La Chronique Agora

Trois façons d’augmenter les salaires des travailleurs

Aides, allocation, institution d’un salaire minimum – les autorités ont recours à de multiples « solutions » pour augmenter les revenus des travailleurs. Dommage qu’ils ignorent les plus efficaces de toutes…

Les partisans d’une économie de marché libre ont, à juste titre, publié de nombreux articles venant réfuter les arguments en faveur du salaire minimum.

Cependant, il est difficile de lutter contre une idée sans offrir une alternative. Je vais donc dans cet article présenter les principaux facteurs permettant d’expliquer la hausse des salaires : l’accumulation du capital et le développement de compétences valorisées sur le marché.

Qu’est-ce qui détermine le niveau des salaires ?

Avant de s’intéresser à la façon dont les salaires peuvent augmenter, qu’est-ce qui détermine le niveau des salaires en premier lieu ? Le salaire d’un travailleur tend à égaliser sa productivité.

Si un chef cuisinier, que nous nommerons Jones, peut rapporter 30 $ par heure de travail à Smith, le propriétaire du restaurant, alors Smith sera prêt à payer Jones jusqu’à quasiment 30 $ de l’heure ; dans le cas contraire, un autre restaurant pourrait débaucher Jones avec les revenus qu’il génère*.

Ce phénomène de concurrence entre employeurs pour la main-d’œuvre permet d’expliquer que 97,9% des travailleurs américains perçoivent une rémunération horaire supérieure au salaire minimum fédéral. Le gouvernement fédéral n’impose pas le niveau élevé des salaires, le marché le fait.

Certains Etats américains imposent leur propre salaire minimum à un niveau supérieur à celui du salaire minimum fédéral. Cependant, de nombreux employés payés à l’heure de travail dans ces Etats bénéficient de salaires supérieurs à ce qui est imposé par la loi, non pas parce que les employeurs seraient généreux, mais en raison de la productivité des travailleurs et de la concurrence entre employeurs pour leur force de travail.

Premier facteur : l’accumulation par la société de capital productif

Le premier levier de hausse des salaires ne nécessite aucun effort spécifique de la part des travailleurs. En supposant que la situation d’un travailleur donné reste inchangée, si le reste de la société est capable de produire davantage de biens et de services, les prix diminueront, et donc la valeur réelle de son salaire augmentera.

Si la productivité des ateliers de fabrication et des usines augmente, même si le lieu de travail d’un employé donné n’est pas concerné par ce phénomène, lorsque ce travailleur se rendra au supermarché, son salaire lui offrira un pouvoir d’achat plus important. Il existera davantage de biens disponibles et les prix diminueront.

Cela soulève la question de savoir comment la société peut devenir plus productive ? Il s’agit d’un processus en deux étapes basées sur l’épargne et l’investissement en biens d’équipement (les machines et outils qui permettent de produire d’autres biens).

Plutôt que de dépenser la totalité de leurs revenus en crèmes glacées et en jeux vidéo, les ménages peuvent économiser une partie de leurs revenus afin de maintenir le stock existant de capital et investir dans de nouvelles machines, tracteurs, lignes d’assemblage et ainsi de suite. La consommation immédiate est ainsi sacrifiée au profit d’un pouvoir d’achat futur plus important.

Deuxième facteur : la modernisation des biens d’équipement complémentaires au sein de l’industrie

Il existe un second levier permettant d’augmenter le niveau de salaire d’un travailleur sans aucun effort supplémentaire de sa part. Son salaire augmentera si l’industrie dans laquelle il travaille modernise les biens d’équipement qu’il utilise, rendant ainsi son travail plus productif.

Les employés de l’industrie textile qui autrefois tissaient à la main disposent à présent de machines à tisser, les travailleurs agricoles qui utilisaient des faux disposent à présent de moissonneuses-batteuses, les ouvriers du bâtiment qui ne disposaient que de pelles disposent à présent de bulldozers, et ainsi de suite.

Lorsque ces nouveaux équipements permettent aux travailleurs de produire davantage pour leurs employeurs (et pour la société) qu’ils n’en étaient capables auparavant, leur valeur pour les entreprises qui les emploient augmente, ainsi que leurs salaires.

En termes plus techniques, le nouveau capital, qui représente un facteur de production complémentaire à celui de la force de travail des employés, augmente la productivité, la demande et le prix du travail.

Il s’agit du revers du chômage créé par l’automatisation. Parfois, le capital se substitue au travail, mais souvent, il le complète. C’est la raison pour laquelle les travailleurs qui vivent dans des pays relativement pauvres en capital peuvent démultiplier instantanément leurs revenus lorsqu’ils immigrent vers des pays riches en capital venant compléter leur travail, même à niveau de qualification constant.

Troisième facteur : l’accumulation de capital humain par les travailleurs

La troisième solution pour obtenir des salaires plus élevés provient des travailleurs eux-mêmes ; il s’agit de la plus évidente.

Si les salaires tendent à égaliser la productivité, alors les travailleurs peuvent augmenter leurs salaires en améliorant leurs compétences de façon à générer davantage de valeur ajoutée pour leurs employeurs. Cela implique également de pouvoir contribuer davantage à la production de ressources utiles à la société.

De façon alternative, ils pourraient apprendre ensemble de nouvelles compétences plus fortement demandées et plus rares afin d’obtenir de nouveaux emplois mieux rémunérés.

Eliminer les barrières imposées par l’Etat

En définitive, c’est seulement en sacrifiant la consommation immédiate au profit de l’investissement en capital (matériel ou humain) afin d’augmenter la productivité qu’il est possible pour une société de progresser vers l’abondance. L’augmentation de la productivité peut prendre du temps, mais l’Etat a imposé de nombreux obstacles à la productivité et les salaires pourraient augmenter rapidement si ces obstacles étaient levés.

Il va sans dire qu’éliminer ou réduire l’impôt sur le revenu et les charges sur les salaires permettraient d’augmenter le revenu net des travailleurs, mais il existe d’autres taxes qui participent à faire baisser les salaires de façon plus indirecte.

Imposer une taxe sur les ventes est similaire à détruire une part de tout ce que produisent les travailleurs, car l’Etat prend une fraction du prix de chaque bien vendu.

La taxe sur les ventes entraîne ainsi une réduction de la productivité des travailleurs et par conséquent du niveau de rémunération auquel ils peuvent prétendre. Après que son salaire a été ainsi amputé, chaque travailleur doit encore supporter la taxe sur les ventes chaque fois qu’il doit payer un prix plus élevé pour toutes les choses qu’il désire acheter.

Un impôt sur la fortune, tel que celui proposée par Elizabeth Warren, pénaliserait l’investissement en biens d’équipement, qui est pourtant à l’origine des deux premiers mécanismes d’augmentation des salaires que nous avons évoqué plus haut.

Il existe encore une longue liste de taxes, auxquelles s’ajoutent les réglementations, mais nous n’irons pas davantage dans les détails dans cet article. L’accumulation de capital matériel et humain induit une augmentation de la quantité de biens et services disponibles pour tous, et des salaires plus élevés pour les travailleurs.

*Plus précisément, dans une économie de marché libre, les salaires tendent à égaliser le revenu marginal actualisé produit par les travailleurs.


Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.

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