Il brise les marchés, force la fragmentation et provoque des tsunamis de hausse de prix partout où il va !
Le superhéros de l’économie moderne, Davos Man, était à l’honneur la semaine dernière. A notre avis, il fait plus de mal que de bien.
Mais ils étaient tous là… les grands et les bons, l’Establishment, l’élite de l’élite ; ce sont les « leaders mondiaux » d’aujourd’hui. Ils se sont réuni dans leur forteresse de Davos, en Suisse – gardée par 5 000 soldats locaux – pour ruminer sur ce qui ne va pas dans le monde et sur la façon de l’améliorer.
« Nous allons devoir réparer nos chaînes d’approvisionnement défaillantes », déclare un grand patron d’entreprise.
« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour développer un système durable d’intrants énergétiques », soutient un autre.
Rencontre d’accents
Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial, affirme avec son fort accent germanique que nous devrons « effacer les coûts énormes » de ce qu’il pense être une année difficile de « transformation ».
Bien sûr, le monde est toujours en train d’oublier son passé… ses vieilles technologies… et ses cryptos ratés. Il est toujours en train de se transformer. Comme nous l’avons évoqué hier, les choses deviennent leurs contraires… les marchés haussiers se transforment en marchés baissiers… les pays jeunes et dynamiques deviennent vieux et dégénèrent… Les chaussures blanches aspirent à la boue.
M. Schwab n’est pas seulement un observateur de la « transformation ». Il est un activiste. Son but n’est pas de suivre, mais de diriger. Et c’est là que réside un récit important. Car comment sait-il où le monde devrait aller ? Le boulanger de Berlin… le lumpenprolétariat de Las Vegas – chacun a sa propre destination.
Peu importe. Davos Man sait tout.
Mme Kristalina Georgieva, quant à elle, a un délicieux accent bulgare. Passée par la Banque mondiale, elle a remplacé Christine Lagarde au FMI, qui avait remplacé Dominique Strauss-Kahn. Mme Lagarde a ensuite pris la tête de la Banque centrale européenne.
A Davos, Mme Georgieva a repris le thème de la « transformation » :
« 2023 sera une année difficile pour le monde. Le bon côté des choses, c’est que nous pouvons l’utiliser pour transformer l’économie et accélérer les changements qui sont positifs pour notre climat et pour la croissance. Au FMI, nous reconnaissons notre responsabilité de devoir être une force pour le bien. »
Nous n’allons pas rester les bras croisés et voir quelle direction le monde prend, explique-t-elle ; nous allons le pousser !
Un ordre mondial non libre
Le principal défi auquel est confrontée la planète, selon elle, est la « fragmentation ». Elle entend par là que l’ordre mondial – que les hommes (et les femmes) de Davos ont contribué à créer – est en train de se fissurer. Elle n’a pas mentionné le principal coupable – le gouvernement américain ; il a abandonné le libre-échange en faveur de son opposé. Ses sanctions, restrictions et tarifs douaniers fragmentent désormais les marchés et réduisent la prospérité du monde entier.
C’est ainsi que Mme Georgieva est venue à Davos pour présenter un rapport, préparé par les petites mains diligentes du FMI, qui montre que s’ils « gèrent » l’économie mondiale avec soin, le coût de cette « fragmentation » ne serait que de 0,2% de la production mondiale. Pas 0,3%. Pas 0,1%.
Ces chercheurs ont dû frapper les chiffres si fort pour en arriver là qu’il est surprenant que l’arbitre n’ait pas arrêté le combat. Mais ils n’ont cessé d’asséner des coups, plaçant la croissance de l’économie mondiale à 2,7% pour l’année à venir.
Leurs calculs sont ridicules. Imaginez que vous essayiez de déterminer l’effet d’événements inconnus sur un avenir incertain dans une économie mondiale de 90 000 Mds$ en grande partie non cartographiée. A un dixième de pour cent près !
Mais à quoi vous attendez-vous ? Le plus grand événement financier de 2022 a été la hausse spectaculaire de l’inflation, qui a atteint son niveau le plus élevé depuis 40 ans. C’est ce qui a forcé la Fed à inverser sa politique monétaire… et a coûté aux marchés d’actifs mondiaux des pertes estimées entre 20 et 30 000 Mds$. (Les estimations varient !)
Le tsunami des prix
Au printemps 2021, le tsunami des hausses de prix était visible à l’horizon. Quiconque prenait la peine de regarder pouvait le voir venir. Les autorités américaines avaient coupé les approvisionnements en biens et services (avec leurs confinements)… et elles avaient considérablement augmenté l’offre d’argent (avec leurs chèques de relance, leurs allocations de chômage et programmes de prêts aux entreprises).
Consultez n’importe quel guide de l’inflation pour les nuls ; vous verrez que le résultat est forcément une hausse des prix. Mais les économistes du FMI ne sont ni des nuls, ni des réalistes ; ce sont des fantaisistes. Voici un résumé de CNNBusiness de leur point de vue, en avril 2021 :
« Le FMI a attribué la solidité des projections de croissance à la poursuite des mesures de relance gouvernementales et au déploiement des vaccins. Il a déclaré que les prix à la consommation pourraient être volatils, mais il ne s’attend pas à ce que des niveaux élevés d’inflation s’installent en raison de la faible croissance des salaires et du chômage. »
Bien vu !
Quelle merveilleuse brochette d’ahuris et de poseurs pompeux. Nous parlons de toute la foule de Davos… ainsi que de leurs économistes de compagnie. Il doit être délicieux – d’une manière enfantine, bien sûr – de penser que l’on peut non seulement prédire l’avenir… mais aussi l’améliorer avant qu’il ne se produise.
Non contents de diriger leurs propres entreprises, gouvernements et organisations à but non lucratif, ils pensent qu’ils peuvent « transformer » l’ensemble de la vie humaine sur Terre… et effacer tout ce qui s’y oppose.