De nombreuses innovations se révélèrent finalement sans avenir. Pour le moment, Tesla n’a fait que brûler du capital et produire des pertes.
Nous avons bougé en permanence ces 10 derniers jours. Il est bon d’être de retour chez soi, même si ce n’est que de courte durée.
Une des prétentions du design contemporain est que les choses doivent être différentes, modernes et nouvelles. Presque tout le monde croit que le progrès est indéniable… indéniablement bon.
Ce qui est bien dans le fait d’être chez soi, c’est que vous n’avez pas à vous soucier de ces choses. Dans l’hôtel dans lequel nous étions à Paris, par exemple, nous avons bien mis cinq minutes à simplement obtenir de l’eau chaude.
Dans celui à Porto, nous nous sommes penchés sur le fonctionnement du système de climatisation… pour finalement abandonner.
Le problème ne se limite pas aux chambres d’hôtel. Les employés des aéroports semblent avoir disparu des guichets d’enregistrement. A la place, vous êtes confrontés à une armée de terminaux informatiques. « Ecran tactile » nous disent-ils, mais alors s’ensuit un long processus qui se termine inévitablement mal… « Demander de l’aide » apparaît sur l’écran. Evidemment, cette aide, c’est ce que nous recherchions en premier lieu. Il aurait été beaucoup plus facile de l’obtenir d’un employé utile.
L’un des problèmes avec les nouvelles technologies, c’est qu’elles ne fonctionnent pas comme annoncées. Aussi, nous sommes une génération en décalage avec elles.
A un coin de rue à Lisbonne, nous étions sur le point de héler un taxi. « Non… non, Papa », dit l’un de nos fils, « je vais commander un Uber… ce sera mieux ».
Nous vîmes un… deux… trois taxis passer.
« Le conducteur a du mal à nous localiser », nous indiqua-t-on.
Nous étions dans un coin animé.
« Parfois le GPS n’est pas très précis », nous expliqua-t-on.
Finalement, nous avons abandonné le Uber pour lui préférer un taxi.
Lorsque nous étions plus jeunes, le frisson suscité par les nouvelles choses, l’aventure que représentait l’utilisation d’une nouvelle technologie, la curiosité d’appuyer sur de nouveaux interrupteurs, de nouveaux boutons, juste pour voir ce qu’il se passerait… étaient envoutants.
Maintenant, nous n’éprouvons pas de plus grand plaisir que de celui de pouvoir rester à la maison.
Nous attendons avec impatience une nuit dans notre lit… tout comme une mère attend avec impatience le jour où ses enfants retourneront à l’école tandis que l’enfant, lui, rêve de voir son école brûler.
Le plaisir anticipé des choses familières est bien plus séduisant pour nous maintenant que la surprise de l’inconnu s’est éteinte. D’ailleurs, d’après notre expérience, la plupart des nouvelles technologies sont une perte de temps. La plupart des innovations, des échecs. En outre, la majorité des grandes idées nouvelles – particulièrement en politique – sont les habituels remèdes universels stupides qui ont déjà été essayés maintes et maintes fois… et ont toujours conduit à des regrets.
Dans les jours à venir, nous allons retourner dans la modernité, essayant de faire le lien entre la technologie, l’investissement et l’économie de demain. Nous explorerons deux investissements « tech » : Amazon et Tesla.
Harris Kupperman fournit une liste utile d’innovations technologiques qui furent délaissées : Palm, Gateway, Research In Motion, GoPro, FitBit, Heelys, Handspring, Compaq, BlueRay, Garmin, Delorean, Casio, Sega, Tamaguchi, TiVo, Betamax, AOL, Walkman (Sony), Set Top Boxes (Scientific American), Kodak, Atari, Napster, Netscape, Polaroid, etc.
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La question que nous nous posons : Tesla et Amazon rejoindront-ils la liste ?
En ce qui concerne Tesla, de nombreuses personnes semblent le penser. D’un côté, les vendeurs à découvert sont nombreux et l’entreprise est en manque d’argent.
D’un autre côté, Elon Musk est un génie. Si vous voulez aller sur Mars et que vous avez suffisamment d’argent, c’est probablement la personne à qui s’adresser. Mais si vous n’avez pas envie d’aller sur Mars et que vous préférez vivre en toute quiétude sur Terre… il est opportun de l’éviter. Car si l’argent entre dans l’organisation de Musk, il en sort rarement.
Une vision oblique du capitalisme lui-même s’impose ici. Certaines personnes mettent leurs économies dans de nouveaux projets dans l’espoir de les récupérer… mais il y les autres. Ce sont ces « autres » qu’il est important de prendre en compte. Ils sont la mesure de la réussite du projet. Les communiqués de presse n’ont pas d’importance. Les bénéfices « pro-forma » ne sont qu’une distraction. Le statut de célébrité du créateur, lui aussi, est hors de propos.
Ce qui compte véritablement c’est le capital entrant et le capital sortant. Si des fonds abondent mais que rien ne sort, c’est une perte. Les investisseurs sont plus pauvres. Le monde entier en soi est devenu plus pauvre également ; il a moins de capitaux disponibles pour d’autres projets ou pour la consommation.
Jusqu’à présent, Tesla n’a fait que détruire du capital. La société serait valorisée 55 Mds$. Plus tôt dans l’année, Tesla valait plus que General Motors ou Ford. Mais Tesla n’a vendu que 76 000 voitures l’année dernière, contre 10 millions pour GM et tandis que GM a fait 9 Mds$ de profits, Tesla a perdu des millions.
Les pertes augmentent : un capital record de 666 M$ a disparu au cours des deux derniers trimestres.
Un souvenir jailli de notre mémoire… c’est l’image de John DeLorean tristement assis à côté d’une automobile sur laquelle figure son nom. Elégant, « futuriste », c’était jadis le véhicule le plus à la pointe de l’innovation sur le marché – le DMC 12. C’est la voiture qui a été présentée dans le film « Retour vers le futur ».
Le pauvre M. DeLorean avait lancé sa société automobile en 1975. Au cours des années suivantes, il a absorbé et en majorité détruit environ 100 M€.
A la fin, il était si désespéré de trouver des financements qu’il était devenu la cible de choix du programme de piégeage du FBI. Se faisant passer pour des investisseurs, les agents du FBI l’ont surpris en train de parler d’importation de cocaïne aux Etats-Unis, d’une valeur de 24 M$. DeLorean échappa aux poursuites, mais DMC fit faillite en 1982.
Plus tard, il eut à affronter les investisseurs et les acheteurs de ses voitures ce qui le poussa à la faillite personnelle. En 2000, il perdait sa maison. Ensuite, il perdit la tête… souffrant d’attaques qui le tuèrent en 2005.
Repose en paix John DeLorean.
C’était autrefois. Nous sommes aujourd’hui. « Quand est-ce que la valeur Tesla va finalement imploser ? », s’interroge Kupperman. Il répond à sa propre question :
« Lorsque les gens réaliseront que c’est un projet d’incinération de liquidités pour le vaniteux Elon Musk, alors que de nouveaux produits de meilleure qualité arrivent sur le marché. Cela pourrait arriver bientôt, très bientôt. »