** La semaine qui s’est achevée le 22 mai a été marquée par un sursaut de +3% (en moyenne) des indices boursiers européens. Ces derniers auraient bénéficié d’un contexte macro-économique apparemment plus souriant que lors des semaines précédentes.
Wall Street aurait au contraire été pénalisé par une dégradation persistante du secteur immobilier. L’absence de récidive après l’embellie de février a fini par faire douter Wall Street du bien fondé de la thèse du coup de talon au fond de la piscine…
Et là, le contraste entre les deux rives de l’Atlantique est saisissant : les valeurs françaises alignaient quatre séances positives sur une série de cinq, tandis que le Dow Jones a consolidé symétriquement à quatre reprises et ne gagnait que 0,1% sur la semaine écoulée.
L’optimisme des gérants américains a également été douché par le rapport économique de la Fed paru mercredi dernier. Il atteste d’une reprise… mais plus lente que prévu, ce qui induit une réduction de son estimation du PIB US pour la fin de l’année 2009 et la multiplication des expédients monétaires pour tenter de faire redémarrer la machine en l’inondant de liquidités.
Même si l’image peut paraître facile, sa pertinence s’accroît au fil des semaines : à force d’augmenter le débit du carburateur, la Fed prend le risque de noyer définitivement le moteur.
** Nous ne savons trop si c’est l’odeur d’essence flottant dans l’air ou l’impression d’impuissance se dégageant de l’attitude du pilote — Ben Bernanke — et de son copilote — Tim Geithner — qui indispose les cambistes… mais ces derniers sont en train de déserter le paddock du dollar pour s’en aller chercher refuge vers des écuries qu’ils jugent plus compétitives.
Le billet vert repasse sous les 1,40/euro et les 95 yens pour la première fois depuis la mi-janvier. Il a été plombé par les craintes de dégradation de la notation des émissions de l’état fédéral américain (48 heures après l’abaissement de la notation dette britannique) pour cause de déficit budgétaire historique (13% du PIB cette année… vous connaissez ce chiffre par coeur mais certains cambistes pensent déjà à un score de 15%).
** Tout valant soudain mieux que le dollar depuis mercredi dernier, le baril de pétrole light sweet crude livraison juillet grimpait de 59 $ vers 61,5 $… et de nombreux spécialistes l’attendent au-delà des 65 $ d’ici la fin du premier semestre. Quant à l’or — qui flirte avec les 960 $ l’once — le retracement des 1 000 $ ne devrait constituer qu’une formalité (Françoise Garteiser le rappelait opportunément ce week-end, nous n’y revenons pas).
L’euro a pris pas moins de 3,5% sur la semaine ; l’arbitrage au détriment du billet vert (la Chine est lourdement suspectée de vendre des emprunts américains longs pour acheter des billets de trésorerie à maturité courte) s’est effectué sur un large front puisque les actions en ont également profité.
** A Paris, le CAC 40 a repris 1,9% sur la semaine écoulée. Les investisseurs justifient leur stratégie par la perspective d’un rééquilibrage de la croissance au profit du Vieux Continent.
Ils en veulent pour preuve la hausse de l’indice PMI des services (baromètre du secteur tertiaire) en Zone euro… et peu importe si les carnets de commande dans l’industrie continuent de fondre (les valeurs cycliques ont été particulièrement recherchées la semaine dernière, notamment les constructeurs automobiles et les spécialistes des matériaux de construction).
Mais aucun triomphalisme n’est de mise : les échanges à Paris se sont caractérisés par des volumes d’une extrême étroitesse avec une moyenne quotidienne tombant en-deçà des 2,6 milliards d’euros.
Le pont de l’Ascension n’a certes pas encouragé les initiatives… mais cela ne change rien au débat de fond : à part des achats techniques de gérants trop liquides, le mot d’ordre général est l’abstention depuis la mi-avril.
La tendance devrait malheureusement se confirmer ce lundi, pour cause de jour férié à Wall Street (Memorial Day).
Philippe Béchade,
Paris