La Chronique Agora

Le vent favorable de Buffett

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Mettons la performance du plus grand investisseur américain face à celle de l’or… et Bill nous donne quelques nouvelles de son ranch argentin.

« Nous comptons sur l’AmericanTailwind [NDLR : le vent favorable des Etats-Unis], et, bien qu’il ait été ralenti de temps en temps, sa force est toujours revenue. J’investis depuis 80 ans – soit plus d’un tiers de la vie de notre pays. Malgré le penchant – presque l’enthousiasme – de nos concitoyens pour l’autocritique et le doute, je n’ai encore jamais vu de moment où il était judicieux de parier à long terme contre l’Amérique. Et je doute fort que les lecteurs de cette lettre aient une expérience différente à l’avenir. »
~Warren Buffett

Buffett a eu raison pendant très longtemps. Ou a-t-il simplement eu de la chance ?

La génération des baby-boomers n’a-t-elle pas été exceptionnellement chanceuse, elle aussi… en grandissant à l’époque où les Etats-Unis étaient dans la force de l’âge… accumulant des richesses à mesure que l’économie se développait et que la Fed faisait monter les prix ?

Mais hélas ! La roue aurait-elle fini par tourner ?

Pendant ce temps, sur le ranch…

Le week-end dernier, nous nous sommes mis au travail… en examinant la situation locale.

(La vallée en fleurs. Source : Bill)

Tout allait bien. La luzerne était en fleur. Les oignons étaient gros. L’eau coulait à flots. Et les gens semblaient de bonne humeur.

Quand nous sommes arrivés dans la région, il y a 15 ans, nous ne savions rien de l’agriculture en Argentine. Rien sur l’élevage du bétail. Rien sur les gens d’ici, ou la terre. Une personne prudente aurait dit : « Vous ne savez pas ce que vous faites, vous allez perdre de l’argent. »

Cette personne aurait eu raison. Nous avons perdu de l’argent chaque année. Mais nous avons progressivement appris le vieux secret des fermiers pour construire une petite fortune : voyez grand.

Nous supposons que personne ne gagne vraiment d’argent dans la vallée de Calchaqui. Tout est trop éloigné… trop cher… trop sec… trop venteux… Le sol est trop salé. Et la rivière est trop imprévisible.

Mais nos pertes se réduisent. Nous produisons des milliers de rouleaux de foin chaque année. Désormais, le bétail a de quoi manger pendant les mois secs de l’hiver. Si nous continuons à bien les gérer, que nous parvenons à les nourrir, et que le prix du bœuf se maintient… nous approchons du seuil de rentabilité.

Une chose que nous avons apprise sur l’agriculture en général est que c’est une activité à faible marge. L’agriculteur qui réussit est comme un joueur de tennis qui réussit. Il gagne en ne perdant pas. Il n’a pas besoin d’inventer une nouvelle presse à balles ou de labourer à l’envers pour essayer de tromper les corbeaux ; il ne fait simplement pas d’erreurs. Il ne gaspille pas de carburant. Il ne tergiverse pas ; il plante et récolte au bon moment. Et il surveille attentivement ses coûts ; pas de main-d’œuvre inutile… pas de réparations inutiles des machines.

Un lien ténu

« El ojo de dueño engorda la vaca. »  (L’œil du propriétaire engraisse le bétail.)

En tant que propriétaire absent – ainsi qu’en tant qu’ignorant des questions agricoles – il nous est presque impossible de conserver la moindre marge. Nos yeux sont tournés vers d’autres choses… comme les politiques de taux d’intérêt de la Fed.

Notre ranch a l’inconvénient supplémentaire d’être à cheval sur le rio Calchaqui.

« Nous aurions déjà coupé la luzerne », nous a répondu Antonio, le contremaître, lorsque nous lui avons demandé pourquoi il en reste tant dans le champ. « Mais nous n’avons pas pu faire traverser la rivière à la presse à balles. Nous devons attendre que l’eau baisse. »

La crue des eaux est un plaisir pour nous ; elle nous donne l’impression d’être isolés… romantiques… protégés du monde – comme les seuls habitants d’une île déserte. Nous pouvons toujours aller et venir… mais seulement via cette passerelle…

(Notre connexion au monde extérieur. Source : Bill)

…ou à cheval.

(Bill et Elizabeth, partis enquêter. Source : Mariah Bonner)

Mais c’est ce qui fait le charme de tout cela… de toute cette aventure en Argentine. Malgré tous ses défis et ses absurdités…

… elle est réelle.

