La Chronique Agora

2024 : les prédictions de Jim Rickards

Que nous réserve cette nouvelle année ?

En 2023, nous avons assisté à l’éclatement d’une crise bancaire (qui n’est pas terminée), à une nouvelle guerre au Moyen-Orient à Gaza, à l’interdiction de se présenter aux élections pour Trump dans deux Etats et à la généralisation de l’IA, entre autres.

Tout ce que je peux dire, c’est qu’il faut s’accrocher, car 2024 s’annonce encore plus chaotique que 2023. En effet, 2024 risque d’être encore plus tumultueuse.

Commençons par le sujet des élections.

Je m’intéresse principalement aux marchés et à l’économie, mais je suis également avocat. Bien que je ne sois pas un constitutionnaliste, j’ai étudié le droit constitutionnel.

La décision de la Cour suprême du Colorado et du secrétaire d’Etat du Maine d’exclure Trump des bulletins de vote dans leurs Etats respectifs est pour le moins discutable. Tout d’abord, il n’est même pas certain que la disposition constitutionnelle qu’ils citent, la section 3 du 14e amendement, s’applique aux présidents. Voici ce qu’elle dit :

« Nul ne sera sénateur ou représentant au Congrès, ou électeur des président et vice-président, ni n’occupera aucune charge civile ou militaire du gouvernement des Etats-Unis ou de l’un quelconque des Etats, qui après avoir prêté serment, comme membre du Congrès, ou fonctionnaire des Etats-Unis, ou membre d’une législature d’Etat, ou fonctionnaire exécutif ou judiciaire d’un Etat, de défendre la Constitution des Etats-Unis, aura pris part à une insurrection ou à une rébellion contre eux, ou donné aide ou secours à leurs ennemis. Mais le Congrès pourra, par un vote des deux tiers de chaque Chambre, lever cette incapacité. »

Comme vous pouvez le constater, elle ne fait pas référence à un président, mais seulement aux « grands électeurs » du président et du vice-président. Certains juristes soutiennent qu’elle s’applique aux présidents, mais la question n’est pas tranchée.

Je vous déclare coupable !

Dans le second cas, il est évident que le Colorado et le Maine ont outrepassé leur autorité en affirmant que M. Trump avait participé à une insurrection.

Trump n’a jamais été formellement accusé d’insurrection devant un tribunal. Il n’a certainement jamais été condamné pour insurrection. Il s’agit d’une norme juridique essentielle qui n’a pas été respectée.

Mais la Cour suprême du Colorado et le secrétaire d’Etat du Maine ont décidé que Trump avait effectivement commis une insurrection. Ils l’ont essentiellement condamné sans procédure habituelle.

Cela revient à être soupçonné de meurtre dans une juridiction, sans avoir été accusé de meurtre, et encore moins condamné pour meurtre. Et pourtant, une juridiction extérieure vous dit : « Non, nous pensons que vous êtes coupable de meurtre, et vous ne pouvez donc pas occuper telle ou telle fonction dans notre juridiction. »

Encore une fois, où est passée la procédure ?

Le Colorado et le Maine affirment que Trump n’a pas besoin d’être formellement condamné pour être exclu du scrutin, et qu’ils n’ont pas à respecter cette norme.

Vers la Cour suprême

Si la Cour suprême préfère éviter les affaires électorales, elle devra se saisir de celle-ci. Selon moi, la Cour se prononcera contre le Colorado et le Maine, et contre tout autre Etat qui suivra leur exemple.

Trump figurera sur les bulletins de vote des primaires dans les 50 Etats, ainsi que lors de l’élection générale s’il devient le candidat républicain.

Et cela est très probable. Son avance sur les autres candidats républicains est énorme. Personne ne se souvient d’un candidat non sortant avec une telle avance dans les sondages. Par ailleurs, les 91 inculpations pénales dont il fait l’objet ne font qu’accroître sa popularité ; la plupart des gens réalisent qu’elles sont motivées par des considérations politiques.

Mais cela ne veut pas dire que Trump ne sera pas reconnu coupable d’un ou de plusieurs chefs d’accusation. Il existe en réalité un scénario plausible dans lequel Trump pourrait être derrière les barreaux le jour de l’élection. Il n’existe aucune interdiction légale d’élire à la présidence un criminel incarcéré.

L’homme aux cheveux orange portera peut-être un costume de prisonnier orange, mais cela ne l’arrêtera pas.

Et puis il y a Joe Biden…

Joe Biden ne sera plus là en novembre

 Voici ma prédiction : Joe Biden ne sera pas le candidat démocrate à la présidence. Il est le président le plus impopulaire de l’Histoire moderne, avec un récent sondage révélant un taux d’approbation de 37%.

Le problème de Joe Biden n’est pas seulement son âge, mais le fait qu’il souffre de problèmes mentaux et physiques. Il est incapable de faire des phrases complètes, de se rappeler des faits ou de formuler des pensées cohérentes.

L’idée de Biden menant des négociations de haut niveau avec Vladimir Poutine ou Xi Jinping frise l’impossible. Il n’est tout simplement pas apte à être président, et tout le monde le sait, même si les agents démocrates et les sycophantes des médias ne veulent pas que ça se sache.

Je ne parle même pas des questions de corruption, qui, malgré le refus des médias d’aborder le sujet, est une préoccupation légitime. En dépit de ce que disent les apologistes de Biden, il existe des preuves solides que Biden est coupable de corruption.

Quoi qu’il en soit, la question qui se pose est la suivante : qui remplacera M. Biden à la tête du parti démocrate ? Qui remplacera Biden en tant que candidat démocrate ?

Les remplaçants les plus probables sont Gavin Newsom, Jay Pritzker, Gretchen Whitmer ou Jennifer Granholm. Tous les quatre ont été ou sont encore gouverneurs d’Etat. Ils sont tous à peu près du même avis sur le plan idéologique.

Il y a beaucoup d’éléments en jeu à l’approche de l’élection de 2024, mais pour l’instant, je m’en tiens à ma prédiction selon laquelle Trump regagnera la Maison-Blanche en 2024.

Une année qui devrait être faste !

Voici mes autres prévisions pour 2024 : la Chine, les Etats-Unis et le Japon entreront en récession, probablement au cours de la première partie de l’année. L’UE est déjà en récession. Nous assisterons donc une rare récession mondiale en 2024.

Je prédis également que la Russie avancera vers la victoire finale en Ukraine, même si les combats se poursuivront au-delà de cette année. Il n’y aura pas d’accord négocié en 2024, à moins que Zelensky ne soit évincé, ce qui est possible.

D’ici là, si les scénarios d’escalade ont bel et bien lieu au Moyen-Orient, même partiellement, il faut s’attendre à ce que les prix du pétrole atteignent 150 dollars le baril, voire plus. Les Etats-Unis et l’Europe occidentale connaîtront alors une récession pire que celle de 2008 et que le précédent choc pétrolier de 1974.

Lors de la récession de 1974, l’indice Dow Jones a chuté de 45%. Cela équivaudrait à un effondrement de plus de 15 000 points du Dow Jones par rapport aux niveaux actuels. Le marché pourrait chuter d’au moins 30% rien qu’en cas de récession, et même de 50% si la guerre en Ukraine ou en Israël s’intensifie, ou si une crise financière mondiale survient. Ne l’excluez pas des possibilités.

Les principaux secteurs qui surperformeront, même dans un marché en baisse, sont l’énergie, la défense, l’agriculture et l’exploitation minière.

Les matières premières seront en demi-teinte en 2024. Les produits de base tels que le cuivre, le minerai de fer, le charbon, les métaux non précieux et les produits agricoles diminueront au fur et à mesure de la récession. L’or et l’argent devraient tirer leur épingle du jeu grâce à la baisse des taux d’intérêt et à la ruée vers les actifs de qualité.

L’énergie sera volatile. Elle aura tendance à baisser en raison de la faiblesse de l’économie, mais remontera occasionnellement en raison des craintes géopolitiques.

La seconde phase de la crise bancaire, plus importante et plus aiguë, se profile après la période de calme qui a prévalu depuis le mois de juin. Cette nouvelle crise se concentrera sur une vingtaine de banques disposant de 200 à 900 milliards de dollars d’actifs – les banques régionales de taille moyenne qui ne sont pas trop grandes pour faire faillite. Les crises de ce type peuvent s’auto-alimenter et entraîner des pertes allant bien au-delà des banques les plus vulnérables. Une nouvelle crise financière mondiale pourrait en résulter.

« Puissiez-vous vivre des temps intéressants », dit un vieux proverbe chinois. Nous vivons effectivement une époque intéressante, et elle le sera d’autant plus en 2024.

Soyez prêts.

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