La Chronique Agora

Un système monétaire fondé sur le dollar est fragile

▪ Nous sommes rentrés d’Amérique du Sud vendredi, bien décidés à nous reposer. Alors nous avons passé le week-end à lire… et nous avons aussi réfléchi un peu.

Ce à quoi nous avons réfléchi, c’est au dollar, et au fait qu’à long terme, il n’a plus aucune chance. Mais à court terme, il pourrait avoir encore suffisamment d’énergie pour mordre le derrière des investisseurs.

La Bourse américaine a augmenté de 73 points vendredi, pour amener le Dow Jones à 30 points en dessous de la ligne des 10 300 points. Pourquoi ce niveau est-il important ? Il ne l’est pas vraiment, en fait. Mais il nous rappelle que nous sommes toujours dans les bornes du rebond. Les grosses chutes du prix des actions sont toujours suivies par des rebonds. Un rebond de 50% sur ce qui a été perdu n’a rien d’inhabituel. C’est ce qui s’est passé après le Krach de 1929, par exemple. Ce qui se passe en ce moment à Wall Street n’a donc rien d’exceptionnel.

Mais ici, à La Chronique Agora, nous ne sommes pas assez intelligents, ou pas assez rapides pour jouer les contre-tendances. Nous voulons des positions d’investissement que nous pouvons oublier pendant plusieurs années. Nous voulons pouvoir faire un long trajet, disons, la route des Incas ou le Hindu Kush. Et quand nous revenons, nous voulons retrouver au moins autant d’argent que quand nous sommes partis.

Nous serions très surpris que les acheteurs en Bourse — aux Etats-Unis — aient plus d’argent dans un an qu’ils n’en ont aujourd’hui. Le secteur privé représente encore plus des deux-tiers de l’économie. Et le secteur privé a commencé à dénouer l’effet de levier. Rien de ce qui s’est passé dans les huit derniers mois ne laisse penser que cette tendance va s’inverser de sitôt. Il y a 70 millions de baby-boomers qui ont besoin d’argent pour leur retraite. Ils doivent épargner. Cela signifie réduire leurs dépenses. Et cela signifie moins de revenus pour les entreprises. Est-ce que les actions vont vraiment remonter alors que les revenus des entreprises baissent ? Non.

Nous laissons notre drapeau d’Alerte au Krach flotter au vent, ici à notre quartier général. Nous ne savons pas quand, ni même SI, les prix des actions vont s’effondrer. Mais le jeu n’en vaut pas la chandelle. Les lecteurs de La Chronique Agora devraient se dégager de toutes les actions américaines, hormis celles qu’ils seraient prêts à conserver même en cas d’une correction de 50%.

▪ Il y a bien une chose en laquelle nous n’avons pas confiance — en dehors des politiciens, des défenseurs des actions et de l’eau du robinet — c’est le dollar. Mais l’histoire est plus compliquée qu’il n’y paraît. Parce que la prochaine baisse des actions pourrait faire remonter le dollar ! Tout le monde parie contre le dollar. Et la plupart des gens pensent qu’il s’agit d’un jeu simple. Mais ce n’est pas le genre de M. le Marché d’offrir un jeu facile aux investisseurs. Il dissimule une carte dans sa manche.

La semaine dernière, le Financial Times rapportait qu’un groupe d’économistes du FMI avait "appelé à la réduction de la demande de réserves en dollar."

C’est une autre manière de dire : trouvez autre chose que des dollars à mettre dans vos coffres forts !

Pourquoi ? Parce qu’un système monétaire mondial qui utilise les dollars en tant que devise de réserve est fragile et vulnérable. Le monde entier se retrouve alors otage des problèmes financiers de l’Amérique.

"Les Etats-Unis, au centre du système, devaient gérer de gros déficits comptables pour répondre à la demande en dollars du monde entier, disaient-ils, alors qu’aucune pression n’était exercée sur les Etats-Unis ou des pays comme la Chine — qui ont de gros surplus externes — pour qu’ils ajustent leurs politiques."

Ce geste des économistes du FMI n’est que le dernier effort pour réduire la dépendance du monde au dollar. Tout le monde sait que le dollar est faible. Et tous ceux qui possèdent un certain bon sens veulent s’en protéger.

▪ Vendredi, l’or est monté jusqu’à 1 116 $. L’or est le choix évident pour ceux qui veulent se protéger du dollar. Mais nos lecteurs sont prévenus : cela ne signifie pas que le prix de l’or va monter.

A long terme, c’est sûr. Toutes les devises papier rejoindront leur valeur intrinsèque : zéro. Et l’or remontera toujours à sa valeur traditionnelle — un niveau auquel un homme peut, avec une once, s’acheter tout un tas de costumes, près de 30 bouteilles de bon whisky, un cheval ou un voyage au-dessus de l’Atlantique en classe économique.

Mais les choses qui doivent arriver n’arrivent pas toujours au moment où vous les attendez. Cela peut prendre de nombreuses années — une très longue récession à la japonaise, par exemple — avant que l’hélicoptère de Bernanke ne s’emballe. Pendant ce temps, tous ces gros bonnets qui ont emprunté des dollars à la Fed pour parier contre le billet vert vont avoir des problèmes. Ils vont devoir dérouleur leurs positions carry trade à perte… et rembourser des dollars bien plus chers. Ce processus pourrait prendre des années.

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