La Chronique Agora

Trump a trouvé son spécialiste de la relance

Stephen Moore en octobre 2016 à Scottsdale, Arizona - Photo de Gage Skidmore

Stephen Moore en octobre 2016 à Scottsdale, Arizona - Photo de Gage Skidmore

La nomination de Stephen Moore au conseil des gouverneurs de la Fed annonce que les taux bas ne suffisent plus. Une nouvelle « relance » est en vue.

Voyons voir…

… la courbe des rendements s’est inversée…

… le déficit mensuel de l’État fédéral a atteint un nouveau record…

… le déficit commercial a établi un nouveau record annuel…

… la Fed a dit que l’économie était plus faible qu’attendu… et annoncé en conséquence qu’elle cesserait ses augmentations de taux…

… les ventes de maisons ont touché de nouveaux planchers… tandis que le nombre de ventes rapporté à la population est à un plus bas record…

… Et pourtant, le marché boursier refuse de s’effondrer.

Défendons les benêts

D’ici là – et cela pourrait prendre des mois… voire des années – nous observons, nous attendons et nous nous demandons ce qui est en train de se passer, que diable !

Nous pensons toutefois avoir compris quelque chose d’important : les raisons pour lesquelles les mesures de relance du gouvernement américain ne relancent pas grand-chose… et pourquoi le cap taux bas/argent facile adopté par Trump, la Fed, le Deep State et quasiment tous les pouvoirs en place mènera au désastre.

Vendredi, Le Donald a annoncé qu’il nommerait Stephen Moore à la Fed.

Selon l’agence Reuters :

« Le président Donald Trump a annoncé vendredi qu’il avait choisi Stephen Moore, un commentateur économique affilié à un think tank conservateur et un critique des hausses de taux de la Fed, pour siéger au Conseil des gouverneurs de la banque centrale américaine.

 Dans un article du Wall Street Journal de la semaine précédente, Moore et un co-auteur affirmaient que les hausses de taux de la Fed encourageaient la déflation, et décrivaient la banque centrale comme ‘le dernier obstacle majeur’ empêchant les Etats-Unis de rester sur la bonne voie. »

Immédiatement, les médias bien-pensants se sont étouffés d’indignation… traitant M. Moore d' »idiot » et de « risée de sa profession ».

Il nous incombe de prendre sa défense, comme nous le faisons pour tous les benêts.

Certes, il est moins bien considéré, en tant qu’économiste universitaire, que des membres de la Fed comme Clarida, Brainard, Bullard et le reste. Mais il n’est pas plus idiot !

Les mésaventures du bol de punch

L’idée sous-tendant la nomination de M. Moore à la Fed, c’est de s’assurer que cette dernière ne s’égare pas. La Fed d’aujourd’hui est faite par et pour le Deep State. Le Donald ne veut pas qu’elle commence à se faire des idées.

Les politiciens veulent toujours des taux d’intérêt bas – l’argent facile les aide à se faire réélire. L’industrie financière est elle aussi en faveur de taux bas : ils permettent de faire grimper les prix des actifs.

Cependant, si l’on remonte 30 ans et plus en arrière, avant qu’Alan Greenspan n’invente le prétendu « put Greenspan » suite au krach de 1987, on constate que la Fed n’a pas toujours été aussi accommodante.

Après tout, sous Eisenhower, William McChesney Martin, alors président de la Fed, avait fait la célèbre déclaration selon laquelle son travail consistait à « retirer le bol de punch » lorsque la fête commençait à être un peu trop folle.

C’est bien ce que la Fed a fait. Confronté à une inflation annuelle de 10%, Paul Volcker a fait passer le taux directeur à 19% en 1980.

Plus récemment, la Fed conservait encore un vague sens du devoir, fixant le taux directeur à plus de 6% avant le krach des dot.com de 2000… et plus de 5% avant la crise hypothécaire de 2008/2009.

Désormais, toute trace de prudence a disparu. Le taux directeur n’est que de 2,4% (tout juste supérieur à l’inflation) – il ne fait aucun doute qu’il n’aura pas changé lorsque la prochaine crise frappera.

Spécialiste de la relance

Ces dix dernières années, la Fed a fourni des fonds à des taux négatifs (après inflation). Personne n’a même envisagé de retirer le bol de punch – jusqu’à ce que la Fed commence à « normaliser » il y a deux ans.

Ensuite, elle ne s’est jamais vraiment exécutée. Elle a seulement promis de le faire… et commencé à faire de la place dans le placard.

Puis quand la fête a commencé à se calmer, à l’automne dernier, la Fed est rapidement revenue sur sa décision… déclarant qu’elle ne rangerait peut-être pas le bol de punch, en fin de compte. La semaine dernière, elle a finalement affirmé que, concrètement, le bol de punch ne bougerait pas.

Il n’y avait donc aucun besoin que M. Trump place ses complices à la Fed, comme Moore. La Fed n’a jamais vraiment eu l’intention d’appliquer son plan de normalisation. Elle se tenait plutôt prête à rajouter un peu d’alcool au mélange chaque fois que la musique baissait.

La différence entre un occupant ordinaire de la Fed et M. Moore, c’est que les membres actuels de la Fed ont légèrement honte de leur arnaque à l’argent facile ; ils y vont un peu à contrecœur.

Moore, en revanche, est un croyant. Il est convaincu qu’un groupe de vieux croûtons assis autour d’une table en acajou peut vraiment améliorer et accélérer une économie.

C’est un spécialiste de la relance. Réductions d’impôts, augmentation des déficits, taux bas et argent gratuit de la Fed – tout cela est censé mettre les gens au travail et stimuler le PIB.

Est-ce vrai ? Est-ce que cela fonctionne ?

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