La Chronique Agora

Wall Street se donne de faux airs de nuit d'Halloween

▪ Les marché américains ont renoué vendredi avec un climat de peur qui s’est renforcé  à l’approche de la tombée du jour. Mais même avec des bonbons plein les poches et du chewing-gum pour tenter de canaliser le stress… pas moyen d’éloigner les fantômes de la baisse et la Grande Faucheuse venue moissonner les bénéfices engrangés par les marchés.

La désillusion est considérable, surtout lorsque l’on passe en revue les statistiques et les trimestriels publiés aux Etats-Unis depuis mardi dernier. En effet, il n’y avait pratiquement rien à jeter… à part peut-être le tassement de 0,5% de la consommation au mois de septembre — qui était tout sauf une surprise !

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Et si vous vous réveilliez 390 euros plus riche demain matin ?
C’est ce qu’on fait les traders qui suivent les conseils de Jérôme Revillier : en jouant la paire livre/yen au bon moment, ils ont pu gagner près de 270 euros entre le mardi 27/10 et le mercredi 28/10.

Et ce n’est pas tout ! Le 27/10 encore, Jérôme et ses lecteurs se plaçaient sur la paire euro/dollar… pour un gain de 122 euros en quelques heures

Oui, +390 euros en 24 heures… c’est possible ! Et c’est bien plus simple — et sûr — que vous le pensez sans doute. Tenté ? Continuez votre lecture pour tout savoir…

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La correction de 3% de Wall Street a pris tout le monde de court. Nombre d’acheteurs qui croyaient voler au secours de la victoire des bulls ont le net sentiment d’être tombés dans un traquenard : ils croyaient avoir fait une bonne affaire jeudi en rachetant le marché 4% en-deçà de son zénith annuel.

Il faut dire que CNBC s’était empressé de divulguer un sondage dans lequel les professionnels affirmaient en choeur que les indices boursiers devraient clôturer l’année au-dessus des niveaux médians du mois d’octobre.

▪ A Paris, beaucoup d’opérateurs croyaient encore à l’accident de parcours mercredi soir, lorsque le CAC 40 avait enfoncé les 3 745 points en direction des 3 640 points. Les acheteurs avaient repris la main jeudi grâce au PIB américain ; ils la gardaient vendredi matin en l’attente d’une nouvelle série de statistiques américaines qui avaient peu de chance de décevoir.

Alors que l’indice phare flirtait jusqu’à la mi-journée avec les 3 700 points, le marché parisien a entamé une vertigineuse glissade de 3%, sans le moindre rebond intermédiaire. Il a enfoncé au passage le plancher mensuel des 3 630 points (du 2 octobre) pour afficher en clôture un score hebdomadaire de -5,25%.

Ce score apparaît franchement surréaliste compte tenu des bonnes nouvelles dont les commentateurs se sont logiquement réjouis tout au long de la semaine… Mais combien de séances tout au long de la période estivale s’étaient soldées par des gains de 2% et plus sans que les chiffres économiques ou les informations émanant des entreprises ne le justifient ?

Nous avons gardé en mémoire une longue liste d’accélérations haussières matinales de 2% à 3% demeurées inexpliquées à Paris… mais correspondant au déroulement d’un scénario prédéterminé puisque reproduit fidèlement par les indices américains dans l’après-midi (avec ou sans l’appui de statistiques globalement favorables).

▪ Nous assistons simplement à une perpétuation de ce phénomène — mais à la baisse cette fois-ci. Les places européennes ont replongé de 3,05% ce vendredi sans crier gare, effaçant près de deux fois les gains engrangés la veille. Les indices américains (-2,5% en moyenne) ont eux aussi été victimes d’un accès de déprime complètement décarrelé de l’indice PMI de Chicago, ressorti en forte hausse à 54,2 en octobre — contre 46,1 en septembre.

Le mystère ne s’éclaircissait guère avec la confiance des ménages de l’université du Michigan : il a été révisé à la hausse à 70,6 pour le mois d’octobre, après une première estimation de 69,4.

C’est peut-être là que pouvait résider un petit sentiment de déception puisque le baromètre affichait 73,5 en septembre… Quoi qu’il en soit, ce serait de toute façon un prétexte bien léger pour justifier une chute de 100 points du CAC 40 en l’espace de deux heures de cotations.

Ces chiffres étaient par ailleurs déjà intégrés par les marchés depuis l’annonce, jeudi dernier, d’un rebond de 3,5% de l’activité économique américaine au troisième trimestre.

La faible progression des coûts salariaux (+1,5% seulement au troisième trimestre) induit en revanche une moindre distribution de pouvoir d’achat. Cela génère de sérieuses interrogations au sujet d’un ralentissement de la consommation à quatre semaines du week-end crucial de Thanksgiving.

▪ Certains investisseurs bien informés commencent peut-être à intégrer un facteur bien précis : la possibilité que la Fed normalise plus rapidement que prévu sa politique monétaire et commence à réabsorber des liquidités qui circulent en excès sur les marchés.

Il n’échappe désormais à personne qu’une série de bulles se sont formées sur les actions, les junk bonds et obligations à haut rendement, et enfin les matières premières. Sur ces dernières, la demande finale ne justifie pas la hausse… mais les déficits américains plombent le dollar.

Nombre de voix s’élèvent dans l’entourage de Barack Obama mais aussi en Europe pour fustiger le retour des conduites à risque des banques. Elles jouent désormais sur les marchés l’argent que les Etats leur ont avancé afin qu’elles les prêtent aux entreprises et aux particuliers — ce qu’elles s’abstiennent de faire tant il y d’argent à gagner ailleurs.

Les vendeurs à découvert sur le dollar (carry trade en faveur de l’euro et du huard canadien) craignent que la Fed ne puisse continuer de les laisser agir impunément avant le sommet américano-chinois. L’euro a corrigé de 2% en 72 heures ; le pétrole rechutait parallèlement de 2,5%, à 78,2 $, entraînant dans son sillage les valeurs pétrolières. Elles ont dévissé de 5% en moyenne à Wall Street vendredi soir.

▪ A Paris, aucune valeur du CAC 40 n’a fini dans le vert. Idem pour le Dow Jones avec une véritable hécatombe parmi les valeurs bancaires : -7,3% sur Bank of America, -5,85% sur JP Morgan, -4,6% sur Morgan Stanley, American Express… Même Goldman Sachs avait étonné les marchés mercredi en abaissant sa prévision de croissance américaine de 3% à 2,7% — contre un consensus médian de 3,3%.

Mais 48 heures plus tard, tout se passait effectivement comme si le département du Commerce américain avait publié un PIB de 2,7% au lieu des 3,5% (secrètement) anticipés par le marché.

Le communiqué anachronique de Goldman Sachs aurait-il eu valeur de message codé à l’intention des initiés ? C’est idée nous avait traversé l’esprit mercredi. Elle était devenue une hypothèse jeudi… nous ne sommes pas loin de l’élever au rang de conviction forte depuis vendredi.

Des bruits filtrant de Wall Street indiquent que Goldman Sachs est gros vendeur depuis une semaine. Nous avons toujours du mal à évaluer en temps réel la stratégie d’une firme qui pèse 50% des volumes quotidiens sur le floor — et qui est donc maître du jeu boursier depuis bientôt neuf mois. Cependant, il est difficilement concevable qu’un mouvement directionnel baissier aussi brutal puisse se développer sans l’approbation tacite du numéro un américain, voir sa totale coopération.

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