La Chronique Agora

Uranium, géothermie, deux secteurs d'investissement pour le long terme

▪ Le mois dernier, je suis parti en voyage à l’autre bout du monde, en Australie et en Nouvelle-Zélande, pour faire des recherches sur un de mes thèmes d’investissement préférés : la pénurie grandissante de ressources telles que l’eau, les terres arables et l’énergie.

L’un des moments les plus intéressants de mon voyage a été d’emmener un groupe d’adhérents rencontrer l’un des meilleurs investisseurs matières premières au monde — Rick Rule — dans sa ferme, près d’Auckland en Nouvelle Zélande. Après avoir déjeuné ensemble, nous nous sommes penchés sur la question du marché.

Rule s’attend à ce que les marchés soient extrêmement volatils cette année, ce qu’il considère être un cadeau. C’est ce qui vous permet d’avoir des actifs pour pas cher — en particulier dans son secteur préféré, les ressources naturelles.

Rule aime les ressources pour des raisons simples : pendant longtemps, peu de nouveaux investissements ont été faits dans la plupart des industries du secteur des ressources. Alors aujourd’hui elles se rattrapent. Entre 1982 et 2000, il n’y a eu aucun investissement net dans le secteur des ressources, maintient Rule. Ces secteurs ont besoin d’investissements continus parce que, par définition, ils s’épuisent tout seul. Par exemple, si vous dirigez une mine, chaque jour où vous l’exploitez, le gisement se réduit.

▪ En même temps, la demande mondiale pour les ressources est en plein boom. "Quand les Indonésiens gagnent un peu d’argent, ils achètent des choses", explique simplement Rule. "Ils passent de la bicyclette à la voiture. Ils achètent des climatiseurs pour la première fois de leur vie. Ils achètent des réfrigérateurs". Toutes ces choses se fabriquent à partir de matériaux de base — du fer, de l’aluminium, et d’autres métaux. Ils utilisent de l’énergie.

Rule résume la situation ainsi : "quand nous, Américains, nous dépensons de l’argent, c’est pour acheter des services. Quand les pays pauvres dépensent de l’argent, c’est pour acheter des produits". Il nous fait remarquer que la Chine n’utilise que 3% du pétrole que les Etats-Unis utilisent par personne. Par conséquent, si la demande de pétrole par personne de la Chine devait augmenter ne serait-ce que jusqu’au niveau de celle de la Corée du Sud, qui représente 16% de celle des Etats-Unis, alors pour satisfaire la demande grandissante de la Chine, il faudrait la totalité de la production mondiale.

Il n’est donc pas surprenant que le secteur préféré de Rule en matière de ressources soit l’énergie. "L’énergie est bon marché, et ça ne va pas durer. Le gaz naturel est au même prix qu’en 1980, en chiffres ajustés à l’inflation". 

La demande augmente, et l’offre devient problématique. Rule nous fait remarquer que la majorité du pétrole mondial est produit par des compagnies pétrolières nationales, comme celles du Venezuela, du Pérou, d’Iran, du Mexique, et d’Indonésie — pas par les ExxonMobil et autres Chevron du monde. Ces compagnies se privent de réinvestissements pourtant nécessaires, pour dépenser les bénéfices dans leurs programmes sociaux ou pour faire avancer des objectifs politiques. Nombre de ces pays sont sur le point de mettre un terme aux exportations de pétrole, uniquement parce que la demande locale consomme presque toute la production de pétrole locale.

▪ Un autre facteur en faveur de l’augmentation des prix de l’énergie, c’est "l’hystérie carbone". Sans tenir compte de la question de la réalité du problème de réchauffement planétaire, il y a des conséquences à la politique actuelle visant à réduire les émissions de carbone. Par exemple, le slogan "le charbon, c’est mal" est devenu le point de vue de la majorité des gouvernements. Si l’on trouvait un gisement de charbon quelque part en Australie ou en Nouvelle-Zélande et que l’on voulait l’exploiter, Rule dit qu’on ne le pourrait probablement pas. Les gouvernements détestent le charbon, alors que la majeure partie du monde dépend du charbon.

Quels sont les secteurs d’investissement favoris de Rule, sur ce thème ? Ses préférés sont la géothermie et l’uranium.

"J’aime vraiment beaucoup la géothermie", dit-il. Et les Etats-Unis sont un des meilleurs endroits au monde où l’on développe les réservoirs géothermiques, transformés en station de fabrication d’énergie. Le consensus politique aux Etats-Unis, c’est que la géothermie, c’est bien. Les entreprises du secteur de l’énergie sont prêtes à payer le prix fort parce que c’est "vert". Les subventions politiques rendent le secteur géothermique encore plus attirant.

Rick Rule apprécie également l’uranium. L’uranium a eu son heure de gloire, puis le prix s’est effondré, et les actions avec, mais les entreprises n’ont cessé de progresser. "Les fondamentaux de l’uranium, ceux qui ont engendré son succès, sont encore valable". Rule dit que nous consommons plus d’uranium que nous n’en produisons. "Le prix de l’uranium doit augmenter. Et surtout, il PEUT augmenter". Ce qui signifie que le prix de l’uranium est très bas. Il pourrait doubler et n’avoir toujours pas d’impact significatif sur les comptes d’une centrale nucléaire. "Les gens ne s’intéressent pas à l’uranium aujourd’hui, mais dans trois ans, il s’y intéresseront beaucoup plus".

Les secteurs préférés de Rule sont les mêmes que les miens. Je suis un grand fan de l’achat d’actions sur le pétrole et le gaz à moitié prix en ce moment parce que, comme Rule, je suis convaincu que les prix du gaz et du pétrole seront beaucoup plus élevés dans trois ans. Mais je m’intéresse aussi aux autres secteurs de l’énergie, comme la géothermie et le nucléaire.

J’ai été convaincu par l’analyse de Rule.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile