Marchés boursiers, monnaie, emploi, immobilier… tout va bien. Mais dans ce cas, pourquoi des signes de crise apparaissent-ils ?
Des tempêtes du siècle, au sens métaphorique du terme, se produisent-elles dans les domaines de la politique et des marchés financiers ?
Réponse : oui… sous réserve que les conditions d’une tempête du siècle soient réunies. Les multiples événements constituant une véritable tempête du siècle doivent être indépendants, rares, et converger de façon presque impossible. Tout ce qui ne correspond pas à ces critères se range dans la catégorie du cliché et n’est qu’insignifiant ou encore ordinaire.
Malheureusement, une tempête du siècle politique et de marché couve à l’heure actuelle, et pourrait se produire le 3 novembre 2019. En fait, cette nouvelle tempête du siècle pourrait frapper dès le jour d’Halloween en 2019, ce qui en ferait une nouvelle « tempête d’Halloween ». Préparez-vous.
Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
En 40 ans de carrière dans la banque et sur les marchés financiers, j’ai vécu un certain nombre de fiascos financiers que l’on pourrait sans doute qualifier de tempêtes du siècle.
En voici la liste :
- 1970 : Faillite de PennCentral, à l’époque la banqueroute la plus vaste de l’histoire
- 1973/1974 : Embargo pétrolier de l’OPEP
- 1977/1980 : Hyperinflation aux Etats-Unis
- 1982/1985 : Crise de la dette latino-américaine
- 1987 : Krach de marché de 22% sur une journée
- 1988/1992 : Crise des Savings and Loans ou S&L (caisses d’épargne américaines)
- 1994 : Crise « Tequila » mexicaine
- 1997 : Crise financière asiatique
- 1998 : Crise Russie/Long Term Capital Management (LTCM)
- 2000 : Krach des dot.com
- 2007 : Effondrement du marché des prêts immobiliers
- 2008 : Crise Lehman Brothers/AIG […]
Chacun de ces épisodes a été précédé d’une complaisance ou d’une euphorie colossales.
Avant l’embargo pétrolier de l’OPEP, tout le monde pensait que le pétrole serait éternellement bon marché. Avant la crise de la dette latino-américaine, les pays tels que le Brésil et l’Argentine étaient soi-disant des « territoires d’avenir ». Personne ne se préoccupait d’un krach de marché, en 1987, parce que nous possédions des « assurances de portefeuille ». Les S&L ne pouvaient être en difficulté car elles bénéficiaient d’une garantie de la FSLIC (Federal Savings and Loan Insurance Corp.).
Le Mexique ne pouvait pas avoir d’ennuis car il possédait du pétrole. L’Asie ne pouvait pas connaître des difficultés car elle bénéficiait d’une main-d’œuvre bon marché, d’une forte croissance et de taux de change « fixes ». La Russie n’allait pas faire faillite car c’était une « puissance nucléaire ».
LTCM n’allait pas faire faillite car il y avait deux Prix Nobel à bord. Les dot.com n’allaient pas faire faillite car elles fascinaient tout le monde.
Les prêts immobiliers étaient solides car nous n’avions jamais vécu une chute des prix de l’immobilier d’envergure nationale. Lehman Brothers était trop important pour faire faillite (« too big to fail »), tandis qu’AIG s’apparentait au rocher de Gibraltar.
Bref, les fiascos dont j’ai été témoin « n’étaient pas censés arriver ». Mais ils sont arrivés. Les pires crises sont toujours précédées de cette impression que rien ne peut mal tourner. Or nous nous trouvons à nouveau dans ce contexte.
De nouveaux éléments à anticiper
Les actions atteignent des sommets historiques. Le krach obligataire ne s’est pas produit. Les taux d’emprunt immobilier sont proches de leurs plus bas des années 1960. La volatilité des taux de change est faible.
Le taux de chômage US enregistre un plancher de 50 ans. Les salaires réels augmentent (du moins un peu). Il y a plus d’offres d’emploi que de demandeurs d’emploi. L’Etat islamique est vaincu. Le Brexit est suspendu indéfiniment. Tout va bien ! Pourquoi est-ce que je m’inquiète ?
Je ne peux imaginer de meilleur décor pour une catastrophe. Personne ne voit jamais arriver le désastre. Justement. Alors quels sont les éléments de cette nouvelle tempête du siècle que j’anticipe sur les marchés ?
Le premier est la démarche entreprise par le camp démocrate de la Chambre des représentants en vue de destituer le président Trump. Le deuxième est l’orientation socialiste-progressiste que pourrait prendre la campagne électorale à la présidentielle de 2020. Le troisième, ce sont les répercussions du rapport Mueller et de l’imposture de la collusion avec la Russie : ce que moi et d’autres appelons le « Spygate ».
Ces éléments sont indépendants les uns des autres mais pourraient fortement converger au cours des prochains mois, comme nous le verrons plus en détails dès demain.