▪ La plupart des quotidiens économiques ont fait leurs unes des dernières 48 heures sur la glissade du billet vert sous le palier des 1,50/euro. Les commentateurs se préoccupent toutefois assez peu du repli du yen, qui s’avère encore plus rapide face à l’euro depuis 10 jours (-5%).
Voilà un phénomène qui mériterait que la BCE ne reste pas trop longtemps silencieuse sur le sujet : l’Europe n’a vraiment pas besoin en ce moment d’une devise qui rivalise de fermeté avec le dollar australien ou le real brésilien. Le Vieux Continent n’exporte pas de matières premières et la reprise économique y demeure chancelante, les plans de relance du début de l’année étant beaucoup moins ambitieux et moins bien coordonnés que ceux mis en place par la Chine et les Etats-Unis.
Au-delà de ce constat qui ne trouble guère les places boursières, il faut également y voir une nouvelle montée en puissance des opérations de carry trade. Ces dernières sont le symptôme habituel d’un excès de liquidités et de la mise en place de stratégies à effet de levier — lesquelles peuvent déboucher sur de nouvelles turbulences fort dommageables pour les marché en cas de renversement des anticipations sur la politique monétaire de la Fed.
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LA DEUXIEME GRANDE DEPRESSION
Une catastrophe économique est en train de se dérouler : elle va réduire à néant l’épargne de millions de Français…
… alors que d’autres doubleront leur patrimoine dans le même temps.
Nos spécialistes avaient vu venir la catastrophe des subprime… la hausse spectaculaire de l’or… l’effondrement du système bancaire et financier. A présent, ils vous révèlent comment sortir gagnant d’une crise telle que nous n’en avions pas connu depuis les années 20 : continuez votre lecture pour tout savoir…
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Le consensus largement partagé d’un maintien des taux à un niveau proche de zéro aux Etats-Unis pendant encore trois ou quatre trimestres est probablement fondé. Ce n’est pas de cela dont les cambistes doivent se méfier ; la faiblesse du dollar est également liée à la forte conviction que l’assouplissement quantitatif mis en place fin 2008 sera prolongé au-delà du mois de décembre 2009 car la Maison Blanche et le Congrès américain y seraient favorables.
Ce n’est pas le genre de perspective dont l’Europe peut se réjouir. Une telle issue constituerait en effet un véritable feu vert des Etats-Unis à un retour du dollar sur ses planchers historiques. Les consommateurs américains n’ont pas grand-chose à y gagner non plus car cela ne rendra pas leurs banques plus prêteuses. En revanche, l’envol prévisible des prix de l’énergie pourrait entraîner une nouvelle dégradation de leur pouvoir d’achat.
▪ Les contribuables n’ont d’ailleurs pas fini d’enchaîner les mauvaises surprises de part et d’autre de l’Atlantique. Ils peuvent d’ores et déjà constater une tendance galopante à l’alourdissement de la fiscalité locale (taxes d’habitation, taxes foncières, taxes discrétionnaires destinées à financer le service public… autrement dit les emplois de fonctionnaires).
Les médias n’y consacrent que quelques entrefilets et des commentaires très factuels. Cela n’empêche pas ce phénomène de plomber dramatiquement le moral des ménages qui subissent de plein fouet la crise sur le plan professionnel.
Pour nombre d’entre eux, la fiscalité locale pèse infiniment plus lourd que l’impôt sur le revenu. C’était une évidence en France (50% des ménages ne paient pas l’IR), cela le devient aux Etats-Unis. Beaucoup de propriétaires se retrouvent doublement étranglés — à la fois par la fiscalité foncière et par la hausse des remboursements liés à des prêts à mensualité révisables (typiquement les subprime et les Alt-A).
▪ Alors que la tentation de vendre pour échapper à cette "double peine" atteint des sommets, les prix de l’immobilier continuent naturellement de chuter aux Etats-Unis. Après trois mois d’embellie toute relative sur la valeur du portefeuille de créances hypothécaires détenues par Fannie Mae et Freddie Mac, une dégradation de 0,3% s’est matérialisée au mois d’août.
Mais glissons rapidement sur cet écart symbolique. Intéressons-nous plutôt à cet étonnant paradoxe : alors que le prix médian des logements américains a chuté de 9% en moyenne ces 12 derniers mois (selon les régions), la baisse constatée par Fannie Mae et Freddie Mac n’est que de 3,6%.
L’explication est toute simple. Les banques américaines qui ont eu recours à la garantie des deux institutions parapubliques s’abstiennent d’ajuster la valeur hypothécaire des biens qu’ils ont financés à la valeur marché.
Voilà qui sème le doute sur la solidité des bilans (et les ratios de solvabilité) présentés par les établissements de crédit ces derniers jours. Il y aurait ainsi des dizaines de milliards de dollars de "survaleur" en attente d’être imputés… mais tant que ces sommes ne sont pas divulguées, le marché prend très volontiers les derniers trimestriels pour argent comptant.
