Wall Street devient si nerveux que certains se demandent si Buffett n’a pas eu encore raison.
La volatilité a ressurgi de partout en cette entame de mois de septembre.
A Wall Street comme à Tokyo, sur le pétrole comme sur les marchés obligataires, sur le FOREX comme sur le Bitcoin.
Aucune classe d’actifs, aucun secteur de la cote n’y a échappé. Cela rappelle un peu le coup de semonce du 1er au 5 août (affolement de la parité yen/dollar).
Les « sherpas » des marchés (banquiers centraux, institutions financières « globales » comme BlackRock, Vanguard, State-Street, etc.) ont réussi à reprendre le contrôle de la situation, et à effacer toutes les pertes de Wall Street en moins de 15 jours. Pour ce faire, ils ont littéralement éteint la volatilité en moins de dix séances.Wa
Le « VIX » – passé de 16 à 65 en trois jours – avait été ramené sous les 15 dès le 16 août, et les indices US étaient revenus au zénith, le Dow Jones battant de nouveaux records, dans des marchés largement désertés par les investisseurs, avant comme après la réunion de Jackson Hole… Attentisme en amont, « fait accompli », sitôt prononcé le discours de Powell.
La fin du mois d’août s’est déroulée comme dans un rêve, sous les auspices de l’amorce d’un cycle de détente des taux – dès le 12 en Europe, le 19 aux Etats-Unis. Wall Street a eu trois jours pour savourer son bonheur (le lundi 2 septembre était férié aux Etats-Unis).
Le mardi 3, première séance du mois de septembre, brusque changement d’ambiance. Les acheteurs sont absents et le resteront les trois séances suivantes.
Résultat, la semaine écourtée sur les marchés US se solde par le plus lourd repli hebdo observé depuis 18 mois sur le S&P 500, et la plus forte baisse hebdomadaire du Nasdaq depuis janvier 2022, plombé par l’indice SOXX des semi-conducteurs qui lâchait plus de 12%.
De sérieux doutes sur la trajectoire de la croissance se confirment, et l’hypothèse d’une baisse de taux de 50 points le 19 septembre pourrait signifier que la Fed a sous-estimé la dégradation des paramètres économiques, notamment de l’emploi (le « NFP » du mois d’août est médiocre, juin et juillet sont de nouveau revus à la baisse), et agit déjà trop tard. Tout comme elle avait trop tardé à réagir contre l’inflation.
Mais le surgissement des doutes sur la stratégie de la Fed n’a pas perturbé que les indices boursiers : les bons du Trésor américain ont connu le vendredi 6 un accès de volatilité sans précédent, avec une véritable séquence « portes de saloon » entre 14h30 et la publication des chiffres de l’emploi au mois d’août et 22h.
A l’issue de la semaine, c’est également un changement majeur qui s’opère : la courbe des taux est redevenue « classique », après 780 jours d’inversion, avec un dix ans affichant 5 à 6 points de plus que le deux ans, lequel efface 23 points sur la semaine écoulée, ce qui traduit l’anticipation d’une probable détente de 50 points des taux, au lieu de 25 une semaine auparavant.
L’autre fait marquant de ces premiers jours de septembre, c’est la confirmation de l’étroite corrélation entre l’évolution du Nasdaq – et plus précisément du SOXX – et celle du Bitcoin, qui chutait parallèlement de 8% et qui vient menacer le support majeur des 54 000 $.
Le S&P 500 – troublante coïncidence – a également terminé la semaine au contact d’un support majeur : 5 400 points… soit un zéro de moins.
La semaine qui débute promet d’être intéressante…
Il y a ceux qui savent que 5 400 points et 54 000 $ sont des seuils cruciaux (et feront tout pour les défendre), et ceux qui deviennent « nerveux ». Ces derniers se demandent si Warren Buffett n’a pas eu raison une fois de plus, en se délestant de près de 280 Mds$ ces neuf derniers mois, expliquant qu’avec un ratio de capitalisation de deux fois le PIB des Etats-Unis (affiché dès mi-juillet), il ne voyait plus quel potentiel de gain espérer à Wall Street.
Certains doivent maintenant se demander à quel niveau il jugera intéressant de racheter : d’expérience, il sait qu’il s’écoule entre 18 et 24 mois entre le moment où la Fed commence à réduire le loyer de l’argent et celui où les marchés achèvent leur correction, avec des cours vraiment fracassés et des investisseurs complètement déprimés.