Le grand gouvernement a triomphé. Et qui dit grand gouvernement dit grosses dépenses, gros budgets, gros déficits, grosses dettes…
Enfin, la fièvre électorale est retombée. Le soleil brille toujours. Le monde tourne toujours. La nation a redonné une chance à Donald J. Trump.
La semaine dernière, Rana Foroohar a publié un article dans le Financial Times. Il n’est pas trop tard, dit-elle. Nous pouvons encore rendre à l’Amérique sa grandeur. Il suffit d’identifier les problèmes et de faire les bons choix. Comme nous l’avons fait dans les années 1890.
« La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont finalement été en mesure d’adopter des réformes radicales qui ont amélioré les droits des travailleurs et les normes de travail, facilité l’accès à l’éducation, permis à de nouveaux groupes d’électeurs d’exercer leur droit de vote, etc. Le renouveau national de la Grande-Bretagne victorienne et de l’Amérique progressiste reflète ce point. Dans les deux cas, des personnalités du monde politique et des affaires, des militants, des syndicats et divers mouvements populaires ont pris part à un débat national solide sur les réformes. Je dirais que ce facteur est également présent aux Etats-Unis aujourd’hui où, malgré la polarisation politique, il y a un riche débat de fond sur la façon dont le pays devrait changer. »
Oh là là.
Mme Foroohar ne comprend absolument pas ce qui s’est passé. Elle pense que la législation, les protections du travail, le droit de vote – soit les efforts conscients de citoyens bien intentionnés à la fin du XIXe siècle – ont sorti le pays du marasme.
Nous pensons que c’est tout le contraire qui s’est produit. Les années 1880 ont été les plus prospères de l’Histoire de l’Amérique, avec plus de richesses et de liberté que nous n’en avions jamais eues auparavant ou depuis.
Mais la prospérité et le succès ont fait tourner la tête des Américains. Ils en sont venus à croire qu’ils pouvaient forcer les autres à faire des choses qui rendraient le monde meilleur. Ils ont adopté de nouvelles lois. Ils ont rédigé de nouvelles règles. Ils ont embauché des hommes du gouvernement pour faire appliquer les décrets des élites dirigeantes.
« Il y a dans les affaires humaines une marée montante », a écrit Shakespeare. Tout comme il y a des tendances primaires sur les marchés, il y a aussi des marées en politique, des courants puissants qui suivent leur propre chemin. Ces courants profonds ne sont pas guidés par ce que les gens veulent ou ce qu’ils pensent ; au contraire, tel un fleuve implacable, ils creusent les vallées, façonnent les pierres et érodent les rivages de la pensée humaine.
Et maintenant, dans quelle direction l’eau va-t-elle couler ? Quoi qu’il en soit, le président est élu pour suivre, et non pas pour diriger. Il suit la tendance politique principale, il ne la crée pas.
Malgré toutes les discussions pour tenter de déterminer quelle économie – celle de Trump ou celle de Biden – était la meilleure, la vérité est que les présidents n’ont pas beaucoup d’influence sur les résultats économiques à court terme. Quelle que soit la tendance en cours lorsque le nouveau président entre à la Maison-Blanche, la tendance sera très probablement la même lorsqu’il partira.
Année après année, administration après administration… Depuis que Jimmy Carter a quitté la Maison-Blanche, le pouvoir fédéral s’est accru. Les budgets ont augmenté. Les déficits se sont également creusés.
Les trois plus grands dépensiers de l’Histoire des Etats-Unis (en termes de pourcentage de la dette ajoutée) ont été Roosevelt, Wilson et Reagan, dans cet ordre. Roosevelt devait faire face à une guerre. Wilson a trouvé une guerre dans laquelle il pouvait s’engager. Et Reagan pensait qu’il était engagé dans une lutte à mort contre le communisme. Quelles que soient leurs idées, ils ont tous fait la même chose : étendre le champ d’action du gouvernement fédéral.
Reagan s’est manifestement trompé. En 1991, le communisme, un credo fondé en grande partie sur une théorie économique fantaisiste, s’était effondré. A ce moment-là, les Etats-Unis auraient pu bénéficier d’un « dividende de la paix » massif. Pendant les 33 années qui ont suivi, l’Amérique n’a pas été confrontée à un seul véritable défi militaire.
Mais dans les années 1990, il était trop tard. Le courant était trop fort. Il n’y avait plus de choix. Le grand gouvernement triomphait. Et qui dit grand gouvernement dit grosses dépenses, gros budgets, gros déficits, grosses dettes… et délires de gros bonnets.
Et maintenant, les jours heureux sont de nouveau là. M. Trump, dont la première administration a ajouté plus de nouvelles dettes publiques par an qu’aucune autre dans l’Histoire, peut se remettre au travail.