Hier, nous avons décrit à notre fille et à notre gendre comment nous avions amélioré l’élevage du bétail.

« Ils reçoivent plus de nourriture. Donc, le taux de fertilité est plus élevé… ce qui nous donne plus de jeunes animaux (‘terneros’) à vendre. »

Ce matin, ils sont revenus d’une promenade dans les collines avec une mauvaise nouvelle : « Papa… il y a une douzaine de vaches mortes là-haut… »

Peu importe ce que vous dites… ou ce que vous pensez… Ici, vous n’êtes jamais loin de la réalité de la situation.

Revenons au monde de Warren Buffett…

Berkshire contre l’or

Nous avons été impressionnés par un graphique envoyé dimanche par un de nos collègues, Tom Dyson. Nous avons vu ces derniers jours comment les chiffres utilisés par les autorités représentent principalement des mensonges et de la désinformation. Les statistiques sont monstrueuses, avec des bras cousus là où il devrait y avoir des jambes… et d’horribles têtes en fonte.

La monnaie elle-même – le dollar post-1971 – est fausse et peu fiable. Les théories et les formules utilisées par les autorités sont défectueuses, maladroites et frauduleuses. Et nous comprenons maintenant que le boom – de 1999 à 2022, qui a fait passer le Dow Jones de 10 000 à plus de 36 000 points – était un imposteur.

Imaginons que vous étiez un investisseur intelligent. En 1999, vous avez sagement décidé d’investir votre argent aux côtés de l’investisseur le plus riche et le plus intelligent que le monde ait jamais produit – Warren Buffett.

C’était très facile à faire. En effet, Buffett gère une sorte de fonds commun de placement. Il y place les meilleures entreprises qu’il peut trouver. Et il ne demande aucun frais ni commission pour y participer. Vous achetez simplement son « fonds » – Berkshire Hathaway.

Puis, au cours des 22 années suivantes – qui, grâce à d’étonnantes avancées technologiques et à d’énormes apports de capitaux, ainsi qu’aux conseils éclairés de la Fed, auraient dû être les années les plus productives et les plus rentables de l’histoire de l’humanité – vous gardez votre argent dans Berkshire.

M. Buffett a compris il y a longtemps que le secret de la croissance du capital à long terme consiste à réinvestir les bénéfices dans une plus grande croissance du capital. Plutôt que de verser des dividendes, qui sont imposés, l’argent est utilisé pour acheter davantage de bonnes entreprises, augmentant ainsi la valeur du capital – le prix de l’action Berkshire.

Ainsi… vous avez le meilleur investisseur de l’histoire, au meilleur moment de l’histoire, avec la meilleure stratégie jamais conçue. Et pas besoin de s’embarrasser de la confusion engendrée par les dividendes ; il n’y en avait pas.

Que s’est-il passé ? Au cours des 22 années suivantes, votre investissement a grimpé, et grimpé, et grimpé. Buffett a évité les pièges évidents – les dot-coms… les vertiges du financement hypothécaire… les délires cryptographiques… et les rêves technologiques. Pas de WeWork ou de Lyft pour lui. Il s’en est tenu à de bonnes entreprises produisant de bons profits, en fournissant de bons produits et services à de bons clients.

Ses investisseurs ont-ils gagné de l’argent ? Oui, ils l’ont fait.

Mais attendez. Le graphique envoyé par Tom Dyson montre que si vous évaluez le prix des actions Berkshire en termes d’argent réel – l’or – plutôt qu’en dollars, vous constatez que vous n’avez pas gagné d’argent du tout. Une once d’or vous permet d’acheter le même nombre d’actions Berkshire aujourd’hui qu’il y a 23 ans.

En d’autres termes, il n’y a pas eu de vent américain favorable… pas au XXIe siècle. Pas encore. Ce n’était que de la « désinformation ». Le pari de Buffett sur les entreprises américaines n’a pas vraiment porté ses fruits. L’investisseur aurait tout aussi bien fait d’acheter de l’or à la fin du XXe siècle et de ne rien faire d’autre.

Et qu’en est-il des années à venir ? Les qualités qui ont fait le succès de l’Amérique – des budgets équilibrés, un gouvernement limité et un dollar fiable – réapparaîtront-elles ? Ou bien, la combinaison de la dette, de l’inflation, de la corruption, de la fantaisie fiscale, de la fraude et de la surenchère impériale condamnera-t-elle les Etats-Unis à des décennies de misère ?

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