent et qui viole l’accord

Entre-temps, les leaders iraniens continueront d’organiser des manifestations massives avec un principal message basé sur « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël ». Ils financeront aussi un réseau de cinquième colonne mondial — Hezbollah et autres groupes — dont le but est de faire des ravages dans nos frontières à l’endroit et au moment où l’Iran le choisira.

En effet, la haine envers l’Occident — et les juifs — est la principale force unificatrice du régime iranien actuel. Que feraient-ils sans les Etats-Unis ? Sans Israël ?

Je suis certain que nous en apprendrons plus sur ce nouvel « accord » au cours des prochains jours et des prochaines semaines. Pour le moment, il est vraiment difficile d’en connaître les termes exacts. Si l’on se base sur les informations des médias, aucun responsable ne dit les choses clairement.

Par exemple, selon un haut responsable de l’administration Obama cité dans le New York Times, « c’était comme un Rubik’s Cube. Nous avons attendu que les pièces se placent bien ». C’est rassurant. Tout bon accord international efficace, réfléchi, applicable et durable devrait fonctionner comme un Rubik’s Cube, pas vrai ? Allons…

Pour l’instant, il faut bien reconnaître que, même en ces premiers moments d’euphorie, nous n’assistons pas à un autre grand moment de la diplomatie américaine et mondiale. En clair : l’Iran continuera tranquillement et fermement son programme nucléaire. Et les responsables politiques occidentaux continueront à prétendre que tout est sous contrôle. A côté de ça, la crise grecque semble un modèle de rationalité et de résolution efficace de problèmes.

▪ Achetons, achetons…
Pendant ce temps, on achète encore plus d’armes. Si vous vivez au Moyen-Orient, vous pouvez voir les carnets de chèques sortir. Evidemment l’Arabie Saoudite est sur les rangs. Si l’Iran est sur le chemin de la bombe atomique (et même sur un raccourci) alors les Saoudiens ne voudront pas être en reste. Il faut s’attendre à une augmentation des ventes d’armes conventionnelles, de radars, de systèmes de contrôle et de commandement, et plus encore… ainsi qu’à un bon petit programme nucléaire sponsorisé par Riad.

Qui vendra ? Oh, toujours les mêmes, c’est certain. Boeing et Lockheed. Raytheon ; cette entreprise est fortement centrée sur les ventes militaires étrangères.

ll faut s’attendre à une augmentation des ventes d’armes conventionnelles, de radars, de systèmes de contrôle et de commandement

Prenez l’Inde et le Pakistan, toutes deux des puissances nucléaires établies. Si les deux pays ne s’apprécient guère, ils ont tout de même fini par comprendre comment traiter l’un avec l’autre.

A présent, ajoutez l’Iran dans le paysage. Cela complique les choses, un troisième acteur nucléaire dans le voisinage. Il faut donc s’attendre à ce que l’Inde et le Pakistan se mettent eux aussi à acheter des systèmes à la mesure d’un Iran nucléaire — radars, systèmes de contrôle et de commandement, systèmes de frappe longue portée, munitions de précision. Le Pakistan achètera probablement des équipements chinois et dans une moindre mesure américains/russes. L’Inde achètera des équipements russes et américains ; certainement pas chinois, pour des raisons évidentes.

Éloignons-nous du Moyen-Orient : franchement, si je devais décider de la politique pour, par exemple, le Japon ou la Corée du Sud, je regarderais les agissements des Américains par rapport à l’Iran, et injecterais beaucoup plus d’argent dans mon propre programme nucléaire national secret.

La Corée du Sud et le Japon doivent-ils réellement continuer à faire confiance aux Etats-Unis et à leur « parapluie nucléaire » ? Pas une seule seconde. Les Etats-Unis ne sacrifieront jamais un centimètre carré de leur territoire pour venger une attaque d’un tiers sur Séoul ou Tokyo.

Attendez-vous donc également à une accélération de la course aux armements en Asie. Avions, bateaux, sous-marins, équipements électroniques, munitions, capacités logistiques et réseaux. Le monde s’arme.

En d’autres termes, si on pense que « l’accord » sur le nucléaire iranien apportera plus de paix au monde, on se trompe. La course aux armements s’accélère.

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