▪ Les profits tirés des activités de trading ou de prime brokerage (émissions d’actions ou d’obligations dans le cadre d’un nombre record d’augmentations de capital) sont là pour distraire l’attention des investisseurs. Cela leur ôte le goût de chercher ce que dissimule la dernière couche de peinture fraîche — de couleur verte — passée sur les comptes trimestriels.
S’ils souhaitaient retrouver un surcroît d’optimisme, les gérants de fonds pourront s’inspirer du dernier rapport du Conference Board sur les indicateurs avancés aux Etats-Unis. Il a continué de s’améliorer au mois de septembre (+1% conformément aux anticipations), et ce pour le sixième mois consécutif.
Mais cela n’a pas compensé la mauvaise surprise concernant l’emploi. Les demandes hebdomadaires d’indemnités chômage progressent de 11 000, à 531 000. Le nombre global d’allocataires recule paradoxalement à 5,92 millions contre 6,02 millions mi-octobre… C’est hélas la conséquence d’une multiplication des radiations de chômeurs en fin de droits ; plus de 150 000 par mois — c’est énorme… mais cela "soulage" les statistiques et induit une embellie en trompe-l’oeil.
Les bons indicateurs avancés ont redonné un coup de fouet au baril de pétrole, qui repasse de nouveau au-dessus des 81 $. Des titres comme Exxon Mobil ou Halliburton en ont profité par extension, ce qui contribue au redressement des indices américains après la violente rechute de mercredi soir à une heure de la clôture.
▪ N’anticipant guère l’embellie de la mi-journée survenue à Wall Street, le marché parisien a terminé la journée comme il l’avait entamée… sur une perte de 1,35%, avec un score très proche de 3 820 points.
Il s’est échangé 3,3 milliards d’euros sur le CAC 40. Cinq valeurs sur 40 seulement terminent en territoire positif. Cependant, comme aucune perte ne dépasse 3%, cela signifie que les acheteurs restent à l’affût et considèrent que le seuil des 3 800 constitue plutôt une zone d’achat qu’un point pivot à la baisse.
L’incursion vers 3 792 points n’a pas déclenché de "stop-ventes"… mais cela tient au fait que Wall Street s’est rapidement redressé après avoir ouvert sur un repli initial de 0,5%.
La suite des événements a une nouvelle fois déjoué tous les pronostics. Les indices américains se sont littéralement envolés en seconde partie de séance.
Deux journées de consolidation ont été effacées en quelques heures… Les indices américains attendus en léger repli ont terminé pratiquement au plus haut de l’année. Le Dow Jones a inscrit sa seconde meilleure clôture 2009 à 10 081 points (+1,30%) ; le S&P (+1,05%) se rapproche des 1 100, à 1 093 points.
▪ L’actualité macro-économique du jour ne laissait pas augurer d’une performance aussi spectaculaire — le Dow Jones a enregistré en séance ses plus forts gains depuis le 6 octobre dernier. En fait, tout s’est s’éclairé quelques secondes après la clôture : Amazon a dévoilé un profit par titre en hausse de 69% à 0,45 $, supérieur de 35% au consensus, et un chiffre d’affaires 8% plus élevé que prévu (le titre s’envole de 13% après Bourse à 105 $). La crise… Amazon ne connaît pas.
Nous avons failli croire au même scénario s’agissant d’American Express, avec un profit de 0,53 $ annoncé initialement, supérieur de 40% par rapport au consensus (pour un chiffre d’affaires relativement conforme aux estimations). Le titre s’adjugeait 2% après Bourse en plus des 3,6% affichés en clôture.
Mais un correctif a été diffusé 45 minutes après le premier communiqué pour réduire le profit par titre à 0,44 $, soit 10 cents de moins qu’en première lecture. La différence n’est pas anodine… et l’erreur très inhabituelle.
Les surprises ne se sont pas arrêtées aux trimestriels. La séance à également été marquée par la flambée des promoteurs immobiliers (Lennar +8%, KB +7,5%, Pulte Homes +6,5%, DR Horton +4,5%). Cette hausse est due à la conviction que le programme d’incitations fiscales de 8 000 $ pour les primo-accédants sera prolongé au-delà du 30 novembre — en dépit des nombreuses irrégularités détectées ces derniers mois : plus de 620 millions de dollars de crédit d’impôt auraient été perçus indûment par de pseudo-acheteurs.
▪ Il n’est pas une journée sans qu’une fraude, une "fuite", un décalage de cours suspect mais devenant explicable après coup ne soient au programme. Tout ceci concourt systématiquement à embellir la réalité ou alimenter la hausse des marchés.
La passivité des autorités de contrôle (peu ou pas d’enquêtes de la SEC, un Congrès américain divisé sur la régulation de la sphère financière) est un encouragement à poursuivre dans cette voie. Toutes les promesses de moralisation de l’automne 2008 sont désormais bel et bien enterrées.
Obama apparaît désormais bien seul à dénoncer "les énormes bonus que s’octroient certains dirigeants d’entreprises renflouées par l’argent des contribuables, ce qui constitue une insulte aux valeurs de l’Amérique".