La Chronique Agora

2021 : commençons par une confession

Investissement et économie sont indissociables… mais très différents : pour prospérer, mieux vaut donc partir sur de bonnes bases – voici comment.

Commençons par une confession. C’est même une confession en deux parties… parce que j’ai beaucoup à confesser.

Premièrement, je publie des conseils d’investissement depuis 1980… mais je ne me suis intéressé à l’investissement lui-même – plutôt qu’à l’économie – que lorsque je me suis penché sérieusement sur l’argent de mes enfants et petits-enfants.

C’est une chose que de gagner de l’argent dans une entreprise ou une activité. C’en est une toute autre que de protéger sa fortune en l’investissant correctement.

L’investissement, ce n’est pas l’économie. Avec l’économie, on étudie comment les gens travaillent ensemble, selon différentes façons, pour construire de la richesse… le genre de conditions qui les aident… les circonstances et les politiques qui les en empêchent… et pourquoi certains prospèrent alors que d’autres non.

Petit groupe contre millions de personnes

Etudier l’économie est fascinant, parce que les gens sont fascinants… et l’action collective de ces mêmes gens – les grandes choses qu’ils entreprennent ensemble – est particulièrement distrayante.

Il vaut mieux cependant s’en distancer. Parce que l’action collective à grande échelle, avec planification centrale, est quasiment toujours contre-productive et fréquemment désastreuse.

Dans la mesure où les êtres humains sont mal équipés pour gérer les problèmes liés à la politique moderne, nous avons tendance à nous retrouver dans le pétrin. Nous sommes capables de comprendre les soucis de petite taille générés dans une communauté limitée.

Nous savons ce que valent les choses. Nous avons une idée relativement correcte, dans le cadre d’un petit groupe, de la manière de travailler ensemble.

Mettez les gens dans un grand groupe, en revanche… par millions… et confrontez-les à un système de santé, à la dette gouvernementale ou à la guerre… et on obtient l’ignorance multipliée par le carré du nombre de personnes impliquées.

Il en résulte quasi-toujours un désastre total.

J’avais tort…

La deuxième partie de ma confession ? La voici : si je ne me suis pas intéressé à l’investissement durant les 60 premières années de ma vie, c’est en partie parce que je pensais que c’était en grande partie une perte de temps. J’avais tort…

Je pensais que c’était une perte de temps parce que j’ai commencé à apprendre l’investissement dans les années 1970 et 1980. A l’époque, l’Hypothèse des marchés financiers efficients (HMFE) était populaire. J’étais sceptique à son sujet, mais je l’ai acceptée comme étant en grande partie vraie. Pas entièrement, et pas de manière prouvable… mais, en termes logiques et théoriques, elle me semblait raisonnable.

En deux mots, l’HMFE affirme qu’à chaque instant, les marchés reflètent l’intégralité des faits et opinions disponibles. Ils agrègent ensuite cette information et en déduisent un prix.

Ce n’est pas nécessairement un prix parfait, dans la mesure où il est souvent basé sur des choses qui se révèlent être déraisonnables, futiles ou fausses… mais c’est le mieux qu’on puisse faire. Et si on peut battre le marché – si on peut trouver un meilleur prix, en d’autres termes –, c’est probablement de la chance.

Je pensais que ce point de vue était correct. Je pense encore qu’il est plus vrai que faux… et qu’il vaut la peine d’y croire, même s’il n’est pas vrai.

Les investisseurs qui pensent qu’il est impossible de battre le marché, en d’autres termes, ont moins de chances d’utiliser leur cerveau primitif et tribal pour tenter d’y arriver. Ils sortent généralement gagnants.

Formule gagnante

Vous avez probablement vu les études. Elles sont nombreuses. Elles montrent toutes que l’investisseur moyen s’en tirerait mieux en n’essayant pas de battre le marché.

En tentant de choisir les meilleures actions… et en plaçant ses ordres d’achat et de vente pour tenter de faire mieux que le marché lui-même, l’investisseur moyen part avec un handicap – et termine avec une performance qui n’atteint même pas un cinquième de celle du marché lui-même.

L’adepte de l’HMFE regarde cela et dit : « Vous voyez ? Nous avions raison ; on ne peut pas battre le marché. »

Cependant, je sais maintenant que l’HMFE est moins exacte que je le pensais. Et nous l’avons nous-mêmes prouvé…

Deux des lettres d’investissement que nous publions aux Etats-Unis ont plus que doublé la performance du S&P 500 sur une période de 10 ans.

Est-ce de la chance ? Eh bien, elle joue peut-être un rôle. Il semble toutefois assez peu probable que la foudre frappe deux fois au même endroit… et que les deux analystes ayant battu le marché utilisent une approche similaire de l’investissement par la valeur – l’approche utilisée par un gentleman bien connu, vivant à Omaha, dans le Nebraska.

Selon Bloomberg, le rendement de Warren Buffett est régulièrement supérieur à celui du marché sur le long terme. Pure chance ? Sans doute pas…

Comment tirer profit des erreurs

Le temps, la patience, l’énergie, le travail et la discipline – dans quasiment tous les aspects de la vie, ces qualités rapportent. Je pense qu’elles rapportent aussi dans le monde de l’investissement. C’est-à-dire qu’il est sensé d’investir le temps et les efforts nécessaires pour tenter de découvrir ce que valent vraiment les actions.

Si on y travaille suffisamment longtemps, et en se donnant assez de peine, je pense qu’on peut battre le marché.

Nous verrons pourquoi dès demain.

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