La situation critique des villes américaines ne laisse rien présager de bon pour le cœur du commerce, autrefois prospère…
« Je préfèrerait être mort qu’à Philadelphie. »
~ W.C. Fields
Des zombies traînent dans les rues. Des fenêtres sont brisées. L’odeur des poubelles empeste les allées. Les bâtiments sont abandonnés. La chaussée est abîmée.
Est-ce une description de Bakhmut ? Baltimore ? Ou de toutes les grandes villes américaines dans 30 ans ?
La semaine dernière, nous avons vu ensemble que les grandes villes ont été durement frappées…
… par des gouvernements locaux incompétents et parasitaires, qui les ont transformées en enfer où règnent la criminalité, la saleté, la paresse et l’insolvabilité…
… par des programmes nationaux qui mettent en place des bureaucraties pour lutter contre la pauvreté, qui créent des citoyens dépendants de l’aide sociale… et un trafic de drogue florissant…
… par les différents confinements, qui ont normalisé le travail à distance…
… par la Fed et ses taux d’intérêt faussement bas, qui ont fait grimper les prix de l’immobilier à un niveau tel que la classe moyenne ne pouvait plus se les permettre…
… et maintenant, par des taux d’intérêt plus élevés qui rendent difficile le refinancement de l’immobilier commercial urbain…
Mais attendez. Ce n’est pas tout.
Là où était l’argent
Arrivés à la gare de Londres St. Pancras, nous avons fait la queue pendant 45 minutes pour prendre un taxi. Ensuite, il nous a fallu près d’une demi-heure de plus pour nous rendre au bureau… la circulation était dense… et souvent interrompue par des équipes de construction routière.
Les voyages en avion peuvent être pires. Il faut parfois autant de temps pour traverser un grand aéroport que pour s’y rendre. Si vous avez déjà pris l’avion à l’aéroport de Londres Heathrow, vous savez à quel point cela peut être un cauchemar. L’aéroport est immense. Et bonne chance pour trouver le parking.
Et combien de temps faut-il pour traverser les villes de Los Angeles ? Buenos Aires ? Ou São Paulo ?
Les villes se sont créées naturellement. Elles étaient à l’origine les centres du transport, des échanges, du commerce, de l’industrie, de la criminalité, de la corruption, de la finance et du divertissement. La plupart d’entre elles étaient situées sur des routes commerciales ou disposent de ports accessibles. Leur localisation était pratique pour envoyer des produits sur différents marchés.
En se développant, elles ont pu bénéficier de « l’effet de réseau ». Les différents acteurs de la ville étaient en contact avec les producteurs et les consommateurs, et il était donc facile de conclure des accords… d’apprendre… et d’innover. C’est dans les villes que se trouvait l’argent, y compris les agences gouvernementales et les bureaux des impôts. Les ambitieux s’y précipitaient.
En règle générale, les gens sont plus élégants dans les zones urbaines chics qu’à la campagne. Les opportunités économiques et sociales attirent les hommes et les femmes les plus attirants, les entrepreneurs les plus riches, les écrivains et les inventeurs les plus brillants, les acteurs les plus célèbres, les hommes politiques les plus puissants – n’importe qui jouissant d’un statut particulier – vers les zones urbaines.
Des rendements décroissants
Mais à mesure que les villes se sont développées, les problèmes se sont multipliés. La circulation s’est ralentie. Il est devenu difficile de trouver une place de parking. Les prix de l’immobilier ont augmenté. Et leur taille de plus en plus grande – autrefois un avantage – a joué en leur défaveur.
La congestion du trafic a été atténuée par l’installation de trains en sous-sol. Mais les prix de l’immobilier ont continué à augmenter. Les échanges de biens et de services sont devenus plus difficiles. Les camions ont ralenti. Et le coût des affaires a augmenté.
A Paris, par exemple, les agriculteurs apportaient leurs produits au célèbre « marché de nuit » des Halles. C’était un lieu joyeux, où l’on pouvait se rendre à toute heure de la nuit pour boire, manger ou simplement passer du bon temps. On y trouvait des piles de choux… des prostituées… des carcasses d’animaux… l’odeur de la soupe à l’oignon… des camionneurs, des porteurs, des restaurateurs… c’était exaltant.
Par chance, nous étions sur place le soir le plus gai… et le plus triste de tous… le soir de la fermeture du marché. Les Parisiens ont fait leurs adieux en chantant et en dansant dans les rues jusqu’au petit matin. « C’était le bon vieux temps, mon ami », entendait-on dans tous les bars et au coin des rues.
Ceux qui ont voulu améliorer le monde
Mais le marché nocturne a dû faire face à la réalité de la croissance des grandes villes. Même la nuit, Paris ne pouvait plus faire face aux camions de livraison qui entraient dans la ville. Le marché a dû être déplacé en banlieue.
Les anciennes usines ont aussi fermé leurs portes… ou ont déménagé. Les détaillants se sont installés dans des centres commerciaux de banlieue – avec des parkings ! Il ne restait en ville plus que les « costards », travaillant pour les assurances, la finance, la médecine, l’administration, ou les universités. Ces « travailleurs du savoir » pouvaient en fait effectuer leur travail à distance.
Aujourd’hui, les grandes villes sont confrontées à une nouvelle menace : les « améliorateurs du monde » ! Un mouvement idéologique se dessine pour abandonner les grandes villes au profit de villes plus petites et mieux organisées, et qui seront vraisemblablement plus efficaces sur le plan énergétique.
Une partie du plan de la « grande transition », qui consiste à passer des combustibles fossiles aux énergies « propres », implique que les gens devront vivre dans des « villes de 15 minutes ». L’idée est que les gens ne devraient jamais se trouver à plus de 15 minutes à pied des écoles, de leur travail, des magasins et des lieux de divertissement.
Pour que personne ne dépasse ces 15 minutes, nous sommes tous censés vivre dans des appartements simples et fonctionnels, manger des aliments cultivés localement (la manière de procéder n’a jamais été précisée) et disposer d’une bicyclette pour effectuer les trajets plus longs.
Nous ne savons pas mieux que quiconque ce qu’il adviendra de cela. Mais si l’on considère les choses sous n’importe quel angle – politique, financier ou économique –, investir dans l’immobilier dans les grandes villes semble être une mauvaise idée.